Critique Ciné : La Voleuse de Livres, touchante guimauve

Par Delromainzika @cabreakingnews

La Voleuse de Livres // De Brian Percival. Avec Geoffrey Rush, Emily Watson et Sophie Nélisse.


Adapté du roman à succès de Markus Zusak, vendu à près de 8 millions d’exemplaires, La Voleuse de Livres tente de nous plonger dans le monde de la Seconde Guerre Mondiale au travers des yeux d’une jeune fille qui tente de comprendre le monde qui l’entoure. L’histoire aurait très bien pu rester terre à terre mais au contraire, l’histoire est suffisamment poétique pour toucher le spectateur. Le problème inhérent à La Voleuse de Livres malgré tout c’est sa mise en scène. Réalisé par Brian Percival (Downton Abbey, Nord et Sud), on retrouve tous les poncifs visuels des fictions télévisées mais malgré tout je n’ai pu m’empêcher de trouver tout ça charmant. La jeune Sophie Nélisse nous plonge dans son histoire. D’une enfant silencieuse et presque muette va naître une vraie bâtante. L’émotion est alors de plus en plus forte jusqu’à la fin du film, bouleversante. Car le but n’est pas de nous raconter une histoire heureuse mais bel et bien de nous raconter quelque chose de terrible. Certes, le film est très convenu mais il y a tout de même un truc assez mignon pour laisser le spectateur avec une belle et bonne impression.
L’histoire de Liesel, une jeune fille envoyée dans sa famille d’adoption allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle apprend à lire avec le soutien de sa nouvelle famille, et de Max, un réfugié Juif qu’ils cachent sous leurs escaliers. Pour Liesel et Max, le pouvoir des mots ainsi que leur propre imagination vont devenir leur seule échappatoire face à la guerre.
Impossible de ne pas tomber sous le charme de cette histoire qui prend parfois le parti d’être une sorte de conte où les méchants sont les nazis et où les enfants tentent de sauver leur existence plus ou moins terne en voyageant. Cela passe aussi bien au travers de frissons gagnés lors d’une petite course anodine ou bien de livres volés. Certes, l’amour du livre est un accessoire pour l’histoire mais le message est tout de même touchant. Du coup, reste de cette petite histoire pleine de charme quelques réflexions sur le monde de l’Allemagne nazi. Cela passe notamment au travers du regard de Rudy qui ne comprend pas toujours pourquoi il peut être vu comme l’élite allemande ou encore comme quelqu’un qui n’a pas le droit de ressembler à son idole de l’athlétisme. La Voleuse de Livres reste cependant une adaptation plutôt réussie car pleine d’humilité. Le film ne veut pas trop en faire sur les bords et nous plonge également du point de vue des allemands et non pas soit des méchants soit des alliés. C’est une très bonne idée car un point de vue finalement très peu exploré.
Si le film n’est pas un modèle de mise en scène, on peut tout de même saluer le fait que l’angle fonctionne. Les allemands ne sont pas heureux dans un pays où règne l’oppression, la quête du meilleur et où finalement les gens crèvent de faim s’ils n’intègrent pas le parti (c’est largement dit lorsqu’un SS annonce à Hans qu’il pourrait vivre confortablement s’il rejoignait les rangs nazis). Je suppose que cela permet aussi de voir que dans la misère les gens ont fini par accepter tout un tas de choses. On ne sait pas quel aurait été notre réaction si l’on avait été à la place de ces gens même si tout le monde aujourd’hui veut être un gentil. Finalement, avec une matière déjà très exploitée au cinéma depuis des années, le film tente de prendre un nouvel angle très peu vu. Un choix intelligent qui nous plonge au coeur d’une Allemagne pauvre malgré la puissance territoriale du pays. Avant d’aller voir l’angle des « Monuments Men », voici donc celui d’une jeune fille qui s’est découvert un esprit de bâtante.
Note : 6/10. En bref, malgré un pathos marqué et une mise en scène guimauve, le tout reste très touchant et original notamment pour l’angle choisi.