Critique Ciné : Les Apaches, le vrai visage

Par Delromainzika @cabreakingnews

Les Apaches // De Thierry de Peretti. Avec François-Joseph Culioli et Zaziz El Haddachi.


Dans la sélection officielle de la Quinzaine des Réalisateurs du dernier Festival de Cannes et premier film de Thierry de Peretti, tout cela sur fond d’un pays Corse que l’on n’aura jamais vu, Les Apaches avait quelque chose de séduisant. Et pourtant… En effet, en voulant se faire le porte parole d’une jeunesse perdue dans une société qui ne semble plus vraiment lui correspondre, le film rate le coche. Malgré le fait que cette histoire soit tirée d’un fait divers je n’ai malheureusement pas ressenti toute l’implication émotionnelle que cela aurait dû avoir. Je ne peux cependant pas nier l’efficacité de certains moments et la tension qu’ils imposent. Notamment par un silence. Je ne vais cependant pas être méchant avec Thierry de Peretti d’un point de vue de ses choix de mise en scène, pas toujours intelligents car je dois avouer que l’utilisation du 4/3 par exemple fait son petit effet, donnant l’impression d’être plongé derrière la caméra amateur d’un des adolescents de l’histoire. C’est peut-être ça finalement, un regard amateur sur une Corse socialement désoeuvrée.
Corse / Extrême Sud / L’été.  
Pendant que des milliers de touristes envahissent les plages, les campings et les clubs, cinq adolescents de Porto-Vecchio trainent. Un soir, l'un d'eux conduit les quatre autres dans une luxueuse villa inoccupée... La bande y passe clandestinement la nuit. Avant de partir, ils volent quelques objets sans valeur et deux fusils de collection. Quand la propriétaire de la maison débarque de Paris, elle se plaint du cambriolage à un petit caïd local de sa connaissance…


Le problème de Les Apaches c’est qu’à mon sens il souffre de la comparaison avec l’excellent Gomorra. On on est très loin. Je sais pertinemment qu’il s’agit d’un premier film et que l’on ne peut pas trop en vouloir au réalisateur, cependant le scénario est tout de même truffé de petites incohérences qui empêchent réellement de se laisser avoir par toute cette histoire. Car le fait divers, assez poignant, n’est pas suffisamment bien mis en avant. L’histoire se transforme par moment en teen-movie amateur, notamment car le casting en lui-même fourmille d’acteurs amateurs méconnus. Je voudrais malgré tout souligner le fait que ce film cherche avant tout à nous plonger dans un univers que l’on ne connait pas et qu’il est difficile d’apprivoiser. Ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de voir la Corse de ce point de vue là. J’aurais peut-être aimé que Les Apaches ne veuille pas tomber dans la narration façon fiction. On sent par moment que les choses sont calculées alors que cela aurait certainement mérité plus de liberté.
Thierry de Peretti voulait très certainement nous permettre de nous rendre compte de ce qu’est la Corse aujourd’hui. On est donc très loin des plages de cartes postales mais plus proche du grand banditisme, de la violence qui règne dans ces montagnes, etc. Les paysages sont beaux mais il y a quelque chose de plus rugueux, plus âpre derrière qui donne une vision bien différente du pays. Notamment quand l’on peut voir des hommes regarder des assassinats sans avoir la moindre réaction. L’intensité est donc présente par moment et nous donne réellement l’impression de plonger au coeur du spectacle. Dommage que le film s’écarte assez souvent de ce qui fait sa force pour nous servir quelque chose de médiocre tout cela à cause d’un casting pas très maitrisé. Je pense que les acteurs amateurs cela peut être à la fois une brillante idée si ceux-ci trouvent leur voix, et une très mauvaise idée comme ce fût le cas dans Les Apaches. Ils ne nous impliquent pas autant que l’on pourrait le vouloir dans leurs aventures.
Note : 4/10. En bref, la faute à des incohérences et à un casting amateur raté, Les Apaches trouve son réconfort dans des choix de mise en scène intéressants tout comme quelques moments de tension surprenants.
Date de sortie : 14 août 2013