Mocassins de conduite, mocassins à picots

Publié le 19 janvier 2014 par Llc

Mocassins de conduite : la guerre des picots est déclarée

Elle n’est pas née d’hier, la guerre des picots, et elle n’est certes pas près de s’arrêter, alors que chaque nouvelle saison estivale voit fleurir de nouvelles couleurs, de nouveaux détails, de nouvelles combinaisons de matières, et que, même en hiver, il est possible de chausser des mocassins fourrés. On les appelle car shoes (sauf que Car Shoe, comme nous le verrons, est une marque déposée), Gommini (là encore, le nom n’est pas libre de droits), driving shoes ou encore car mocs. La traduction en français est un peu faible : mocassins de conduite.

Mocassins en cuir souple (le confort avant tout), ces faux chaussons d’extérieur hérissés d’ergots en gomme sont conçus, paraît-il, pour que votre pied ne glisse pas sur les pédales quand vous conduisez votre cabriolet préféré le long de la côte amalfitaine. Pour être franc, l’écrasante majorité des paires vendues n’a jamais vu de sa vie une route de corniche (ni à Amalfi ni ailleurs) et se fatigue plutôt entre sable et pavés. Il n’est pas rare cependant que des élégants l’accordent à un costume, formel de préférence, ou, mieux, à un smoking, le temps d’une valse ou d’un dîner en ville. Sans surprise, la driving shoe figurerait dans le peloton de tête des chaussures les plus contrefaites au monde. En Italie, trois marques se partagent le marché du mocassin de conduite (quatre si l’on ajoute Moreschi, mais Moreschi reste un fabricant généraliste) : Tod’s, Car Shoe et Miserocchi. Chacune de ces marques revendique la paternité de l’icône. Chacune de ces marques rivalise de savoir-faire et d’ingéniosité pour en renouveler l’esprit. Laquelle est la plus authentique, la plus tendance, la plus chic ? Il n’appartient qu’à vous d’en décider.

Tod’s

Petit-fils de cordonnier (Bernardo-Filippo della Valle), fils de fabricant de chaussures (Dorino della Valle), Diego della Valle semblait promis à une carrière d’avocat, quand, en 1977, il assiste à un rallye automobile aux Etats-Unis et décide de détourner les chaussures des pilotes pour en faire une élégante chaussure de ville. Aussitôt dit, aussitôt fait, le Gommino est né, la marque aussi (J. P. Tod’s, un nom facile à retenir et exportable partout), le nombre de picots (133) breveté. Après des débuts difficiles, il aura suffi d’une apparition de Gianni Agnelli à la télévision italienne, portant une paire de Tod’s (comme toujours, avec un costume), pour que la marque trouve son public. Aujourd’hui, l’usine ultra-design de Cassette d’Ete, dans les Marche, emploie 900 employés et produit chaque année 2,5 millions de paires de chaussures, dont la moitié de mocassins de conduite.

Car Shoe

Les Car Shoe aussi ont des picots, les Car Shoe aussi sont faites pour les belles voitures (comme en témoignent les modèles ci-dessous, réalisées pour le cinquantième anniversaire du constructeur Lamborghini), les Car Shoe aussi sont censées être les seuls, uniques et authentiques mocassins à picots. D’ailleurs, n’est-il pas écrit sur l’étiquette The Original Car Shoe ? Le fondateur de la marque, Gianni Mostrile, n’a-t-il pas breveté dès 1963 ce modèle en tous points innovant, dont les picots sont usinés dans un matériau semblable à celui utilisé dans l’industrie des pneumatiques ? Depuis 2001, Car Shoe appartient à Prada, qui a eu l’excellente idée de faire revivre le logo d’origine, et s’applique à faire valoir les qualités intrinsèques de ses chaussures : les 160 points percés et cousus à la main, le fil anglais utilisé, d’une longueur totale de 4,85 m, ainsi que l’héritage, les clients célèbres : John Fitzgerald Kennedy, Roberto Rossellini – Gianni Agnelli, bien sûr…

Miserocchi

A Domodossola, dans le Piémont, Riccardo et Davide Miserocchi perpétuent la tradition de leur père, Giulio Miserocchi, inventeur de la driving shoe en 1942, et qui lui-même devait reprendre l’entreprise des frères Mallerio où il avait commencé à travailler vingt ans plus tôt. Son premier client ? Oui, vous l’avez deviné : Gianni Agnelli, toujours le même, qui commandait systématiquement des chaussures rouges munies d’un talon dur (disponible encore aujourd’hui). Le moins connu des fabricants de mocassins de conduites serait donc chronologiquement le premier. Deux heures et demie de travail sont nécessaires à la réalisation d’une paire. La fabrication à la main assure un placement précis de la couture et une tension moins prononcée vers la pointe, ce qui lui évite de rebiquer. Au catalogue figurent également des modèles hauts, doublés ou non de mouton. De quoi satisfaire les conducteurs frileux…

Calzaturificio Miserocchi
Viale dell’industria, 6
28845 Domodossola
Tél. +39 03 24 24 22 59
E-mail : formulaire en ligne.

Site : http://www.miserocchisnc.it.