Les Mémoires de la Grande Guerre

Publié le 19 janvier 2014 par Alaindependant

« Marlborough s’en va-t-en guerre… »

En publiant récemment en version de poche – dans l'excellente collection « Texto » qu'il anime chez Tallandier à Paris – les Mémoires de guerre 1919-1941 de Winston Churchill (un second tome suit, couvrant la période de mars 1941 à mai 1945), le grand éditeur Jean-Claude Zylberstein (à l'origine des publications à succès de la maison 10/18) a fait œuvre triplement utile.

D’abord en donnant à lire un texte de l’un des plus grands et des plus talentueux auteurs du XXsiècle, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1953 « pour sa maîtrise de la description historique et biographique ainsi que pour ses discours brillants pour la défense des valeurs humaines ».

Ensuite en remettant sur le devant de la scène, et de manière ô combien vivante, les tenants et les aboutissants de la plus formidable des tragédies humaines, qui vit accéder au pouvoir les deux plus infâmes tyrans que la terre ait jamais portés – Hitler et Staline – et qui provoqua les déchaînements de la plus effroyables des guerres.

Enfin en permettant au lecteur d’aujourd’hui d’apprécier (la traduction française est de belle qualité) la grande finesse d’esprit du plus spirituel et du plus enjoué des ministres qui, à travers les âges, servirent Sa Gracieuse Majesté.

Florilège :

« [Après la mort d’Hindenburg,] l’abîme s’ouvrit, et dans cet abîme s’avança un fou au génie féroce, dépositaire et incarnation des haines les plus virulentes qui jamais rongèrent des cœurs humains : le caporal Hitler. »

« [Un quart d’heure après l’annonce, en septembre 1939, du début de la guerre par le Premier ministre Chamberlain à son gouvernement,] nous nous dirigeâmes vers l’abri qui nous était assigné, armés d’une bouteille de cognac et d’autres remontants thérapeutiques appropriés. » 

« [Après avoir expliqué les bénéfices physiques qu’il retirait d’une courte sieste quotidienne] L’amiral Pound, premier lord de la mer, adopta ma technique dès qu’il l’eut comprise, à cette différence près qu’au lieu de se coucher réellement, il s’assoupissait dans son fauteuil. Il allait même plus loin, en s’endormant pendant les réunions du cabinet ; mais un seul mot au sujet de la Marine suffisait à le réveiller pour de bon. Rien n’échappait à son oreille vigilante et à son esprit perspicace ».

Le ton est donné… Celui de la passion de décrire, de dire et de faire l’Histoire !

Bernard DELCORD

Mémoires de guerre 1919-1941 par Winston Churchill, texte traduit, présenté et annoté par François Kersaudy, Paris, Éditions Tallandier, collection « Texto » dirigée par Jean-Claude Zylberstein, septembre 2013, 666 pp. en noir et blanc au format 12 x 18