No Pain No Gain : Un Michael Bay en roue libre

Par Callahan21

Plus de dix ans que le projet dormait dans les tiroirs de l’explosif Michael Bay. Dix ans que le cinéaste américain souhaite porter à l’écran une série d’articles écrits par le journaliste Pete Collins pour le Miami New Times : l’histoire improbable mais vraie de bodybuilders devenus criminels.

L’histoire débute en 2000 lorsque les scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely découvrent le récit rocambolesque du gang des "Sun Gym" en plein cœur de Miami. Entre enlèvements et escroquerie, Daniel Lugo et ses complices ont marqué la station balnéaire dans le milieu des années 90. Séduit par les faits, Markus et McFeely contactent Pete Collins pour négocier les droits d’adaptation de son ouvrage en vue de le porter sur grand écran. Mais les négociations avec les studios s’avèrent difficiles. Les deux hommes cumulent les refus jusqu’à l’arrivée de Michael Bay.

En pleine période "Pearl Harbor", Michael Bay s’intéresse de prêt au projet et s’engage à le mettre en scène. Mais les projets, Mister Bay en a déjà sous le coude : Bad Boys 2, The Island et un certain Transformers. Le succès phénoménal du dernier l’obligera à lui offrir deux suites dans la foulée et donc de reporter (encore) No Pain No Gain à une date inconnue. Pendant ce temps là, Christopher Markus et Stephen McFeely peaufinent leur script dans l’espoir qu’un jour, peut-être, celui-ci finisse par être porté à l’écran.

Après la trilogie Transformers, Michael Bay décide de souffler un peu. Il souhaite passer à autre chose et laisser les manettes à un autre réalisateur pour un Transformers 4 déjà annoncé (et vivement souhaité) par la Paramount. Dans un premier temps, Michael Bay refuse l’offre du studio : celle de mettre en scène un quatrième volet de la saga robotique. Mais devoir le laisser à quelqu’un d’autre lui pose problème (malgré ses dires). Au fond, Transformers, c’est SON bébé. Il propose alors à la Paramount de mettre en scène un Transformers 4 à une seule condition : pouvoir réaliser un petit film entre temps. Le studio accepte. No Pain No Gain peut enfin voir le jour après dix années de gestation.

Si la Paramount accepte la requête de Michael Bay, c’est parce qu’elle sait pertinemment que Bay est le seul à pouvoir mettre en scène un "Transformers" digne de ce nom. Et parce que le budget de No Pain No Gain s’annonce dérisoire. Vingt cinq millions de dollars (tout de même !), soit le plus petit budget accordé à Michael Bay depuis un certain Bad Boys en 1995 (son premier film). De quoi surprendre les critiques : comment Michael Bay peut-il faire un film avec un si petit budget, lui, l’homme de la destruction massive et de la démesure pyrotechnique ? La réponse est simple : No Pain No Gain.

Après tant d’années sur la banc de touche, No Pain No Gain est devenu très important pour Michael Bay. Il est persuadé qu’avec ce projet, il fera taire ses plus fidèles détracteurs. Celles et ceux qui le pensent incapable de faire autre chose qu’un blockbuster estival décervelé. Et le constat est simple : le pari est réussi. No Pain No Gain est une comédie noire venant s’inscrire dans une filmographie jusqu’alors consacrée à l’action, dans le sens le plus noble du terme. Une bouffée d’air frais pour un cinéaste en totale roue libre. Michael Bay se fait plaisir à tel point qu’une majorité des critiques semblaient d’accord pour faire de No Pain No Gain son meilleur film.

Déjanté à souhait, souvent jouissif, No Pain No Pain frôle parfois la folie tarantinesque des frères Cohen. Il offre ainsi à Mark Wahlberg, Dwayne Johnson et Anthony Mackie des rôles décomplexés avec lesquels ils s’amusent. Malgré quelques longueurs, le résultat est salutaire et offre à cet incroyable fait divers une belle exposition cinématographique. Avec sa patte légendaire (saturation des couleurs, ralentis, plan séquence à 360 degrés, séquences clipesques, etc.), Michael Bay est (enfin !) parvenu à mettre en boîte son projet. Ce n’est peut-être pas le film qu’on retiendra de lui, mais c’est celui qui attestera la preuve que Michael Bay sait faire du cinéma. Pour ceux qui en doutait encore.

NO PAIN NO GAIN ★★★
Réalisé par Michael Bay.
Avec Mark Wahlberg, Dwayne Johnson, Anthony Mackie et Ed Harris.
Durée : 2h09min
En DVD et Blu-Ray à partir du 15 janvier 2014.
Distribué par Paramount Pictures.

Remerciements : Paramount Pictures France et Way to Blue.