La pollution parisienne pourrait devenir aussi un enjeu économique

Publié le 14 janvier 2014 par Lheretique

J'ai lu une dépêche AFP très instructive sur le devenir d'une grande cité submergée par la pollution. Il s'agit de Hong-Kong. La cité-État chinoise commence à perdre de son attractivité en raison du niveau de pollution insupportable qui l'atteint.

Si les acteurs politique parisiens ont dans l'ensemble une conscience assez aigüe des dangers que représente la pollution du point de vue de la santé et de l'environnement, ils n'en perçoivent pas forcément les enjeux économiques.

J'ai dit récemment que le bouclage du tramway, que propose Anne Hidalgo allait dans le bon sens, mais je dois pondérer mon propos. Il y a eu une erreur à la base dans ce projet car il a un coût faramineux. Construire tout un circuit avec voie réservée pour les bus et acheter une flottille de bus propres (GNV, électrique) eût été infiniment moins coûteux et tout aussi efficace en termes de mobilité, d'efficacité, de rapidité et de trafic. Alors évidemment, il n'y a plus d'autres choix que d'achever ce qui a été entamé, mais le décision initiale va peser très lourdement sur les finances de la ville.

J'ai pris connaissance des propositions de NKM pour lutter contre la pollution parisienne. C'est un bon projet pour tout ce qui concerne la circulation et je vois que NKM a pensé au métro, contrairement à Anne Hidalgo. J'y vois la patte du MoDem puisque Yan Werhling m'a confirmé que c'était bien cet aspect qu'il avait en tête quand il a coordonné le plan air de Marielle de Sarnez. 

Il ne faut toutefois pas oublier que la pollution atmosphérique est liée pour un tiers à l'industrie et un quart aux activités économiques locales (en particulier le chauffage au bois). Plus généralement, l'origine de la pollution est plus diverse qu'on ne le pense. Un document d'Airparif en fait une synthèse édifiante.

Il y a un point qui me laisse plus que dubitatif : j'attends la première étude qui me prouvera que le velib et autres mesures en faveur du vélo ont fait baisser ne serait-ce que d'un micro pour cent la pollution atmosphérique. Les équipements de vélo sont des équipements de confort. Tout le monde adoube le velib mais c'est une erreur et je pense sincèrement que les vélos électriques de NKM n'apporteront rien. Un joujou coûteux qui gagne à être abandonné pour faire porter l'effort sur les mesures efficaces.

L'idée de verser 6300 euros de prime aux artisans pour s'équiper de véhicules électriques est une bonne mesure parce qu'elle coûte bien moins cher que les aménagements et limitations chers aux Socialistes et est bien plus efficace.  Il y a près de 35 000 entreprises à Paris intra-muros. Même s'il fallait verser la prime à chacune d'entre elles pour un changement de véhicule, le coût total maximal atteindrait 200 millions d'euros environ, mais qui seraient étalés sur plusieurs années. Je rappelle que la municipalité socialiste a consommé 3 milliards d'euros dans ses projets de changement de voirie lors de sa première mandature. Des marges de manoeuvre existent donc.

Renouveler la flotte municipale en véhicules propres aurait dû être une priorité pour les Socialistes. Ils avaient avec la Région et le ville de Paris toutes les manettes en mains pour agir. Ils n'ont rien fait et Anne Hidalgo a laissé racheter des centaines de bus au diesel. Difficile pour elle d'être crédible sur le sujet, maintenant.

Je tends à penser, à l'instar du ou de la journaliste qui a rédigé la dépêche de l'AFP, que le niveau de pollution de chaque ville va devenir un élément déterminant pour son attractivité. Il ne fait pas de doute que tôt ou tard, des mesures très fortes seront nécessaires pour demeurer compétitif. Il faut toutefois bien prendre conscience que les mesures locales n'ont pas d'impact si elles ne s'agrègent pas à un projet global dont chaque cercle concentrique décline les mesures. L'Europe doit fixer des normes, l'Assemblée Nationale les transcrire en droit français et les régions coopérer avec les communes pour en favoriser l'application.