Roses à Crédit d'Elsa Triolet.

Par Mademoizela
Elsa Triolet était la compagne de Louis Aragon. Si j'ai beaucoup lu Aragon, je n'avais aucune connaissance littéraire d'Elsa Triolet. Ce que je savais d'elle, venait de ce que mon poète en disait.
Lors d'une brocante, je suis tombée sur deux romans d'Elsa Triolet. C'était une évidence: il fallait les acheter.
L'histoire est simple: Martine est d'origine modeste. Sa mère est volage pour ne pas dire de mœurs on ne peut plus légères, pour ne pas dire qu'elle se prostitue. Martine veut devenir coiffeuse et elle est prise sous l'aile de Madame Donzert qu'elle va considérer comme sa mère. Elle monte à Paris et réussit à s'extraire de sa misérable condition. Elle fréquente le beau monde, travaille dans un Institut de Beauté où règne le luxe. Elle tombe sous le charme d'un rosiériste, Danielle Donelle. Leur vie ne sera pas aussi voluptueuse et féérique que ne le souhaitait Martine.

Ce roman est représentatif des années Cinquante-Soixante que j'adore. On voit la société changer: les désirs de Martine de meubler son intérieur, l'essor de l'électroménager, etc etc. On est également face à la mutation sociale et surtout le changement même de la Femme qui se cherche.
Deux modèles-types se dessinent alors: - le choix numéro 1: Le modèle Jackie Kennedy. La femme modèle, chic, tirée à quatre épingles. Véritable femme d'intérieur qui s'intéresse à la décoration.

- le choix numéro 2: Le modèle Marilyn Monroe. La femme fatale, libre comme l'air, pas farouche.
On voit bien que les femmes de ce roman oscillent entre Jackie et Marilyn, entre la charmante ménagère et la pinup charmeuse entre la chambre-boudoir (les bas, les dessous chics, les accessoires de charme) et la cuisine (l'électroménager novateur et innovant, la femme aux fourneaux et aux petits soins de l'homme), mais aussi entre la maison et le lieu de travail (l'institut de beauté).
   versus
J'aime l'ambiance de ces années-là -à part l'idée de la femme-objet et de la parfaite ménagère- plutôt cosy, très féminine.
Même si la fin du roman est assez sombre, complètement glauque même, je l'ai beaucoup aimé. Elsa Triolet a une écriture fine, très perlée, précise qui est à l'image de l'époque mais qui demeure intemporelle.
Le rétro n'est pas démodé, le vintage est à la mode. Ce roman est vraiment dans l'air du temps. INDEMODABLE.
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  Où en sommes-nous de notre évolution?
 Il nous manque plus que l'égalité des salaires, la reconnaissance, le respect à pérenniser.
Zazie, La Zizanie.