"Le peuple vivant du côté du soleil".LES SÂMES

Publié le 27 janvier 2014 par Regardeloigne

  

L'histoire de ce peuple souvent dramatique est surtout marquée dans un premier temps par les fluctuations de frontières, particulièrement entre la Norvège et la Suède et entre la Suède et la Russie puis, à partir de l'indépendance finlandaise, avec la Finlande. Ces différents changements de régimes les ont littéralement spoliés, chaque Etat considérant le territoire sâme comme le sien. Ainsi, pendant une période, ils ont même dû payer des taxes aux trois Etats.(Norvège Suède et Russie). L'expansionnisme suédois se manifesta en particulier par la présence des Birkarlars suédois une sorte de fédération de marchands avant-garde des prétentions de la Couronne de Suède sur le secteur nordique de la calotte polaire boréale.

« On raconte que, même sous le roi suédois Magnus Ladulâs, les Lapons étaient encore un peuple indépendant. Le roi voulut les forcer à dépendre de la couronne, mais sans succès. Il fit alors appel à l'aide des paysans du Nordland : à celui qui lui prêterait main forte dans son projet d'asservissement, le roi offrirait droit de propriété sur tous les prisonniers.

Une guerre impitoyable éclata dans les étendues lapones, car nombreux étaient ceux qui étaient attirés par la richesse et la faveur du roi. Par la force, on contraignit les Lapons à signer des contrats commerciaux exagérés ; on les prit par surprise dans leurs tentes, tuant nombre d'entre eux. C'est ainsi qu'on les assujettit, par le feu et le sang.

Les agresseurs qui obtinrent de grands privilèges commerciaux furent appelés des Birkarls. (dérivés de birk un baillage ou comptoir)On ne sait pas précisément quelle était l'étendue de leurs pouvoirs ; les ordonnances royales ne donnent à ce sujet que de maigres informations, mais le fait que les Lapons aient été traités comme des bêtes, que l'on vendait et échangeait, ne fait l'ombre d'aucun doute.

Dans de vieux documents, on trouve très souvent comme expression « Birkarl possédant des Lapons » ou encore « Lapons appartenant à des Birkarls ». Même si les sources sont fragmentaires, elles nous permettent néanmoins de nous faire une idée assez précise de la tyrannie à laquelle conduisirent ces privilèges si étendus. On pourra alors comprendre quelles conceptions les Lapons ont dû se faire de ces hommes destructeurs, qui prétendaient être civilisés.

II arrivait en outre que le « commerce » introduit par les Birkarls se répande vers le Sud ; des hommes sans foi ni loi affluaient, augmentant ainsi le nombre d'ennemis des Lapons. Notre peuple nomade se trouvait là, sans la moindre possibilité de s'élever contre ces rapines royales privilégiées. Des heurts violents se sont bien sûr produits s'achevant, la plupart du temps, par une défaite pour ceux qui défendaient leur droit.Knud Rasmussen. Laponie Voyage Au Pays Des Fils Du Soleil. Esprit Ouvert

 

L'expansion politique s'accompagna et pris souvent la forme de l'évangélisation des Sâmes et d'une construction systématique de temples pour appuyer les prétentions territoriales. L'activité médiévale des missionnaires chrétiens tant catholiques du côté scandinave orthodoxes du côté des Russes n'avait qu'en partie détachée les Sâmes de leurs croyances traditionnelles. A partir de la Réforme le prosélytisme religieux plus ou moins inspiré par des sectes incita les autorités de l'église protestante appuyées sur celles des états du Nord à entreprendre la conversion totale et définitive des Sämes. Ainsi au XVIIème, les principaux lieux de culte sâme furent détruits par Gabriel Tuderus, représentant de l'église protestante luthérienne. C'est cependant à l'occasion de cette évangélisation que les premiers écrits en langue autochtone apparurent.

