Des étoiles : un premier film qui brille de mille feux...

Par Filou49 @blog_bazart
26 janvier 2014

La semaine dernière, comme je vous l'avais annoncé, j'ai passé une bonne partie de mes journées au "Festival Drôle d'Endroit pour des rencontres", organisé par le Cinéma "Les Alizés" de Bron, tenant surtout à voir les avant premières afin, une fois n'est pas coutume, de tenter de vous parler des films avant qu'ils ne sortent en salles, et non pas deux mois après comme parfois ( n'est ce pas chère Potzina?)...

Et comme le film qui a fait l'ouverture de ce festival sort dès mercredi prochain, je vous en parle sans plus tarder, d'autant plus qu'il risque de ne pas connaitre une grande médiatisation, vu la relative renommée de la réalisatrice, dont c'est le premier long, et des acteurs, peu ( j'avais déjà vu l'excellent Ralph Amoussou deux ou trois fois avant) ou pas connus du tout. Et cela est d'autant plus dommage, tant ce film, Des Etoiles,  est une vraie pépite qui brille autant que son titre ne l'indique..

Il est l'oeuvre de Dyana Gaye, une réalisatrice de nationalité franco-sénégalaise de 38 ans, qui s'est fait connaître avec " Transports en communs", un moyen métrage dont j'avais entendu parler et qui a connu un beau succès d'estime,  une comédie musicale qui transposait l'univers de Jacques Demy... dans un car au Sénégal!!

Le Sénégal, et plus précisemment Dakar, c'est encore un des lieux choisi par la réalisatrice franco-sénégalaise comme décor de son premier long, mais à égalité avec deux autres villes internationales, à savoir Turin (que la cinéaste connait bien, sa mère étant italienne) et New York, cette ville du melting pot où tous les postulants migrants rêvent un jour d'y vivre, et une ville (comme elle l'a dit lors de sa rencontre après le film) qu’elle admire et dans laquelle elle avait toujours révé d'y tourner.

En effet, le scénario  de "Des Etoiles" suit, à travers ces trois agglomérations, les destins de Sophie, Abdoulaye et Thierno, trois personnages qui se croisent et résonnent les uns avec les autres, en dessinant une constellation vivante de l’exil. Trois histoires qui vont peu à peu se tisser entre ces personnages issus en fait d’une même famille sénégalaise explosée entre Turin, New York et Dakar. À mesure que les jours passent, des résonances se créeront entre ces personnages, dans la diversité des villes qu’ils traversent, des villes si différentes de prime abord, et néanmoins rassemblées sous le même ciel étoilé que promet le titre.

Si l'on met un peu de temps à comprendre le lien entre ces 3 histoires et qu'on puisse trouver un poil trop facile que le point de départ de chaque histoire part d'un rendez vous manqué (l'immigrant vient rendre visite à une personne qui est au même moment parti dans un autre pays où il doit rendre visite à quelqu'un qui est également parti), le scénario va s'emboiter très vite avec une très belle fluidité et une réelle maitrise, et ces destins croisés nous font humer un parfum des meilleurs Inarritu (on pense à un "Babe",l mais moins sombre et moins survolté), avec en plus, une belle réflexion sur les vicissitudes de l’immigration et la beauté des rencontres que l'on fait, plus ou moins fortuitement.


 Avec ce premier long-métrage  doux et sensible sur l'exil et sur le déracinement, Dyana Gueye a réussi le pari d'être au plus près de l'intimité, des doutes, et des solitudes des protagonistes de ces trois histoires croisées. On évite largement et avec bonheur les scènes redoutées et déjà vues ailleurs sur le parcours du combattant d'un immigré (il est vaguement question de carte de séjour ici ou là, mais très brièvement), pour aborder des thèmes plus originaux, ceux de sa propre recherche d'identité, de la difficile émancipation des femmes africaines, d’une jeunesse forcément tournée vers un ailleurs plus rose....

Et le film, qui pourrait être plombant, au vu des épreuves que traversent parfois les personnages principaux (trahison, décès, décès, résilience...), est traversé par un humanisme et un optimisme jamais béat.

Les trois villes sont admirablement filmées (avec une très belle bande sonore, d'une couleur musicale différente en fonction de l'endroit) sans que, pour autant, la cinéaste ne porte un regard de touriste dessus, car c'est vraiment avant tout les personnages plus que les décors qui l'intèressent; ces personnages, qui, comme la fin du film nous le dit, forment ces millions d’étoiles en mouvement qui arriveront parfois à se rencontrer pour former une constellation qu'on appelle aussi la solidarité.

Bref, "des étoiles"  constituent un bien beau film, que je ne peux que vous conseiller s'il passe dans une salle près de chez vous à partir de mercredi prochain.

Et le film vient tout juste de rafler le Grand Prix du Jury ainsi que Prix du public pour un long métrage français  au festival Premiers plans d'Angers...je suis donc loin d'être le seul à être sous le charme!!!
Hymne à la circulation et à la rencontre, Des étoiles est ainsi un vibrant plaidoyer contre les murs qui séparent et enferment. - See more at: http://www.africultures.com/php/?nav=article&no=11857#sthash.ibs6i6Pm.dpuf