Corson, le chanteur français que les Anglais vont nous envier !

Publié le 26 janvier 2014 par Camillegreen @camillegreen03

   Autoportrait au bar Le vrai Paris - 9.12.13

Corson se démarque dans la famille des chanteurs français. Et pour cause, au fil des années il a su travailler ses deux atouts de taille : sa voix de ténor et ses chansons écrites en anglais qui ne sont pas sans rappeler des mélodies pop-rock entrainantes composées par de célèbres artistes issus de la perfide Albion. A 34 ans, le chanteur délivrera en mars 2014 The Rainbow, son premier album prometteur où le spectre de sa mère décédée lui fait certes aborder des thèmes graves mais il réussit à ne jamais faire sombrer ses compositions dans une totale mélancolie. Les failles et la créativité de cet artiste méritent qu'on se penche sur sa musique.
Comment as-tu fait tes débuts dans la musique ? C'est ma mère institutrice qui voulait que je fasse de la musique. A l'âge de 8 ans, elle m'a inscrit à des cours de solfège et un an plus tard, j'ai commencé à faire du piano. Très vite, j'ai eu des aptitudes, j'ai développé mon oreille. J'ai rapidement commencé à composer, je m'enregistrais sur des K7. A l'époque, ce n'était pas commun de chanter, surtout quand on vient d'un village perdu dans la Lorraine, je chantais donc en cachette.
Adolescent, j'ai découvert U2, ce groupe a été une révélation pour moi. J'ai acheté leurs K7 pour rattraper mon retard car je suis né quand le groupe faisait ses débuts. Je m'amusais sur mon radio K7 à m'enregistrer en interprétant la partie de Luciano Pavarotti dans la chanson Miss Sarajevo. C'est comme ça que j'ai découvert ma voix lyrique. Par la suite, je suis entré au Conservatoire de Thionville. En parallèle, à 17 ans, j'ai fait mes premières scènes avec un groupe de rock appelé Samsara.
Que signifie ton nom de scène Corson ? "Cor" est la base de mon nom de famille et "Son" est le début du prénom de ma mère, Sonia. Ce projet lui est dédié. Je pense qu'elle a ressenti une aptitude en moi dès mon plus jeune âge. Petit, ma cousine avait un piano et je lui empruntais, c'est comme ça qu'elle a dû se dire : "Il faut le mettre à la musique". 
As-tu toujours écrit tes chansons en anglais ? Avec le groupe à l'époque, on ne s'est pas posé la question d'écrire en français, on adorait les Red Hot Chili Peppers, U2, Nirvana, les Guns, Police, avec toutes ces influences, écrire en anglais était une évidence. En plus, on vivait à la frontière luxembourgeoise, allemande, belge donc si on voulait jouer autour de chez nous, on devait forcément chanter en anglais.
La majorité de mes textes sont en anglais mais certaines de mes chansons sont tout de même en français comme Raise Me Up, une chanson en français avec un refrain en anglais. Par contre la langue anglaise a des sonorités qui me ressemblent plus.

