La montécarlisation de la France

Publié le 29 janvier 2014 par Delanopolis
Scandales de moeurs princières et tourisme olé-olé feront-ils l'avenir économique d'un pays dont la courbe du chômage ne s'inverse pas ? Un nouveau pot aux roses sur Atlantico ! 1 - Le rocher de l'Elysée

Cela faisait bien longtemps que la France n'avait pas autant attiré l'attention des médias planétaires. Valérie Trierweiler, qui devait se contenter d'une indifférence polie hors période de tweets incendiaires, s'est soudain muée en icône mondiale de la femme cocufiée mais stoïque. Une nuée de paparazzis indiens à ses basques, la voilà comme une Angelina Jolie bafouée, ambassadrice humanitaire traînant à Bombay les peines de coeur d'une chatte française.

Pendant ce temps, le poussah élyséen qui l'a congédiée, presque répudiée, troquant sa couronne pour un casque intégral, affecte un air indifférent et vadrouille du côté de la Sublime porte. L'ex-couple étatique a la cuisse aérienne et l'orientalisme de pacotille.

Histoire de nous inventer une énième diversion pour temps troublés, Ottoman-comme-il-respire en profite, au nez et à la moustache d'Erdogan, pour promettre un référendum sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Imaginez bien la situation : votre prétendu déclarant chez vous qu'on attendra l'issue d'un vote pour savoir si vous pouvez l'épouser. Valorisant, n'est-ce pas ?

Si d'aventure ce scrutin voit le jour, il est d’ailleurs certain que le résultat en sera négatif. Il s'agira de donner la question turque en pâture à une opinion française ulcérée pour calmer sa fureur un bref moment. Un "Non" sans grand risque pour le pouvoir et six à douze mois de débats inutiles mais à même de remplir les journaux d'autres nouvelles que celles de la montée inexorable du chômage.

Cette montécarlisation de la France doit nous inciter à réfléchir à notre destin économique alors que la croissance ne repart pas et que tous les indicateurs sont au rouge. L'assurance-chômage, les comptes des hôpitaux, les rentrées fiscales : rien n'évolue dans le bon sens. On parlote, on blatère, on commissionne et la dette grossit inexorablement.

Et si notre destin consistait à nous inspirer jusqu'au bout de la principauté de Monaco ? Nous avons tout ce qu'il faut, dans l'ancienne demeure de la Pompadour, sis 55 rue du Faubourg Saint Honoré à Paris, pour défrayer les chroniques mondaines. Un circuit touristique de l'Elysée à la rue du Cirque, à scooter électrique - véhicule bientôt subventionné par la mairie de Paris - pourrait ravir Chinois et Arabes du Golfe et inspirer la province.

Largement désindustrialisée à la grande satisfaction des décroissants et des écologistes (le solde des ouvertures et fermetures d’usines est négatif de139 unités en 2013 après 95 en 2012), cette France des plaisirs, qui fit tant fantasmer jadis nos occupants allemands, n'aura plus pour retrouver la prospérité qu'à quitter l'Union européenne et se transformer en paradis fiscal, en tout point fidèle à son modèle monégasque. A l'échelle du globe, la France sera un super Monaco, pour le plus grand bien de ses résidents. Ces derniers seront d'ailleurs triés sur le volet, s'agissant des nouveaux arrivants. Foin d'une politique migratoire incohérente : les riches pourront entrer en France et les autres iront se faire voir ailleurs. 1 million de nouveaux eurofrancs la carte de résident, dix millions la naturalisation : une politique enfin lisible, simple et juste.


2 - L'alphabet du chômage

Rangés serrés en catégories A, B et C, les chômeurs à la courbe qui aurait pu être inversée sont désormais au nombre de 5.194.100 avec les Dom, en hausse de 6,0% en un an, ce que Mou-Président qualifie de ... stabilisation ! La propension à nier l'évidence, déviance verbale bien connue des régimes autoritaires, est la forme socialiste du toupet.
Intéressez-vous un instant aussi aux catégories D et E. Ils sont 665 000 de plus, rien qu'en métropole. De qui s'agit-il ? Des demandeurs d'emploi exclus des premières statistiques au motif qu'ils sont malades, en stage de courte durée ou qu’ils bénéficient d'un emploi aidé. Bref, des sous-salariés à peine tirés de leurs difficultés et que menace de manière imminente une replongée dans les trois premières catégories. Toute cette foule tangente les 6 millions d'individus.
Curieusement, ce nombre est équivalent à celui des agents des administrations publiques : Etat, collectivités locales et établissements publics administratifs principalement. La dépendance maladive de leurs employeurs à l'endettement en font, de manière latente et sans qu'ils en aient encore conscience, des employés à l’avenir menacé eux aussi.
N'oubliez évidemment pas les retraités et pensionnés (15 millions au total) ainsi que tous les individus vivant de transferts et de commandes publiques (3 bons millions). Ne négligez pas davantage les salariés des entreprises publiques (1,5 millions) à la merci de privatisations. Et les professions ultra-régulées menacées de déréglementation. Si vous vous demandez pourquoi la France est au bord de la crise de nerfs, nonobstant la morphine qu'on lui fait ingurgiter, vous le comprendrez simplement en méditant ces chiffres. Aujourd'hui, près des deux tiers des habitants de notre pays dépendent de manière vitale d’un système à bout de souffle. Pendant ce temps, on dégoise sur le pacte de solidarité et ses indéfinissables contreparties.

3 - Colère d'un jour

Il est des révolutions scientifiquement organisées, à la manière léniniste et d'autres plus proches de l'exemple français de 1789 : un tourbillon incontrôlé de coalitions hétéroclites entre des groupes unis pour s'attaquer à la monarchie puis très vite lancés dans des affrontements violents entre eux.

Le "Jour de colère" de dimanche dernier, conspué par des esprits naïfs qui croient que les insurrections sont faites par des intellectuels propres sur eux, est clairement le prodrome de cette seconde embardée.

Qu'il y ait d'infréquentables dieudonnistes antisémites et, pis encore pour les médias, d'abjects individus qui s'en prennent aux journalistes ne doit pas faire jeter le bébé révolté avec l'eau du bain réactionnaire. Le courroux de plus en plus puissant contre le régime de François Hollande est la manifestation d'un vrai phénomène populaire, dans sa noblesse comme dans sa vulgarité. C'est d’ailleurs pour cela qu'aucun des grand partis institutionnalisés, y compris désormais le FN, ne voit ce mouvement d'un bon oeil.

Tant que l’oligarchie qui nous gouverne peut conserver la question de la dette publique sous contrôle, ces forces éparses ne parviendront pas à mettre à bas le système. Il en sera différemment en cas d’effondrement financier.

Ces colériques du dimanche devraient en tout cas se méfier. Le dernier exemple connu dans l'histoire de France de ce type d'alliance de circonstances sans leader identifié ni projet politique défini autre que de renverser le gouvernement est celui de juin 1848, qui se termina très mal pour ses auteurs, écrasés par les Républicains, ceux là mêmes qui auraient dû les soutenir.


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