Amsterdam

Publié le 21 février 2014 par Paniervolant

Ces quelques mois passés chez Maitre Couturier me semblaient tellement linéaires et en total paradoxe avec ma vie nocturne.

Mon cercle d'amis s'agrandissait alors que mes aspirations professionnelles me semblaient sans issue.

Mes deux amis étaient absents, jusqu'au jour où Larry rentra de Kuala-Lumpur.

Il avait apporté avec lui tout un stock de chemises de style batik, dans l'espoir de les revendre à Paris. Il est vrai qu'il était toujours très avant-garde et s'imaginait déjà avoir flairé la bonne affaire.

C'est ainsi que nous avions décidé de nous rendre au marché aux Puces de Clignancourt afin de vendre le stock de chemises. Il était facile à cette époque d'installer un stand provisoire, sans aucune réglementation.

Hélas, après deux week-end passés aux Puces inutilement, il était évident que ces chemises n'intéressaient personnes.

Nous avions alors tenté de les proposer aux différentes boutiques des quartiers Saint-Germain ou Saint-Michel, mais nos talents commerciaux s'étaient révélés nuls, au point que ces chemises commençaient à nous peser. Elles furent donc oubliées quelques temps.

J'étais de plus en plus lasse de mon job chez le notaire et de toutes ces faces de "croquemorts" qui m'étaient devenues insupportables.

Un jour Larry m'annonça son intention d'aller faire un petit séjour à Amsterdam et me suggéra de l'accompagner.

Après mûre réflexion, je larguai définitivement la chambre de la rue de Siam, où ma présence se faisait de plus en plus rare, et j'oubliai définitivement le notaire sans oublier d'accomplir toutes les formalités nécessaires.

Ma vie se résuma alors à un sac de voyage et à mon ami Larry, qui lui se retrouvait avec deux sacs de voyages, dont un énorme contenant tout le stock des fameuses chemises batik.

Notre voyage Paris via Amsterdam se fit par le moyen de transport de l'époque, l'auto-stop.

C'était facile, Larry se cachait avec les sacs, moi je fais signe aux chauffeurs qui s'arrêtaient facilement, leur laissant la surprise d'un second passager et de sacs encombrants, et lorsqu'un

chauffeur nous laissait en pleine ville nous étions obligés de prendre un taxi à cause de nos sacs trop lourds.

Nous commencions alors à maudire ce stock de chemises.

Arrivés à Amsterdam, nous avions bien essayé de les proposer à différentes boutiques mais en vain...

Elles restèrent donc à l'hôtel dans leur sac, et nous séjournions deux semaines dans la ville, profitant du soleil, de la mer, des restaurants indonésiens, des ballades en ville et de faire la fête le soir en discothèque, avec des amis rencontrés sur place.

À la fin de notre séjour, il était évident qu'il n'y avait rien de concret pour nous à Amsterdam.

Les finances au plus bas, Larry se décida de rentrer à Londres et moi de rentrer à Paris chez des amis, espérant me retrouver un nouveau job.

Mais qu'allions nous faire de toutes ces chemises avant notre départ ? Il fallait à tout prix s'en séparer.

C'est ainsi que l'idée de les offrir aux hippies qui squattaient la place Dam nous semblait la meilleure solution.

Pourtant quelle ne fut pas notre stupéfaction devant tous ces jeunes qui se méfiaient de nous croyant à une blague, sans oublier ceux qui devenaient trop hésitants et sélectifs soit pour la taille, soit pour la coupe ou la couleur des différents modèles !!!

Ecoeurés, nous partîmes définitivement d'Amsterdam, en abandonnant au beau milieu de la place Dam, le sac et son stock de chemises maudites !!!

C'est pourtant quelques temps après que les chemises et tee-shirts de style batik allaient faire fureur !!!!

Larry avait donc flairé la bonne affaire, mais avait été juste un peu trop avant-garde...........