« Dans un domaine totalement différent, les Lapons devaient faire l'expérience d'un humanisme « de personnes vivant différemment » ; en effet les premières personnes qui les « poursuivirent », débordant d'amour évangélique, n'utilisèrent pas toujours les moyens qui soient vraiment en accord avec leurs admirables préceptes.

Dans sa mythologie lapone, le professeur norvégien J. Friis écrit à ce sujet :

«Au début, les missionnaires chrétiens considéraient comme étant de leur devoir de poursuivre les prêtres lapons, ou plutôt les individus qui se trouvaient au cœur de l'enseignement de leurs vieilles croyances. Étant donné qu'en ce temps-là on considérait le paganisme comme l'œuvre du diable, les prêtres lapons passèrent aux yeux des missionnaires pour être les outils choisis par le démon. Par la force ou la ruse, on tenta de les dépouiller de leurs biens les plus sacrés : le bâton runique ou bien leur tambour magique servant aux prédictions ; et partout où on les trouvait, on brûlait les représentations de leurs dieux. »

Avec une meilleure connaissance du véritable contexte, on réalise combien ces croyances populaires, qui estampillaient les Lapons comme un peuple foncièrement faux, lâche, perfide et porté sur toutes sortes de diableries, étaient ridicules. La vérité est tout autre : on se jeta tout d'abord sur un peuple pacifique et tranquille, on l'exploita et le maltraita, on tua ses hommes et viola ses femmes ; puis on le blâma, lui reprochant son manque de confiance et d'amour !

Partout où le Lapon s'était présenté, il n'avait rencontré qu'ennemis, plus forts que lui ; tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un homme l'avait menacé de destruction, lui qui chérissait tant sa vie errante et libre.

Un des plus grands spécialistes des Lapons, le Finlandais Castren, écrivit ceci :

« L'esprit d'un Lapon est tel un ruisseau, ses vagues coulent si doucement qu'on les remarque à peine. Qu'un obstacle important surgisse dans son cours, il obliquera gracieusement, et atteindra de toute façon son but. C'est ainsi qu'est le Lapon : calme, pacifique, conciliant. La paix est sa devise, elle compte comme sa première exigence ; elle est son salut d'adieu, c'est son tout. Il aime la paix comme la mère aime son enfant qu'elle a nourri à son propre sein. »

 

La destinée du peuple lapon à travers le temps a ainsi été une tragédie sans fin. Sa vie ressemble à une chasse essoufflée depuis les hautes montagnes d'Asie centrale jusqu'aux étendues désertiques du Nord, méprisé et poursuivi, poussé à travers toute une partie du monde par une aspiration à la paix, qui ne s'est jamais éteinte. De nouvelles contrées lui amenèrent de nouveaux ennemis, et quand finalement, un océan lui barra le chemin, les Birkarls lui tombèrent dessus et lui prirent sa liberté. Il ne lui restait plus que ses dieux, et les missionnaires les lui arrachèrent. » Knud Rasmussen. Laponie Voyage Au Pays Des Fils Du Soleil. Esprit Ouvert


Les immigrants norvégiens s'installèrent principalement sur les terrains de chasse des Sâmes maritimes, en particulier sur les côtes et surtout sur les îles, à l'entrée des fjords. Ce faisant, ils détruisirent peu à peu leur semi-nomadisme en les repoussant vers le fond des fjords. Contraints d'abandonner leurs quelques rennes domestiques, les Sâmes tentèrent de faire un peu d'élevage selon les modèles Scandinaves et d'élever leur art de la construction de bateaux au rang d'industrie artisanale. Ils furent longtemps les maîtres de leurs envahisseurs en fait de pêche à la baleine ou au phoque, comme de confection de vêtements en peau. En un sens, ces derniers furent jusqu'au XVIIIème siècle sensiblement dépendant des Sâmes. Leur vie rude explique le faible nombre des premiers colons, et l'instabilité de leurs établissements. Malgré cela, ils furent entre 1650 et 1750 des responsables des changements dans l'économie sâme.

