Critique Ciné : Jack et la Mécanique du Coeur, mécanique rouillée

Publié le 08 février 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Jack et la Mécanique du Coeur // De Stépanie Berla (et Mathias Malzieu). Avec la voix VF de Mathias Malzieu, Olivia Ruiz et Grand Corps Malade.


Avant toute chose, il faut que je vous dise que je connais le livre et l’album de Mathias Malzieu et qui a donné lieu à Jack et la Mécanique du Coeur. Le leader du groupe Dionysos s’est vu proposer par un hasard le plus total sur le plateau du Grand Journal par Luc Besson lui-même l’occasion d’adapter son livre et album sur grand écran. C’est maintenant chose faite et je n’étais pas peu impatient de voir le résultat. Après une heure et demie de film, je dois avouer que j’ai été particulièrement déçu. Si la musique de Mathias Malzieu est colle parfaitement à l’univers et lui donne suffisamment de gaîté pour ne pas le trouver totalement raté, j’ai été assez déçu. Je m’attendais à quelque chose de différent, d’une trempe plus rythmée, plus endiablée mais j’ai plus eu l’impression de voir ces dessin animés français qu’il y a le matin sur France 3. Les graphismes n’ont rien d’originaux et je les ai même trouvés assez laids. Je m’attendais vraiment à quelque chose de différent mais apparemment le film ne cherche pas à creuser quoi que ce soit.
Édimbourg 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Le Docteur Madeleine le sauve en remplaçant son cœur défectueux par une horloge mécanique. Il survivra avec ce bricolage magique à condition de respecter 3 lois: premièrement ne pas toucher à ses aiguilles, deuxièmement maîtriser sa colère et surtout ne jamais Ô grand jamais, tomber amoureux. Sa rencontre avec Miss Acacia, une petite chanteuse de rue, va précipiter la cadence de ses aiguilles. Prêt à tout pour la retrouver, Jack se lance tel un Don Quichotte dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais, à Paris jusqu'aux portes de l'Andalousie.
Partant d’une idée ingénieuse, le livre était très réussi. Surtout d’un point de vue de la manière dont la rencontre avec Miss Acacia (dont la voix est réalisée par Olivia Ruiz, concubine de Mathias Malzieu à la ville) se fait. Dans le film, malgré sa grande liberté visuelle, on ne retrouve pas la magie. Ce film d’animation tombe alors dans les précipices de la facilité et même de la niaiserie. Sans chercher à aller plus loin que le bout de son nez, Jack et la Mécanique du Coeur déçoit. Pour réussir cette adaptation il aurait fallu Tim Burton, roi des films d’animation avec une histoire aux bords du conte. Car l’histoire a tous les atouts de ce genre de choses. Je ne m’y attendais pas du tout. Sans parvenir à trouver l’intérêt de ce film, je me suis profondément ennuyé. Et je ne suis pas le seul puisque dans la salle autour de moi, les enfants baillaient et un père de famille ronflait. Ce qui a plus ou moins prouvé qu’au fond ce film aurait pu être fait de façon très différente, voire même beaucoup plus élégante. Car visuellement parlant cela m’a rappelé ce troisième volet de la saga des Garfield. Uniquement sorti en animation, il était d’une laideur sans nom.
Ce qui est également dommage avec Jack et la Mécanique du Coeur c’est que le film n’utilise pas la folie de son héros pour en faire un personnage avec une personnalité beaucoup plus intéressante. Il y avait de quoi jouer avec les sons et les images sauf que à part les très belles chansons qui agrémentent Jack et la Mécanique du Coeur, le tout est assez plat. Finalement, on ne peut retenir que la bande son d’une histoire qui est pourtant si jolie dans son livre dont elle est originaire. Mais Stéphanie Berla (et accessoirement Mathias Malzieu) ne sont pas des Tim Burton en puissance. Loin de là. Dans le genre animation française, j’ai vu beaucoup plus ingénieux ces derniers temps au cinéma : Minuscule. Ruez vous plutôt sur ce dernier qui est merveilleux, ici vous n’irez que donner à vos enfants (et à vous même) l’envie de dormir profondément. Si c’était pour l’heure de la sieste, alors c’est parfait. Mais ne cherchez pas à changer quoi que ce soit, la poésie vient à manquer dans ce film mécaniquement rouillé.
Note : 3/10. En bref, reposant sur des bases classiques et déjà vu, l’histoire du livre ne ressort pas très bien sur grand écran et ce malgré une bande son étincelante.