Sortie du single le 27.01.14 ©Guillaume Kayacan


D'où te vient cette aussi bonne maîtrise de la langue de Shakespeare ? Mes parents m'ont beaucoup envoyé dans des familles en Angleterre, en Ecosse, aux Etats-Unis. Lors de mon BTS en commerce international, j'ai effectué trois mois de stage aux Etats-Unis dans une entreprise d'import-export, ça m'a permis de découvrir le Texas, la Louisiane. J'ai pas mal baroudé, j'ai notamment passé mon permis en anglais, je me suis donc imprégné de cette langue.
Quel a été le déclic dans ton changement de vie lorsque tu es passé de salarié de banque à chanteur ? En 1999, ma mère est décédée, ça m'a fait prendre conscience qu'il fallait que je vive ma vie très vite. Je travaillais dans une banque au Luxembourg  et quand on m'a proposé un CDI, j'ai eu peur. Je me suis vu à 30 ans avec une femme, un chien et un jardin, une vie dont je ne rêvais pas.
Au moment de prendre ta décision, la précarité du métier d'artiste ne t'a pas arrêté ? J'avais passé une audition pour aller dans une école de chant à Paris et j'ai été accepté. Cela a été déterminent. J'ai pris un appartement avec un ami qui voulait faire du théâtre. J'ai habité à Barbès pendant plus de 2 ans, je prenais des cours de chant et faisais des petits boulots comme ouvreur à Mogador, j'ai aussi fait des émissions de télé-marketing. J'étais loin des banques et des salaires du Luxembourg mais j'étais plus heureux !
Quel a été ton chemin, jusqu'à la réalisation de ton premier EP ? J'ai tout de suite essayé d'être intermittent du spectacle et de gagner ma vie en tant que chanteur. J'ai fait des cœurs pour des téléfilms, des spectacles musicaux, je me suis aussi déguisé en John Travolta pour la fête d'un club du 3ème âge, je passais des castings pour pouvoir vivre de la musique. Malgré des périodes difficiles et certains emplois improbables, je m'en sortais. J'étais content de vivre de la musique. J'ai aussi refusé des projets de comédies musicales pour mon projet solo. J'ai rencontré mon producteur Selim Mouhoubi après un concert. A la fin du show, il m'a proposé de me produire alors qu'il n'avait pas encore de boite de production. On est devenu ami et on a commencé l'aventure ensemble. On a fait un EP de 5 titres avec un clip, We'll come again.
   We'll come again Tu as un style original qui mélange pop, rock et lyrisme. Tu n'as pas peur de surprendre le public ? Il n'y a que deux chansons avec ce mélange de styles, Raise Me Up et We'll come again. Pour moi, il s'agit de la meilleure chanson de l'album car elle a une âme particulière. Elle sort du lot. Son pont lyrique rappelle la chanson Miss Sarajevo. En studio, j'avais hésité à gommer l'aspect lyrique. J'avais peur que ça fasse trop démonstration. Au final, on l'a gardé car c'est ce qui me correspond. C'est une belle carte de visite pour me présenter.
De qui t'es-tu entouré pour ce premier album The Rainbow (sortie le 31.03.14) que tu as écrit, composé et arrangé ? Polydor m'a donné les moyens de faire l'album. On a repris tous les musiciens avec qui on avait travaillé pour l'EP et en plus, on s'est payé le luxe de travailler avec l'orchestre philharmonique de Budapest, 40 chordes, un moment magique de ma carrière que je n'oubliera jamais. Pour les arrangements, j'ai été aidé par Bris Davoli, un ami et un grand nom de la publicité et le réalisateur de l'album François Maxime Boutault. On a fait cet album à trois. J'avais fait des maquettes à la maison et ils les ont sublimées. Quant aux musiciens qui ont fait l'album, ils sont pour la plupart sur scène avec moi.
Je ne connaissais pas le travail en studio. L'équipe autour de moi m'a appris le processus et m'a donné confiance. C'est un album hors codes radio, non formaté. Mais dans 10 ans, ces chansons pourront toujours être écoutées. La maison de disque ne nous a rien imposé. J'ai fait l'album que je souhaitais.

©Jean-Marc Lubrano


Que raconte ton album ? J'écris mes chansons de façon instinctive et seulement à la fin de la chanson, je sais ce qu'elle veut dire. L'album parle de ce que j'ai vécu, de ma mère, de la mort, de l'espoir, d'amour. Il y a beaucoup de mélancolie car j'aime me sentir triste pour pouvoir sortir des choses. Il y a beaucoup d'image de mort, d'anges, de personnes qui accompagnent d'autres personnes à une nouvelle vie. Il y a aussi des chansons gaies.
Les réseaux sociaux sont-ils un passage obligé pour tout nouvel artiste ? On m'a conseillé d'avoir un compte Twitter que j'ai appris à découvrir et maintenant je commence à apprécier l'outil. Par contre j'avais déjà un compte Facebook et les gens sont parfois surpris de voir que je leur réponds directement. Je réponds à tout le monde, cette proximité est essentielle selon moi. Ces réseaux sont utiles pour récupérer des images et des vidéos à la suite d'un concert. Je trouve idiot d'interdire de filmer un concert. On ne peut plus contrôler ça. Au contraire, il faut s'aider de ce nouveau système. L'idée d'organiser un concert uniquement filmé par les fans me plait énormément. Cela permet d'être encore plus performant sur scène, on n'a pas le droit à l'erreur. Les réseaux sociaux poussent les artistes à être au top n'importe où et n'importe quand !
En ce moment, Corson écoute… Foals Half Moon Run
Prochains concerts 1er février – 1ere partie de Laura Pausini 8 avril – Concert au Divan du Monde
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