« En effet, désireux d'augmenter leur niveau de vie, après avoir contribué à diminuer les ressources maritimes des Sâmes, ils diminuèrent ainsi leurs ressources en matière de gibier en chassant en automne et en hiver le renne sauvage de manière intensive, avec des armes à feu. La raréfaction générale du renne sauvage qui s'ensuivit contraignit les Sâmes de l'intérieur des montagnes à développer leur élevage de rennes dont la finalité initiale était autre (trait, appâts), et par là à utiliser l'été les pâturages traditionnels des Sâmes maritimes, d'où des conflits avec ces derniers. Par ailleurs, les plus pauvres des deux communautés se sédentarisèrent, abandonnant l'élevage et la chasse, au moment même où les pâturages des rennes domestiques l'emportaient sur les pâturages destinés aux moutons. Ils confièrent les rennes qui leur restait à la surveillance des Sâmes des montagnes. Les ressources en baleines et en phoques diminuant à la même époque, à la suite du réchauffement des eaux et de la chasse intensive des Scandinaves, ils s'installèrent au fond des fjords fondant leur économie à la fois sur la petite pêche et un peu d'agriculture et d'élevage. Les Sâmes des montagnes contraints de se sédentariser et d'adopter le mode de vie des Sâmes maritimes perdirent assez vite l'emploi même de leur dialecte. Ces communautés très pauvres eurent un mode de vie fruste et précaire. Des rapports de 1638 montrent leurs difficultés pour payer leurs impôts en argent. Souvent, ils étaient contraints de vendre leur capital, i.e. quelques têtes de bovidés et de moutons, tandis qu'ils n'étaient guère rémunérés de leur pêche au saumon. Quant à ceux qui devinrent les "Seigneurs" de leur pays, les éleveurs, c'est à une époque relativement tardive que le renne domestique devint leur principale ressource : dans la dernière moitié du XVIème siècle, la chasse et la pêche constituaient l'essentiel de leurs revenus. Au cours de leurs migrations annuelles, ils suivaient les quelques rennes qu'ils possédaient pour le transport, mais, jusqu'au tout début du XVIIème siècle, la pêche en mer et la chasse au renne sauvage en automne furent primordiales. »Christian Meriot.Tradition Et Modernité Chez Les Sâmes.L'harmattan


Au traité de Strömstad en 1751 des frontières précises furent enfin tracées entre Danemark-Norvège et Suède- Finlande dans tout le Nord de la péninsule scandinave. Aux termes de la convention frontalière furent annexés des protocoles et notamment un codicille de trente paragraphes garantissant aux Lapons le droit de libre passage travers la frontière avec les troupeaux de rennes domestiques de pratiquer librement pêche et chasse sans considération des limites politiques et aussi de commercer sans entraves. Aujourd'hui, ce fameux Codicille des Lapons de 1751 ne concerne plus que certains confins frontaliers . Selon la dernière convention sur le pâturage des rennes qui date de 1972 les Lapons de Suède ont droit de conduire environ 40 000 rennes au-delà de la frontière norvégienne chaque été En revanche les Lapons localisés en Nordland norvégien ont droit de mener environ 10 000 rennes en Suède sur les pacages hivernaux.


La vie des Sâmes contemporains n'était pas idyllique vers les années 1970 malgré plus de confort matériel comme la motoneige. En témoigne le livre D'ANDREAS LABBA, ANTA, MEMOIRES D'UN LAPON.Terre Humaine, qui regroupe divers récits de la vie des siens et quelques articles engagés. Son auteur, Andreas Labba,né en 1907 ,quasi analphabète à l'origine devient romancier aux approches de la soixantaine grâce à des amis suédois, dont Dag Hammarskjöld, le secrétaire général de l'ONU. Anta, fut dactylographié en lapon, touche par touche, sur une vieille machine à écrire, avant d'être traduit en suédois.Les mémoires parcourent un siècle et demi de l'histoire mêlant successivement roman collectif et témoignage individuel avant de se conclure par les appels de l'auteur à la défense identitaire, pour les hommes comme pour les paysages.il décrit, en particulier, la sédentarisation progressive des Sâmes et leur soumission douloureuse à l'école et à la loi (ici suédoise), puis de l'apparition d'un discours militant dans la langue de l'occupant. »

