La mobilité professionnelle en 2014

Publié le 21 janvier 2014 par Tanitrh

Dans un contexte social marqué par la crise économique,  la mobilité professionnelle devient une nécessité pour les salariés mais aussi pour certaines entreprises. La montée du chômage, l’essor du travail temporaire et la quête d’une réalisation de soi à travers le travail favorisent ce phénomène. Selon une étude du cabinet PwC, les mutations professionnelles ont déjà enregistré une croissance record de 25% sur les dix dernières années. Et d’ici 2020, le nombre de travailleurs qui quitteront leur pays pour des raisons professionnelles va augmenter de 50%.

Un phénomène en forte croissance
La mobilité professionnelle est une réalité de plus en plus partagée. Le phénomène se situe à deux niveaux. Le premier est celui de la crise de l’emploi, entraînant une fragilisation de la relation salariale et une vulnérabilité accrue du chômage. Le second prend sa source dans la valorisation croissante de la quête de l’identité personnelle qui incite les individus à chercher dans le travail avant tout une réalisation de soi.
Subie ou volontaire, la mobilité professionnelle semble être en hausse dans l’ensemble des pays industrialisés. Selon la Dares, près de 30% des personnes en emploi en 1998 avaient changé de métier en 2003. Dans 2 cas sur 3, cela impliquait un changement de domaine professionnel. Quant à la mobilité externe, entendue comme la proportion de salariés ayant connu un changement d’entreprise ou un passage par le chômage au cours de l’année, elle est passée d’un taux de 12% en 1975 à 16.5% en 2001 et 18.6% en 2009.

La mobilité professionnelle : la mobilité des personnes d’un métier à un autre ?
Si la mobilité professionnelle est souvent synonyme de mobilité des personnes d’un métier vers un autre, il existe cependant d’autres formes de mobilité professionnelle :

  • la promotion professionnelle : l’accès à un métier plus qualifié que le précédent,
  • la déqualification professionnelle : l’accès à un métier moins qualifié que le précédent (elle peut être notamment la conséquence du manque d’emploi ou le résultat d’un choix individuel),
  • la mobilité géographique, la mutation dans un autre établissement au sein de la même entreprise,
  • le changement d’entreprise,
  • le changement de secteur d’activité.

Mobilité professionnelle : un effet de la précarité
La mobilité professionnelle, en particulier externe, est d’abord liée à la montée accrue du chômage.
La mobilité professionnelle est fortement concentrée : 80% des personnes en emploi une année donnée occupent le même emploi l’année suivante, tandis que les 20% restants absorbent la totalité des mouvements. Pour ces précaires, la mobilité est intense : elle s’accompagne une fois sur deux d’un changement de profession.
Les plus mobiles sont-ils les plus jeunes ? Les moins qualifiés ? Les femmes sont-elles plus mobiles que les hommes ? Est-on plus mobile dans les petites entreprises ? Dans le secteur tertiaire ? Quel est l’impact de la politique salariale sur les changements d’entreprise ?
Certaines catégories de population sont davantage sujettes aux mobilités professionnelles que d’autres. Chômage fréquent, changement de profession, promotions, les jeunes bougent. Cycle de vie et mobilité sont en effet liés : quelle que soit la forme, la mobilité décroit avec l’âge. Concernant la mobilité externe, le turn-over est quatre fois plus élevé chez les salariés de moins de 30 ans que chez leurs aînés. Côté mobilité interne, les jeunes sont loin d’être en reste : désormais l’ascension au sein de l’entreprise se fait beaucoup plus jeune, grâce à un mode de promotion accordant une plus grande part du diplôme.
Les femmes se montrent également particulièrement mobiles, mais c’est surtout vers le chômage ou l’inactivité que se font leurs transitions. Elles connaissent en effet moins de mobilité externe, moins de mobilité interne. Parmi ces travailleurs mobiles, la part des femmes est passée de 10% à 20%. En 2020, elle devrait atteindre 27%.
Le niveau de qualification est également déterminant. Moins on est qualifié, plus on est exposé à la mobilité externe et au chômage que les cadres, eux plus concernés par la mobilité interne.
Enfin, les salariés de forte ancienneté, parce que leur séparation aurait un coût plus important pour l’entreprise et une perte en capital humain plus significative, sont moins soumis à la mobilité externe que ceux récemment embauchés.

Les outils de la mobilité professionnelle
La mobilité professionnelle n’est pas seulement une stratégie individuelle ou d’entreprise : elle est également encouragée par les pouvoirs publics qui y voient un outil de lutte contre le chômage. En témoigne la floraison de dispositifs visant à aider les démarches de reconversion.
Envie de faire le point ? Le bilan de compétences, proposé dans le cadre d’un congé spécifique ou du plan de formation de l’entreprise, est là pour ça. En quelques jours, il permet à un salarié d’évaluer ses aptitudes et motivations pour redéfinir un projet professionnel ou de formation.
La Validation des Acquis d’Expérience (VAE) est un dispositif permettant à toute personne ayant au moins 3 ans d’activité (salariée, non salariée, bénévole), de faire valoir cette dernière pour obtenir l’ensemble ou une partie des modules d’une qualification (diplôme, titre à finalité professionnelle) en lien avec cette expérience. Depuis la mise en place de ce dispositif en 2002, près de 230 000 personnes ont été certifiées grâce à la VAE.
La formation professionnelle permet également la mobilité professionnelle. Ce sont les salariés qui bénéficient principalement de ce dispositif par le biais du Congé Individuel de Formation (CIF) ou le Droit Individuel à la Formation (DIF) qui restent les voies les plus utilisées pour un projet de mobilité professionnelle. A ce jour et jusqu’à la réforme de la formation professionnelle en cours, pour les non-salariés, les possibilités de financement de formation s’avèrent très limitées.

La mobilité professionnelle dans le reste de l’Europe
Le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Autriche sont les pays où la mobilité professionnelle est la plus importante et l’ancienneté par entreprise, la plus réduite. Il semble que les pays qui ont choisi une protection de l’emploi faible, tout en maintenant une forte protection sociale, ont su créer les conditions nécessaires à une mobilité professionnelle réussie pour les individus.

Quant à la mobilité professionnelle intra-européenne, elle reste un phénomène marginal. La chancelière allemande Angela Merkel s’est faite l’avocate de la mobilité en Europe pour permettre de mieux répartir l’offre de travail. Beaucoup de médias ont fait état de la forte hausse des migrations pour raisons professionnelles entre les différents États membres de l’UE, motivés par la crise de l’euro. Mais de nouvelles données publiées par l’office européen de statistiques Eurostat indiquent qu’en fait, cette migration de main-d’œuvre au sein de l’Union Européenne est restée négligeable.