Jack et la mécanique du coeur – Plongée dans un univers onirique

Par Cbth @CBTHblog

La Mécanique du coeur est un de mes romans préférés. Au-delà du seul livre (dont on vous parlera bientôt), c’est un univers à part entière, complété par un album avec de nombreux artistes et même un spectacle que je n’ai pas eu la chance de voir. Quand j’ai su que le livre allait être adapté au cinéma, mon sang n’a fait qu’un tour. Une adaptation d’un film au ciné, ça peut donner le pire comme le meilleur. D’autant plus quand le livre vous plonge dans un univers onirique comme celui de Matthias Malzieu qui permet à votre esprit les plus jolies créations.

Jack est né à Edimbourg en 1874, le jour le plus froid du monde. Un jour si froid, que le coeur de Jack a gelé. Heureusement pour lui, la sage-femme qui l’a mis au monde est aussi un docteur particulier, qui répare les gens à sa façon. Pour sauver ce bébé, le Docteur Madeleine va remplacer son coeur gelé par une horloge mécanique. Un bricolage très fragile qui imposera à Jack de respecter trois lois : Ne pas toucher à ses aiguilles (facile), ne pas se mettre en colère (ça se complique), ne pas tomber amoureux (Aïe, ça devient impossible, surtout quand le destin met sur son chemin, Miss Acacia, une superbe chanteuse à talons aiguilles et à la vue complètement chaotique). Prêt à tout pour rejoindre sa belle, Jack va traverser l’Europe, rencontrant sur son chemin d’étranges personnages et mettant en danger la mécanique de son coeur.

C’est avec beaucoup d’appréhension que je suis ressortie de la salle. J’en suis ressortie les yeux mouillés, un sourire aux lèvres et une micropointe de déception.

Connaissant l’histoire, j’avais une certaine crainte quant à l’adaption de celle-ci et notamment quant à la fin qui serait choisie. Celle du livre et de l’album différaient. Une troisième voie a été choisie ici, plus adaptée à un film d’animation qui forcément, attirera des familles avec enfants dans les salles. C’est une fin plus facile que les deux autres mais qui convient très bien avec la pointe de poésie finale qui clot très joliment l’histoire de Jack. Le reste du film suit dans l’ensemble le cheminement du livre, avec quelques modifications plutôt bien senties pour mon plus grand plaisir. On se laisse complètement transporter par cette histoire et sa jolie musique, quel que soit son âge.  Les plus petits se laisseront porter par l’univers magique les plus grands y verront en plus un message,

Si l’animation m’a parut trop lisse au début, rapidement, je me suis laissée emporter. Les passages musicaux permettent de superbes scènes, encore plus avec l’arrivée du personnage de Georges Meliès (toujours aussi formidable Jean Rochefort). Le choix d’en faire un film d’animation était une évidence, Mathias Malzieu et Stéphane Berla ont su s’en servir à merveille pour nous transporter dans leur univers si particulier et poétique. Le tout, porté par une musique enrichie par rapport à l’album de 2007. Le film nous donne droit à quelques nouvelles chansons, inédites ou non, tout en réinstrumentalisant celles qui existaient. On retrouve ainsi Quijote et Malaguena qu’on avait pu entendre sur les albums d’Olivia Ruiz (Miss Acacia) et un titre totalement inédit très accrocheur : Jack et la mécanique du coeur.

Jack et la mécanique du coeur a donc tout pour me plaire. Pourtant, je vous parle d’une microdéception. Soyons honnête, le film a un souci relativement important : le personnage de Joe. Joe, c’est l’ennemi de Jack, le super méchant, qui n’est méchant que parce qu’il est amoureux de Miss Acacia et jaloux de Jack. Mais qui en devient d’autant plus inquiétant. Enfin, qui aurait du être inquiétant. Malheureusement, Grand Corps malade qui l’interprète a beau avoir une belle voix grave, ça ne suffit pas pour incarner un méchant (ou même n’importe quel autre personnage). Il est slammeur, pas comédien et encore moins doubleur. Résultat, son jeu sonne terriblement faux, enlevant tout crédibilité à son personnage. Il avait beau incarner Joe dans l’album original, il aurait pu (du?) être recasté. Heureusement, c’est la seule erreur de casting. Les autres chanteurs, comédiens pour l’occasion, ne s’en sortent vraiment pas si mal, un peu hésitants dans les rôles d’enfants, parfaits quand Jack et Miss Acacia grandissent. Marie Vincent (à la voix, Emilie Loizeau s’occupant du chant) incarne une superbe Madeleine (même s’il s’agit de mon personnage préféré, je suis totalement objective). Dani est très juste en vieille peau infâme. Et puis, il y a Jean Rochefort qui joue Georges Meliès. Un rôle parfait pour sa folie et sa poésie qui se couple magnifiquement avec celle de Mathias Malzieu.

Au final, un très joli film porté par un superbe univers qui vous donnera envie de vous replonger dans l’album et le livre.

Mélanie