Des enfants privés de couronne à l'épiphanie, ou quand le laïcisme ne comprend rien aux traditions

Publié le 20 janvier 2014 par Vindex @BloggActualite
Bonjour à tous
Il y a quelques jours maintenant, les médias ont légèrement évoqué une nouvelle de l'ordre de l'anecdote concernant la fête de l'épiphanie. En effet, le maire socialiste de la ville de Brest a décidé d'interdire la distribution de couronnes des rois sous prétexte que l'épiphanie était évoquée dessus et que ce mot avait une connotation religieuse. Voyons de quoi il s'agit avec la vidéo suivante. 

Bien que ce fait divers local paraisse anecdotique, il n'en est rien, ces affaires sont de plus en plus récurrentes et entretiennent une confusion au détriment des traditions. Elles montrent que le terme de laïcité est de plus en plus dévoyé de son sens et de ses objectifs car utilisé à tout bout de champ. 

Des affaires de plus en plus courantes


En effet, en décembre dernier, c'était une crèche de noël dans une gare SNCF à Villefranche-de-Rouergue qui faisait polémique au nom de la laïcité. Un usager s'était plaint de la crèche installée par les agents SNCF (une tradition qu'ils entretenaient depuis 10 ans). Cet usager affirmait qu'il s'agissait d'un signe religieux ostentatoire. Les agents, pour manifester leur mécontentement, ont recouvert d'une bâche la décoration et ont signifié aux autres usagers qu'une personne s'était plainte. Pour l'observatoire de la laïcité, il s'agissait d'une dérive laïcarde et Jean Louis Bianco pense que juridiquement, il n'est pas impossible de faire figurer des décorations de noël puisqu'une gare fait partie de l'espace public. 
Dans le même registre, les visites du père Noël ou encore de Saint Nicolas créent souvent de fausses polémiques. Ce fut le cas dans une école à Montargis en décembre 2012. La directrice de l'école a alors décidé de mettre fin aux visites du père noël prétextant le respect des autres croyances et la laïcité. Ce changement de programme a même contribué à des tensions à l'égard de familles musulmanes qui auraient fait pression selon certains. Belle conséquence quand on sait que la laïcité doit favoriser le vivre ensemble... Finalement, après les plaintes et l'indignation du maire, le père noël a pu passer. 
A Boissette, un village du département de l'Essonne, la laïcité a également eu son effet pervers : les cloches de l'église doivent arrêter de sonner suite à une plainte de deux riverains qui souhaitaient l'arrêt des cloches seulement la nuit. Même si cela est aussi consécutif à l'entêtement du maire (qui a voulu continuer la procédure après l'interdiction nocturne en 2010), cette affaire est troublante puisqu'à une affaire de bruits nocturnes on répond par la loi sur la laïcité... 
Et puis la dernière affaire en date remonte à hier dans une maison de retraite à Scaër dans le Finistère. En effet, une mosaïque représentant une vierge à l'enfant a dû être retirée de la résidence car elle gênait la famille d'un résident. Ces derniers n'ont eu qu'à faire valoir le principe de laïcité (une fois de plus) pour obtenir gain de cause. Pourtant placée avec l'accord de tous les résidents en 2005, et malgré le fait que ça ne gène qu'une personne, l'oeuvre d'art n'avait apparemment plus sa place dans l'établissement. Au final, on a l'impression que ce sont les plus athées qui survalorisent le caractère religieux de certains objets, de certains faits, alors même qu'en l'occurrence il s'agissait d'une décoration. Un comble, pour des gens qui ne croient pas en Dieu...  

La laïcité devient le laïcisme


Concernant toutes ces affaires, il ne faut pas se tromper ni surinterpréter au nom de la laïcité. En effet, ces fêtes ne montrent en aucun cas un irrespect des autres croyances (ni l'épiphanie, ni le passage du père noël). De même, les manifestations décoratives de ces fêtes n'incitent pas à une pratique religieuse et ne sont en aucun cas de la propagande religieuse. Elles rappellent au contraire que ces fêtes traditionnelles ont aussi gagné un caractère profane et d'autant plus rassembleur autour de valeurs plus larges. Qui peut prétendre que gagner la fève, voir le père noël ou saint Nicolas incite à devenir chrétien ? Qui s'est senti visé ou agressé par ces fêtes en général rassembleuses et joyeuses ? Qui peut croire que le père noël est une manifestation du culte chrétien concernant la nativité du christ ? Les oeuvres d'art religieux auront-elles encore longtemps leur place dans les musées ? Il faut aussi dire qu'au nom de la laïcité (ou plutôt du laïcisme), il faudrait en ce cas supprimer tous les jours fériés du calendrier, et comme le dit un agent de Villefranche-de-Rouergue, il ne resterait plus grand chose. Et les noms de village inspiré des noms de Saint ? Faut-il les rebaptiser renommer ? Rien de plus ridicule quand on sait qu'en réalité, la séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905 rappelait clairement le principe de liberté de culte. S'il est impossible de mettre une crèche ou un sapin dans un gare, pourquoi continuerait-on à décorer nos villes lors des fêtes de fin d'année, et pourquoi n'interdirait-on pas les marchés de noël ? 
Conclusion
Pour conclure, il est impossible de faire aimer la France aux immigrés et minorités si nous même nous ne l'aimons pas, c'est en ce sens que Jean Pierre Chevènement rappelle que l'intégration et le vivre ensemble ne peut passer par une soumission mais par une affirmation de nos valeurs et tradition (y compris celle justement dosée de laïcité). La sur-utilisation et le dévoiement du concept de laïcité montre une intolérance à l'égard de la religion qui est en contradiction avec la véritable nature de la laïcité. 
Sources : 
Le FigaroMetronewsMidi libre
Ouest France
Vin DEX