Au cinéma : «L’amour est un crime parfait»

Publié le 21 janvier 2014 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Après « Les derniers jours du monde », les frères Jean-Marie et Arnaud Larrieu livrent leur nouveau film : « L’amour est un crime parfait ». C’est une adaptation du roman de Philippe Djan intitulé « Incidences ». Ce nouveau long-métrage marque la quatrième collaboration entre Mathieu Amalric et les réalisateurs. Karin Viard, Maiwenn, Sara Forestier et Denis Podalydès complètent le casting. « L’amour est un crime parfait » sortait dans nos salles le 15 janvier 2014.

Synopsis : Professeur de littérature à l’université de Lausanne, Marc a la réputation de collectionner les aventures amoureuses avec ses étudiantes. Quelques jours après la disparition de la plus brillante d’entre elles qui était sa dernière conquête, il rencontre Anna qui cherche à en savoir plus sur sa belle-fille disparue

Au premier abord, « L’amour est un crime parfait » peut paraître étrange, presque bizarre, avec son scénario et ses dialogues ayant des allures fausses. Pourtant, c’est un scénario malin, flirtant entre polar et drame, qui s’installe doucement sous nos yeux. On commence à ressentir de l’intérêt pour cette histoire qui pouvait sembler assez banale. Le scénario du long-métrage crée une atmosphère, presque médicale, avec la présence systématique de blanc à l’écran, auquel le spectateur prend goût, s’habitue, et qui finit par lui trouver un charme fou. Avec des ellipses judicieuses, « L’amour est un crime parfait » tisse des tensions, très fines au début qui vont prendre plus de place au fur et à mesure que le film avance. On pourrait presque comparer, dans une moindre mesure, cette tension et cette atmosphère aux films de Hitchcock. Malgré ses nombreuses qualités, le long-métrage perd en intérêt, dans sa deuxième partie, à cause de longueurs maladroites et inutiles.

Les acteurs du film n’ont plus rien à prouver et servent leurs personnages avec brio, malgré quelques fausses notes dans les moments de tensions qui sont, du coup, légèrement décrédibilisés. Karin Viard et Maiwenn interprètent deux femmes qui pourraient ne faire qu’un. Denis Podalydès surprend par un jeu autoritaire, qu’on ne lui connaît que trop peu. Cependant, celui qui brille durant toute la durée de « L’amour est un crime parfait » est Mathieu Amalric. L’acteur offre à son personnage ce ton à la fois si doux et si brute, emprisonné constamment de ce brouillard produit par les cigarettes qu’il fume sans cesse. Les personnages sont le cœur de l’engrenage qu’est ce long-métrage. D’ailleurs, la réalisation du long-métrage nous le rappelle sans cesse, multipliant ces plans fixes de face qui mettent en scène le buste de ces personnages dans le milieu du cadre. Les discussions prennent alors des aspects d’interrogatoire auxquels les personnages ne peuvent échapper.

Une chose est sûre, dès les premiers plans, la beauté plastique du film émerveillera les yeux des spectateurs. Aidée par de magnifiques paysages, les cadres et la photographie subliment l’histoire. D’ailleurs, que ce soit ces mêmes plans ou les décors, le long-métrage se veut très épuré et ne laisse apparaître que le nécessaire. La neige devient cet objet cachant un secret que le personnage principal n’arrêtera pas d’arpenter. Malheureusement, l’utilisation abusive, et presque, inutile de plans subjectifs ponctuera de maladresse une réalisation très soignée. De même, la musique du film se fera très discrète et ne se révélera que dans ces moments dramatiques, qui n’ont nul besoin de cet artifice. Malgré son réalisme, on ne peut empêcher cette sensation de dépaysement total qu’offre le long-métrage. « L’amour est un crime parfait » pourrait se qualifier de polar montagneux d’un autre monde, celui où l’environnement d’un homme peut s’effondrer alors qu’il s’endort …

« L’amour est un crime parfait » est un long-métrage à la réalisation et à la direction artistique très travaillées. Un polar qui souffre malheureusement de longueurs dans son récit et qui fera regarder sa montre au spectateur …

L’amour est un crime parfait. De Jean-Marie et Arnaud Larrieu. Avec Mathieu Amalric, Karin Viard, Maiwenn, Denis Podalydès, Sara Forestier, Marion Duval, …

Sortie le 15 janvier 2014.