Touriste

Publié le 19 février 2014 par Lorraine De Chezlo
de Julien Blanc-Gras
Roman - 280 pages
Editions Au diable Vauvert - mai 2011
Editions Livre de Poche - mai 2013
L'auteur a beaucoup voyagé, il aime cela, un appel permanent, un métier, une soif de découvrir de l'ailleurs, la crainte de n'avoir pas posé ses baskets sur chaque pays de la carte. Au fil des séjours, professionnels pour la plupart, il note ses impressions, chroniques sarcastiques, réalistes, et réflexions sur le touriste : ce qu'il cherche et ce qu'il suscite.
A chaque chapitre sa carte postale rédigée avec passion et spontanéité. L'Angleterre et les travailleurs immigrés à l'usine, la Colombie que la réputation de violence ne devrait pas porter préjudice au tourisme, l'Inde et le Népal autour des héritages de Bouddha, la Tunisie et un interlude par un authentique club med, le Maroc et son désert, la Polynésie et les faux clichés sur Papeete, le Brésil avec les inégalités de Rio et les nouveaux treks dans la favela de Rocinha, la Chine sous la chaleur accablante de Chongqing, le Guatemala, le Proche-Orient avec les lourdes contradictions de Jerusalem, Madagascar pour étudier la biodiversité marine et voir les gens sombrer dans la crise, Paris pour une halte jet-laggée, le Mozambique au sein d'une expédition scientifique.Ce livre se dévore. D'emblée j'ai aimé ce ton, ces petits récits de voyage façon blog, mais sans photo, toutefois très imagés grâce à une plume efficace, drôle, ironique et sincère. Son regard est le nôtre. Et ce titre, d'une grande humilité, pour contrer ceux qui prônent le discours : "je n'ai aucune envie de visiter XX, c'est trop touristique". Quels que soient les circuits adoptés, vivre un temps hors du domicile, hors de son environnement quotidien et de ses occupations habituelles, c'est être touriste. L'accepter d'abord, puis en profiter ensuite, avec respect et humilité.
Extrait :"Le touriste inspire le dédain, j'en suis bien conscient. Ce serait un être mou, au dilettantisme disgracieux. C'est un cliché qui résulte d'une honte de soi, car on est toujours le touriste de quelqu'un. Rien n'empêche de concevoir le tourisme comme un cours de géographie à l'échelle 1, et la géographie comme le terreau de toutes les sciences humaines. Sous les cartes, les hommes. La dynamique du monde ne s'appréhende pas en restant dans un fauteuil. Il faut que j'actionne mon mouvement perpétuel."
A noter, un chapitre sur Jérusalem qui ne laisse pas indifférent en cette période de polémique autour de l'humour acceptable. Il n'a pas sa dérision dans sa poche, c'est naturel et ça fait du bien, comme écouter un ami nous raconter ses voyages autour d'un verre...
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