ALZHEIMER: L'exposition au DDT liée à une incidence 4 fois plus élevée – Jama Neurology

Publié le 29 janvier 2014 par Santelog @santelog

Interdit depuis 40 ans en Europe, le DTT est l’insecticide peut-être le plus connu, à la fois pour avoir sauvé des millions de personnes du paludisme et autres parasites, mais aussi pour avoir entraîné des résistances et pour son risque de toxicité sur l’environnement et la chaîne alimentaire. Cependant, avant son interdiction, toute une partie de la population a été exposée. Cette étude américaine, publiée dans le Jama Neurology, identifie des niveaux de pesticide DDT presque 4 fois plus élevés chez les personnes ayant un diagnostic confirmé de la maladie d’Alzheimer.

Le DDT (dichlorodiphényle-trichloroéthane) a été largement utilisé comme pesticide pendant une bonne partie du 20e siècle, mais sa fabrication et son exportation ont été interdites en 1972 par l’Agence pour la Protection de l’Environnement américaine (EPA) et son utilisation a été interdite par la convention de Stockholm, signée par 158 pays en 2001, effective depuis mai 2004. Enfin, seulement en 2009, l’OMS a retiré son approbation pour l’utilisation du DDT dans la lutte anti-vectorielle …En France, tout usage agricole du DDT est interdit depuis le 19 février 1971, néanmoins les concentrations sériques de DTT et DDE en Frrance ne sont pas nulles, de 4 et 118 ng/g de lipides, en moyenne (Voir tableau InVS ci-contre).

Cette étude coordonnée par plusieurs instituts de recherche américains, menée sur 169 personnes, dont 86 patients ayant un diagnostic confirmé de la maladie d’Alzheimer et 79 témoins sains, montre que les niveaux de dichlorodiphényldichloroéthylène (DDE) situés dans le tiers (33%) sont associés à un risque 4 fois plus élevé de diagnostic d’Alzheimer (vs le tiers inférieur). Précisément,

·   Le DDE est détecté chez 80% patients «  Alzheimer  » vs 70% des témoins sains,

·   les niveaux moyens de DDE dans les échantillons de sang des personnes atteintes sont 3,8 fois plus élevés que chez les témoins sains,

·   ces niveaux de DDE dans le sang sont fortement corrélés avec les niveaux de DDE dans le cerveau,

·   les participants classés dans le premier tiers de l’exposition au DTT sont 4,18 fois plus susceptibles d’avoir été diagnostiqués avec la maladie d’Alzheimer vs ceux classés dans le dernier tiers,

·   les variations génétiques, notamment dans le gène APOE ne modifient pas l’association DDE/Alzheimer,

·   aucun autre pesticide n’apparaît à niveau plus élevé chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer vs groupe témoin,

·   l’exposition, en laboratoire, de cellules nerveuses au DTT augmente les niveaux d’une protéine précurseur amyloïde de près de 50%…

Cependant, certains participants atteints d’Alzheimer n’avaient pas trace de DDE dans le sang alors que d’autres participants sains montraient la preuve d’une exposition élevée. Ces données n’enlèvent rien au risque associé à l’exposition au DDT mais suggèrent que la relation peut être influencée par de nombreux facteurs. Enfin, alors que a maladie d’Alzheimer est la maladie neurodégénérative la plus fréquente et que son incidence progresse dans le monde entier, en particulier avec le vieillissement des populations, il est probable que l’influence de ce type de facteurs environnementaux apparaisse de plus en plus évidente au cours des prochaines décennies.

Source:JAMA Neurology January 27 2014 doi:10.1001/jamaneurol.2013.6030Elevated Serum Pesticide Levels and Risk for Alzheimer Disease

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