« Nos enfants se demandent : « En quoi sommes-nous des êtres à part, nous qui n'avons pas droit au même enseignement que les enfants suédois ordinaires ? »

Les Sâmes se déprécient eux-mêmes, creusent leur propre trou et se disent : « Sommes-nous si bêtes que nous ne puissions réussir à l'école suédoise ? »

Les jeunes Sâmes se sentent exclus et différents de tous les autres enfants. Isolés, ils resteront isolés ! Dans la société, ils cherchent à se regrouper, et on entend dire : « Ce sont sûrement les jeunes Sâmes qui traînent, la cigarette à la bouche, sous les portes cochères, occupent les arrêts de bus et refusent de fréquenter l'école. »

Ont-ils vraiment d'autres issues ?

Il fallait nous empêcher d'avancer et nous mener dans un enclos de rennes où nous devions marcher dans le sens contraire des aiguilles de la montre : sans raison et sans but. Le Lapon doit être lapon, il doit être dans ses montagnes avec ses rennes. Il doit être pièce de musée du Musée de la Montagne, pendant que les Chemins de fer de l'Etat écrasent les troupeaux de rennes, que les mines se développent, que les pâturages régressent, que les voies de transhumance sont coupées, que la direction du Réseau hydraulique règle le niveau des lacs, que les Eaux et Forêts ravagent le Pays des Hivers, qu'on crée des parcs nationaux somptueux et que les touristes débarquent dans les montagnes où le Touring Club de Suède plante des chalets autour de nos gués traditionnels.


On a dit : « Ces fichus Lapons ne sont pas capables d'assurer leur subsistance. »

Le commissaire aux Affaires lapones a donc pris le pouvoir pour administrer nos modestes moyens de production, comme s'il s'agissait de son propre portefeuille

. Les Chemins de fer ont causé tant de dégâts qu'à certains endroits, on aurait pu se baigner dans le sang des rennes. Il n'y a pas longtemps, à deux kilomètres d'ici seulement, le train a écrasé soixante femelles. Le premier témoin arrivé sur les lieux a raconté que c'était un spectacle hallucinant que ces bêtes agonisant dans leur sang tandis que les faons gambadaient sur leurs ventres. Bien entendu, les Chemins de fer ne s'en souviennent pas.

Il y a une injustice, il doit y avoir quelque part une injustice, dans le fait qu'un Sâme qui a passé toute sa vie près d'une eau poissonneuse soit chassé par les pêcheurs sportifs qui viennent se planter comme des piquets sur les bords de ses eaux. Le malheureux Sâme va s'installer dans la montagne et, quand il revient, le 1er septembre, c'est précisément la fermeture. Notre village avait un droit de pêche dans les eaux du Kaitum. Cela ne posait pas de problème puisque le lavaret y est abondant. Les pêcheurs sportifs l'apprirent et appelèrent les Affaires lapones.

Le syndicat d'initiative de Gellivare a fait, il y a deux ans, le siège des Affaires lapones pour obtenir le droit de vendre des cartes de pêche valables pour toute la rivière du Kaitum, c'est-à-dire sur soixante kilomètres d'eaux propices à la pratique de la pêche sportive. On n'a pas daigné prendre, au préalable, contact avec le village sâme de Norrkaitum.

Il ne faut pas que la loi suédoise fasse apparaître de ces nouveaux assistés dont la société n'a nul besoin : ils courent loin derrière la caravane et ne se manifestent que quand on veut bien leur en laisser la possibilité.

