[Critique] NINJA CHEERLEADERS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Ninja Cheerleaders

Note:
Origine : États-Unis
Réalisation : David Presley
Distribution : Trishelle Cannatella, Ginny Weirick, Maitland McConnell, Georges Takei, Michael Paré…
Genre : Action/Comédie
Date de sortie : 10 mai 2008 (VOD)

Le Pitch :
Courtney, April et Monica ont des journées bien remplies. Le jour, elles ont cours et subissent le harcèlement de professeurs et d’élèves qui bavent tous en chœur devant elles, et le soir, elles apprennent les arts-martiaux auprès de maître Hiroshi, tandis qu’elles travaillent aussi comme stripteaseuses (ben voyons). Outre le fait qu’elles vont se vautrer lamentablement à leurs partiels, elles ont un autre problème : des mafiosi sortis d’un film de gangsters des années 30 kidnappent Hiroshi (qui est aussi patron du club de striptease). Les trois charmantes demoiselles vont se fâcher tout rouge et se lancer à la rescousse de leur maître bien-aimé…

La Critique :
Pour atteindre le niveau de certains films, il faut descendre très bas. À l’instar de James Cameron, j’ai décidé d’explorer les profondeurs marines, dans la fosse des marquises. À ce niveau, la pression est très forte et la lumière absente. Bonjour, monsieur le poisson lanterne, mais que tiens dans ta gueule ? Un DVD ? Mais que c’est étrange de trouver un film à cet endroit, il doit être très abyssal. Je découvre le titre : Ninja Cheerleaders. À ce moment, un doute m’envahit. Est-il possible qu’un humain ait pu réaliser une chose pareille ? Vous l’aurez compris, cette dose d’ironie est nécessaire afin d’appréhender l’œuvre en question.
Tels des films comme Aliens Vs Predators, Le Gendarme à New-York ou encore 20.000 Vieux sous Mémère, Ninja Cheerleaders possède cette caractéristique peu enviable d’avoir un scénario qui se limite…….au titre du film. Dans ce cas, pourquoi un tel postulat mariant deux univers qui n’ont absolument rien à voir : les campus américains d’un côté, et les arts-martiaux japonais ?
On peut imaginer que lorsque les producteurs ont fait le brainstorming aboutissant à la création du film, ils ont sorti un truc du genre :
« -  Bon les mecs, il nous faut un produit pour les ados attardés américains et mâles, alors vous allez sortir un fantasme masculin et un truc japonais, chinois, enfin asiatique, quoi. Toi là, tu proposes quoi ?
– Euuuuuh Susan Boyle qui fait du karaté ?
–Euuuh y a de l’idée, mais non. Et toi le nouveau ?
– Des pom pom girls ninjas. – Ben voilà, bon ça y est, on tient notre film, on va se mater un match ».

Mais le film ne se limite pas à un postulat aussi improbable qu’un Nazgul en tongs, tout le reste est du même tonneau. On commence avec un générique au lettrage et à la musique atroces. Vient alors la première scène où on voit nos ninjettes voler un sabre dans une base militaire américaine (car oui, les bases militaires américaines ont des katanas en vitrine dans des entrepôts, c’est bien connu). Bien sûr, les militaires vont défendre la base comme ils peuvent mais se font battre à plate couture. La scène de baston contient son lot de bruitages cheap, et là nous avons la sensation d’une faille temporelle : le film date de 2008 mais calque tout sur les codes des téléfilms cheaps des années 80 diffusés sur FX et Action. Nous sommes en présence d’une perle rare. Le choc du film apparait dès le début quand on voit George Takei, un pilier de la franchise Star Trek, dans cette chose (bon, le système de retraite aux USA n’est pas le même qu’en France, mais ça n’excuse pas tout, d’autant qu’avec ce film, il a du toucher 3 dollars maximum).
L’autre choc intervient lorsqu’on découvre que ce film se veut être aussi une comédie. Sans qu’on sache pourquoi (oui, le scénariste, sûrement un stagiaire de 3ème, s’est lâché avec ce truc mais a oublié certaines explications au passage), les demoiselles sont soumises à un interrogatoire et prouvent qu’elles ne sont pour rien dans l’histoire du sabre, elles nient connaitre quoi ce soit à tout ce qui se rapporte au Japon : « Le seul mot que je connaisse en japonais, c’est hola ». Mais que c’est drôle. Vous l’aurez compris, dès le début, on sait où on met les pieds et le film ne fait que s’enfoncer peu à peu.
Comme on n’est pas à une aberration scénaristique près, on apprend que nos héroïnes (présentées avec leurs noms, spécialités en arts-martiaux, mais aussi leurs groupes et bouquins préférés, allez savoir pourquoi) sont étudiantes et pom-pom girls le jour, apprenties ninja le soir et…stripteaseuses juste après. Mais attention, stripteaseuses capables de balancer des théories sur Bonaparte pour répondre à une discussion entre clients (oui, c’est connu, quand on va dans un club de strip, on parle histoire en balançant des noms au hasard). Pour rameuter un semblant de public féminin, on met en avant des femmes qui cognent trop bien, qui en ont dans la tête et qui envoient paître des boulets (avec, encore une fois, des réparties comme « Attention, t’es en train de te baver dessus là »). Pour les hommes, on introduit le fait qu’elles font aussi du striptease avec, pour éviter que le spectateur ne s’endorme dès le générique, une incrustation de plans de seins d’environ…….2 secondes, tel un message subliminal « BOOBS » car le spectateur capable de s’intéresser à ce truc est mammo-dépendant, c’est bien connu. À vouloir jouer sur les tableaux girly et pour homme, on finit par se demander si le spectateur type du film n’est pas un redneck à fort taux de consanguinité ou sous influence d’ingestion massive de bière bon marché et/ou de substance illicite. Oui, je sais, cette remarque est hyper-stéréotypée et des clichés, on en a à la pelle dans le film. Les mecs sont tous des obsédés (qu’ils soient professeurs, marins en costume…), les gangsters sont habillés comme dans les années 30, la relation entre les trois demoiselles est ambivalente….
Bref rien ne nous est épargné dans ce truc, y compris un certain ton moralisateur (le striptease, c’est trop horriiiiiiiiiiiiiiiiiiible comme job) ou encore le non-jeu poussé à l’extrême, à faire passer le casting de Plus Belle La Vie ou de Twilight pour des acteurs shakespeariens.
Ninja Cheerleaders aurait pu être une série B sympa…………non en fait, c’était couru dès le départ, ce film est une purge abyssale que l’absence de moyens ne peut pas justifier (surtout quand on peut voir des bijoux réalisés avec un petit budget). Si vous voulez le regarder pendant une soirée popcorn, remplacez les dits popcorns par des psychotropes. Certes il y a des risques de bad trip, mais vous pourrez peut-être arriver à trouver quelque chose de vaguement intéressant là-dedans.

@ Nicolas Cambon

action arts martiaux Comédie critique David Presley Georges Takei Ginny Weirick Maitland McConnell Michael Paré Ninja Cheerleaders Trishelle Cannatella