Et puis il y a Marie, toujours aussi belle vingt ans après, qui court après les années passées, ou qui refuse simplement d'intégrer le train-train de ce monde, les règles des gens « normaux ». Une nuit à Rome traite de l'amour, mais nous parle aussi du cadre de vie. Cadre au sens de bordure, au sens que passé un âge, la folie n'a plus sa place dans la vie. Faut-il l'accepter et vivre benoitement dans le rang ? Faut-il refuser à tout prix ? Les réponses possibles peuvent être découvertes dans cette histoire. La vérité, c'est que ce récit nous renvoie tout en délicatesse à nous-même et à nos propres choix. La vérité, c'est que la Réponse est au fond de nous. La vérité, c'est qu'on refuse de se pencher et de la contempler, car c'est parfois tellement plus rassurant de ne pas cavaler à côté du sentier battu. Nous ne sommes pas si loin de Raphaël ou de Marie.Jim nous entraîne dans cette folle aventure avec le talent de l'auteur qui sait nous ménager de belles surprises, qui sait rendre ces personnages si humains avec leurs doutes, leurs hésitations et leurs erreurs. En effet, dans Une Nuit à Rome, les gens se trompent, regrettent, sont sur le point de faire des conneries, se reprennent à temps, ou pas... En bref, les gens sont des êtres humains, touchants et agaçants, émouvants et irritants. Jim, en plus de cela, construit savamment son scénario pour nous happer dans cette nuit et ses préparatifs. La tension dramatique est là et la fin de l'histoire tombe en nous laissant face à nous-même.Derrière les pinceaux, Jim a beaucoup travaillé pour trouver le style de cette histoire. Les personnages sont réalistes. Leurs expressions font mouche, on les saisit tout de suite, et leurs attitudes sont parlantes. Les décors semblent réalistes. En fait, en regardant bien, ils ont un aspect inachevé, estompé, qui les rend paradoxalement plus présents et plus beaux. Ils « vibrent » au côté des personnages. Les couleurs achèvent de nous faire basculer dans l'histoire. La nuit Romaine est aussi envoutante par ses rencontres que par sa palette de couleurs. Le cadrage repose sur trois bandes découpées en une à quatre cases, mais Jim brise parfois cette ligne de conduite pour nous offrir de magnifiques dessins pleine page. Tel un réalisateur, il joue habilement sur des effets de montage cinéma pour parfois enchaîner des changements de séquence tout en douceur et en légéreté. Les angles de vue insistent aussi discrètement sur les poses des personnages, capturés dans ces mouvements du quotidien alors qu'ils sont entraînés petit à petit vers un drame fort et intense. Une Nuit à Rome m'a offert un beau voyage. Il s'agit d'une magnifique BD romantique, humaine, à laquelle je trouve qu'il manque néanmoins une petite goutte. Cette petite goutte indéfinissable, cette petite goutte salée qui reste au coin de l'oeil quand vous refermez un volume, ce petit serrement de gorge qui vous empêche de reprendre pied immédiatement avec la réalité, ce minuscule vague à l'âme qui vous tient encore quelques secondes dans l'univers de l'histoire après l'avoir quittée, cette once d'étrangeté qui vous fait sentir que le monde est différent maintenant, cet infime sentiment qui vous empêche de reprendre tout de suite votre vie de tous les jours. Ce petit rien qui finalement n'est pas absent, car pour ma part, en fermant cette histoire, je me suis penché pour jeter un oeil au fond de moi-même sur la Réponse, cette fameuse Réponse... Et vous, après avoir plongé dans cette BD, vous pencherez-vous pour regarder en vous ?David
Et puis il y a Marie, toujours aussi belle vingt ans après, qui court après les années passées, ou qui refuse simplement d'intégrer le train-train de ce monde, les règles des gens « normaux ». Une nuit à Rome traite de l'amour, mais nous parle aussi du cadre de vie. Cadre au sens de bordure, au sens que passé un âge, la folie n'a plus sa place dans la vie. Faut-il l'accepter et vivre benoitement dans le rang ? Faut-il refuser à tout prix ? Les réponses possibles peuvent être découvertes dans cette histoire. La vérité, c'est que ce récit nous renvoie tout en délicatesse à nous-même et à nos propres choix. La vérité, c'est que la Réponse est au fond de nous. La vérité, c'est qu'on refuse de se pencher et de la contempler, car c'est parfois tellement plus rassurant de ne pas cavaler à côté du sentier battu. Nous ne sommes pas si loin de Raphaël ou de Marie.Jim nous entraîne dans cette folle aventure avec le talent de l'auteur qui sait nous ménager de belles surprises, qui sait rendre ces personnages si humains avec leurs doutes, leurs hésitations et leurs erreurs. En effet, dans Une Nuit à Rome, les gens se trompent, regrettent, sont sur le point de faire des conneries, se reprennent à temps, ou pas... En bref, les gens sont des êtres humains, touchants et agaçants, émouvants et irritants. Jim, en plus de cela, construit savamment son scénario pour nous happer dans cette nuit et ses préparatifs. La tension dramatique est là et la fin de l'histoire tombe en nous laissant face à nous-même.Derrière les pinceaux, Jim a beaucoup travaillé pour trouver le style de cette histoire. Les personnages sont réalistes. Leurs expressions font mouche, on les saisit tout de suite, et leurs attitudes sont parlantes. Les décors semblent réalistes. En fait, en regardant bien, ils ont un aspect inachevé, estompé, qui les rend paradoxalement plus présents et plus beaux. Ils « vibrent » au côté des personnages. Les couleurs achèvent de nous faire basculer dans l'histoire. La nuit Romaine est aussi envoutante par ses rencontres que par sa palette de couleurs. Le cadrage repose sur trois bandes découpées en une à quatre cases, mais Jim brise parfois cette ligne de conduite pour nous offrir de magnifiques dessins pleine page. Tel un réalisateur, il joue habilement sur des effets de montage cinéma pour parfois enchaîner des changements de séquence tout en douceur et en légéreté. Les angles de vue insistent aussi discrètement sur les poses des personnages, capturés dans ces mouvements du quotidien alors qu'ils sont entraînés petit à petit vers un drame fort et intense. Une Nuit à Rome m'a offert un beau voyage. Il s'agit d'une magnifique BD romantique, humaine, à laquelle je trouve qu'il manque néanmoins une petite goutte. Cette petite goutte indéfinissable, cette petite goutte salée qui reste au coin de l'oeil quand vous refermez un volume, ce petit serrement de gorge qui vous empêche de reprendre pied immédiatement avec la réalité, ce minuscule vague à l'âme qui vous tient encore quelques secondes dans l'univers de l'histoire après l'avoir quittée, cette once d'étrangeté qui vous fait sentir que le monde est différent maintenant, cet infime sentiment qui vous empêche de reprendre tout de suite votre vie de tous les jours. Ce petit rien qui finalement n'est pas absent, car pour ma part, en fermant cette histoire, je me suis penché pour jeter un oeil au fond de moi-même sur la Réponse, cette fameuse Réponse... Et vous, après avoir plongé dans cette BD, vous pencherez-vous pour regarder en vous ?David