Gattaz à Hollande: pas de contreparties

Publié le 28 janvier 2014 par Micheltabanou

« Pas de contreparties » semble être devenue la ligne de conduite du Medef et pour Pierre Gattaz considérant que cela serait « suicidaire » de s’engager dans la voie de donner des objectifs chiffrés d’embauche. Le Medef n’a pas l’intention de rendre quoique cela soit en retour du coup de main gouvernemental. Pas d’emploi, pas d’engagement. Nada !

Gattaz préfère utiliser les aides reçues exactement comme les banques l’ont fait depuis 2009. Banques aidées qui aujourd’hui se sont recapitalisées, qui continuent de jouer à la et redistribuant des dividendes massifs. Il suffit pour s’en convaincre que 177 banquiers français ont touché en moyenne 1,56 million d’euros en 2012. Et pour enfoncer le clou je songe aux collectivités territoriales intoxiquées par les emprunts de Dexia, qui cherchent désespérément à sortir de cet étranglement financier et qui font le constat accablant de banquiers qui se repaissent de profits éhontés sans remettre en question leur responsabilité.

Eh bien les entreprises suivant Gattaz font et vont faire pareil : elles feront tourner l’activité juste ce qu’il faut pour dégager le maximum de marges selon les exigences des actionnaires. Les entreprises ne se soucient pas du coût du capital mais orientent toute leur attention sur le « coût du travail ». Tout ce que les entreprises gagnent ou reçoivent des fortunes, et plutôt que de développer l’économie, qu’elles placent dans les divers paradis fiscaux qui ne sont pas tous exotiques, sont tout proche comme cet état voyou qu’est le Luxembourg !

Il faut se mettre a raison que le « pacte de responsabilité » que François Hollande a proposé est unilatéral, comme le fut le précédent « pacte de compétitivité ». Il sera voué au même échec car il s’appuie sur un patronat qui ne tiendra aucune arole et surtout ne veut en engager aucune ! Le même patronat qui a signé l’ANI pour sécuriser l’emploi et qui dans la foulée de cet accord, jugé hâtivement d’historique par le PS, a effectué plus d’un millier de plans de licenciements avec à la clef 272000 chômeurs de plus en une année  et entraînant la baisse de cette courbe que François Hollande voulait faire infléchir puis remonter. Les cadeaux faits au Medef ne sont pas que de nature financière mais sont aussi ceux qui trouvent leur nature dans les reculs des contrôles, sur les simplifications du droit du travail ; ce choc des simplifications ! Depuis cette signature de l’ANI les droits ont reculé comme ceux des Comités d’entreprise, des CHSCT, des CDI et des élections prud’homales supprimées ! Tout est mis en place pour que les entreprises ne recherchent pa se plein emploi qui favoriserait une hausse des salaires ; un plein emploi couteux qui diminue les dividendes reversés aux actionnaires. Dans ces conditions bien plantées la rente rapporte plus que la production, les placements rapportent plus que les investissements et licencier rapporte plus que d’embaucher, la spéculation rapporte plus que l’innovation.

Il faudra se mettre à ‘évidence que le gouvernement Ayrault aura été généreux en donnant 100 milliards au privé, aux entreprises… pour 1 million d’emplois espérés qui ne verront jamais le jour. Et pour donner cet argent au privé qui n’en fera rien, le gouvernement entreprend tout pour déshabiller le service public en réduisant l’emploi dans le public. On a un gouvernement de gauche et alors que des emplois publics manquent dans tous les domaines de l‘état : éducation, police, justice, fisc, équipement, hôpitaux,… il va y en avoir davantage de supprimés ! Impensable, aberrant et surtout irresponsable ! Rappelez vous cette fameuse relance attendue sur la TVA à 5,5 % accordée aux restaurateurs qui a couté 3 milliards pendant quatre ans, et n’a rapporté aucun emploi. Ce coût de 3 milliards est celui du coût de 100 000 emplois dans la fonction publique, qui ont été supprimés ! Un cauchemar dédié au libéralisme et qui fait abstraction de ces emplois d’intérêt général pour la nation. Et cela va continuer, perdurer car, en vue de financer la baisse du coût du travail promise aux entreprises dans le cadre du futur « pacte de responsabilité » , un « plan d’économies » de 50 milliards d’euros de 2015 à 2017 est mis en place des réformes structurelles et par un plan d’économies sur la branche maladie de la Sécurité sociale ainsi que sur les retraites et la branche famille. Le ministre du Budget a estimé à 5 à 10 milliards d’euros ces économies, qui s’ajouteront aux 50 milliards déjà prévus pour réduire le déficit, au rythme de 18 milliards en 2015, 18 milliards en 2016 et 13 milliards en 2017. Et en effet miroir le patronat réclame des « aides »  et « exonérations » en même temps que des baisses d’impôts, de taxes ou de cotisations ! Cela fait des lustres que des « aides » « exonérations » sont ainsi donnés aux « entreprises » sans effet. Et en même temps que l’austérité budgétaire, la récession s’accroit. Je reprendrai cette expression de Gérard Filoche  qui illustre le drame et l’irrationnel de la situation : c’est comme un jardinier qui arrose la rivière pendant que son jardin s’assèche.