Nous devons tous nous entraider pour bâtir et, sans cesse, reconstruire notre propre communauté - - une communauté qui n'aura pas perdu sa capacité d'émotion, et d'où s'élèvera de temps en temps un « jojk » au renne. Il faut que le peuple suédois décide si le peuple sâme doit demeurer dans ses montagnes. Est-ce une vie pour un être humain que d'être observé, photographié et traité à coups de claques dans le dos ? J'ai travaillé longtemps dans le tourisme et je suis reconnaissant aux touristes de tout ce qu'ils m'ont apporté. Mais il faut que les Suédois fassent l'effort de comprendre que nous sommes des hommes comme les autres dans le pays. Est-ce trop leur demander ?

 

Eveille-toi, jeunesse lapone, et fais sauter les obstacles avant qu'il ne soit trop tard !

C'est à vous de prendre la responsabilité de l'avenir. Il s'agit de votre existence. Préservez l'identité lapone, notre plus grand trésor. La société suédoise vous a donné beaucoup : nous n'en avions jamais reçu autant. Vous bénéficiez du nouvel enseignement obligatoire et vous avez les mêmes droits que les autres jeunes Suédois pour poursuivre vos études. Vous devez apprendre de tous ceux qui ont quelque chose à vous apporter, en collaborant avec eux. Ne vous enfermez pas, prenez fermement en main notre économie et faites-la progresser selon le modèle que vous aurez pensé, voulu, construit. Ne vous laissez pas piéger par les paroles creuses et les promesses.

Dans ma jeunesse, nous parlions souvent ensemble, surtout du travail, de nos déplacements, des rennes. Nous savions ce que nous faisions, toute notre réflexion tournait autour du renne. Rien d'autre ne venait nous en distraire. Montagnards nous sommes et c'est dans la montagne que notre vie s'épanouit : nous devons donc y consacrer le meilleur de nous-mêmes. C'est là que je dois travailler, aucun obstacle ne doit me résister. J'irai jusqu'au bout dans mon travail : la réussite est la récompense de ceux qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes à ce qu'ils faisaient. Ne croyez-vous pas ? » Andreas Labba .Anta. Mémoires D'un Lapon.Terre Humaine.

 

Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que le mouvement pour la renaissance de l'identité lapone menacée par influence de la civilisation européenne prit une force nouvelle. Norvège Suède et Finlande qui se voulaient parmi les pays les plus avancés du monde occidental ne pouvaient plus avoir ouvertement d'attitudes colonialistes égard de minorités nationales comme les Lapons, les Kvènes et les Finnois du Norrbotten suédois .De plus la question lapone était posée désormais sur un plan inter-nordique cause du sérieux renforcement des liens entre les états nordiques après 1945 . En 1956 le Conseil lapon nordique fut créé à Karasjok ; il réunit tous les trois ans les Lapons de Norvège Suède et Finlande dans un congrès où les questions intérêt commun sont débattues des contacts suivis avec le Conseil nordique organe de coopération générale entre les pays du Nord. Le Conseil nordique réalisa pour sa part l' Institut nordique lapon en 1973, fondation commune des trois états Norvège Suède et Finlande ;cet institut engagea des spécialistes essentiellement Sames pour mener des recherches et contribuer à conserver leurs traditions culturelles et préserver leurs droits. La coopération inter-nordique des Lapons s'étendit à d'autres groupes de populations autochtones d'abord aux populations arctiques, comme les Inuits Puis aux populations aborigènes du monde entier. Un Conseil mondial des peuples indigènes fut créé lors un congrès international au Canada en 1975. Le Conseil nordique lapon figure parmi les créateurs du Conseil mondial World Council of Indigenous. Les Sâmes face la civilisation occidentale ont actuellement pris conscience du danger de perdre leur identité ethnique et aussi du recul constant de leurs droits. Le premier instrument de leur identité est la langue Il y a eu dans ce domaine des progrès importants dans l'enseignement scolaire

 

