Dessine moi un Mouflon

Publié le 27 janvier 2014 par Allo C'Est Fini

note : ce billet est la version non politiquement corrigée – le titre par exemple, non expurgée, intégrale et enrichie d’un article de l’auteur, paru dans la Jaune et la Rouge sous le titre Des X et des Fresques. Pour l’instruction des plus jeunes et des plus vieux de ses lecteurs, l’auteur rappelle que le mouflon est une bête à cornes qui a habité le platâl pendant plusieurs années, entre 1985 et, me semble-t-il, la fin du siècle.

Un essai de classement des traditions

Les traditions : une approche évolutionniste

Il ne s’agit pas de faire le tour des tradis du siècle dernier – plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’École l’ont magistralement fait – et de constater que c’était mieux avant, mais d’éclairer les anciens sur un exemple de tradition actuelle, celle du Platâl (Palaiseau), et le mettre en perspectives avec les traditions anciennes, celles de la boîte carva – aujourd’hui appelée tout simplement Carva, celles d’avant 1975.

Une évolutionniste différencierait :·

  • Les dinosaures, celles des traditions aujourd’hui disparues, que nous n’aborderons pas ici ·
  • Les tradis que je qualifierais de Jurassic Park, éteintes puis recréées de toutes pièces ·
  • Les darwiniennes, résultat d’une évolution lente et continue ·
  • Enfin, les OGM, celles nées un jour comme cela, d’une idée, d’une discussion, et imposées comme si elles avaient deux cents ans.

Une exemple de pur OGM

C’est le dur chemin qui montre de la station de RER « Lozère ». Ce chemin aux marches glissantes, recouvertes de feuilles mortes en automne, de neige voire de glace en hiver, de mousse au printemps, marches dont la seconde caractéristiques est d’avoir une géométrie éminemment variable et aléatoire, a deux fonctions : la principale, celle de servir aux sports dits pêchus pour des exercices de fractionné. La seconde est de permettre à celui qui n’est pas motorisé de se rendre à l’X.

En particulier, c’est souvent le chemin que prennent les TOS le jour de l’intégration. C’est ainsi que quelques 86 – dont, je dois l’avouer, l’auteur du présent laïus – ont eu l’idée de nommer ce banal chemin de Lozère, le Sentier de la Gloire, en référence au film de Kubrick, projeté à l’époque. Il a suffit d’insérer ce nom dans un condensé d’argot à destination de la jeune promotion, et le tour était joué.

Une tradi OGM était née.

Du noir et blanc à la couleur, les X et l’Art

Après avoir gravi le Sentier de la Gloire, le visiteur qui arrive sur le platal ne peut manquer de voir les fresques. Je me souviens par exemple, lors de ma première visite, pour passer les oraux, avoir été fasciné par la fresque de la « Sea, Kès & Sun ». Cette tradi de peindre sur les murs à l’occasion des campagnes Kès est suffisamment entrée dans les mœurs pour que, de nos jours, le règlement de la campagne Kès impose – sous peine de perte de la subvention – la réalisation d’une fresque. L’ensemble des fresques peintes sur le platâl ont d’ailleurs été mises en ligne sur le wikix – réservé aux X, désolé pour mes (nombreux) lecteurs autodidactes. C’est ici : http://goo.gl/Y1WJMD

Une fresque sur le Platâl

L’idée remonte à la promotion 78. Une liste Kès pipeau, la Kès Color – pour les plus jeunes, je rappelle que la société Kis vendait à cette époque des « clés minute couleurs » – trouva pratique d’utiliser les petites briques du Bataclan pour promouvoir son thème de campagne. Les fresques étaient nées ! Rapidement elles « sortirent » du bataclan, toujours sur les murs de briques – c’est pratique de compter les carreaux pour faire des dessins – puis se déplacèrent vers les caserts et sur leurs murs blancs, grâce à l’apparition du rétroprojecteur.

Ce qui est intéressant, c’est que le mariage entre la Zanzi et la campagne Kès, génération spontanée sur le Platâl, est en réalité une très ancienne tradition.

La tour Umb à Carva, à l’issue d’une campagne Kès

Jusque dans les années 60, les tandem Kès luttaient, non pas en noir et blanc, comme le titre trompeur de cet article peut le laisser penser, mais en jône – ou en rouje, en fonction des années. Ainsi, on pouvait voir les bâtiments de l’École entièrement barbouillés, sans que la Strasse ne puisse réellement y remédier. Les X avaient inventé le tag, Tags qui étaient d’ailleurs bien visible de l’extérieur de l’École, sans que personne ne semble y trouver à redire.

Jurassic Park sur le Platâl

Comment expliquer cette (re)génération spontanée en 1979 avec l’approche darwiniste que nous avons choisi de prendre ? Par l’existence du gène du dessin chez les X ? en tout état de cause, les deux illustrations qui accompagnent cet article montrent que nous avons fait énormément de progrès dans la qualité de notre dessin. Nous nous adaptons, et nos fresques ne résistent que parce qu’elles sont objectivement plutôt réussies.

Glossaire (pour les  « vieux »)

  • Bataclan : A l’origine le BAtiment des ACtivités Libres. Verrue ajoutée en dernière minute aux plans de l’Ecole, accueillant les binets, et surtout le Bôbar. C’est le principal lieu de vie des Élèves
  • Karva : nom donné depuis une vingtaine d’année à l’ancienne école – exclusivement. S’utilise sans article : « une photo de Karva »
  • Liste Kès pipeau : liste qui n’a pas l’intention d’être élue.
  • Platâl (de Plateau) : l’École à Palaiseau.
  • Zanzi : peinture (anciennement).

 
Glossaire
(pour les  « jeunes »)

  • Boîte Carva : l’École. De Carvallo (X1877), directeur des etudes de l’Ecole de 1909 à 1920. S’utilise toujours avec article : « Quand j’étais à la boîte Carva »

L’auteur tient à remercier le camarade membre de la Kès Color qui lui a donné de précieux éléments permettant d’aborder le sujet sous l’angle historique.