En 1984, Le gouvernement norvégien commanda une étude sur les Sâmes, qui sera remise au Parlement . Les conclusions du rapport entraînèrent une réforme constitutionnelle qui donna le statut de peuple autochtone aux Sâmes en 1988. Ce statut leur confère des droits, notamment linguistiques et culturels. Ils obtinrent le même statut par la même procédure en Finlande en 1999. En Suède, la Constitution ne les reconnaît pas en tant que peuple autochtone, mais ils ont le statut de minorité ethnique, ce qui leur donne aussi certains droits.En 1989, la Norvège signe, puis ratifie la Convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail, organe de l'ONU, relative aux peuples indigènes et tribaux, qui réforme la convention précédente relative aux populations indigènes et tribales. Ce texte donne de nombreux droits socio-économiques et culturels à ces peuples, afin que leurs particularités, leurs traditions, soient mieux prises en compte, tout en les intégrant davantage dans la société.


Le drapeau sâme a été adopté en 1986. Il représente les Sâmes en tant qu'enfants du soleil. Le cercle symbolise le soleil (rouge) et la lune (bleu). Il utilise aussi les couleurs traditionnelles que sont le rouge, le jaune et le bleu.

« Nous sommes en présence d'un peuple et d'un pays, Sapmi, appartenant à la calotte nordique au sens large dont ils sont jusqu'à preuve du contraire, à l'instar d'autres populations autochtones auxquelles ils ont lié leur sort, les premiers occupants. A ce titre, ils revendiquent leur originalité culturelle et leur responsabilité millénaire, trop longtemps bafouée, à gérer écologiquement leur territoire, avec lequel ils entretiennent des liens quasi mystiques, dans le cadre d'un développement durable. Cette renaissance ne s'effectue pas toutefois sans conflit à l'intérieur même de leur camp... on a pu voir des parents refuser par des grèves scolaires que leurs enfants apprennent le sâme même dans les sept communes norvégiennes où la parité du sâme-norvégien est protégée par la Sameloven. De même les modalités d'action des mouvements politiques sâmes n'ont pas les mêmes objectifs et les même attitudes à Genève, New-York ou à Karasjok et Tana. Mais ce qui domine c'est la constitution d'un sentiment sâme commun - même s'il passe par des plans de carrière de certaines élites indigènes et une certaine infrastructure bureaucratique - c'est la volonté d'être simplement sâme au même titre ni plus, ni moins, que les autres peuples.


Ce réveil ethnique eut, comme partout, ses excès de chauvinisme radical, mais ces excès mêmes eurent l'heur de pousser tout un chacun à sortir de sa léthargie persistante où parfois il se complaisait comme l'atteste le taux d'alcoolisme et de suicide commun d'ailleurs à toutes les zones arctiques. Ce mouvement de réappropriation vise à démythifier l'exotisme où on les confinait pour authentifier une relation avec la majorité où l'on cesse enfin de parler sur l'autre pour parler à l'autre. Ce souci n'a pas été simple à établir au sein même de la grande famille des populations aborigènes comme on a pu voir, lors d'un congrès de WCIP (Comité mondial des populations aborigènes) réuni à Port - Alberni en 1975 sous la houlette du National Indian Brotherhood, les Latino-américains contester la présence sâme comme étant celle d'un peuple européen blanc. Il est vrai que les conditions de vie des uns et des autres étaient assez peu comparables... Il fallut alors tout le talent du chanteur sâme Nils Aslak Valkeapâà pour faire pencher la balance et contribuer à faire accepter les Sâmes comme des "Indiens Blancs". C'est ce même Valkepeââ qui déclarait dans le même sens dans son pamphlet : "la Laponie vous salue bien" : (Terveisià Lapista) : "Je ne suis pas un vestige... mais l'un des individus vivant d'un peuple vivant. Un homme de notre temps, de l'ère des machines et de l'espace.».Christian Meriot.Tradition Et Modernité Chez Les Sâmes.L'harmattan