Le César du Meilleur Espoir, ce scandale

Publié le 24 février 2014 par Wtfru @romain_wtfru

Comme chaque année, la grande famille du cinéma français va se réunir en feignant le plaisir (les rapports Lescure et Bonnell sont passés par là pendant que Vincent Maraval et Michel Hazavanicius blablatent vainement pour SoFilm) pour une grande soirée de récompenses aussi pénible que démago et aussi drôle qu’un spectacle de Stéphane Bak. Effectivement, si Antoine de Caunes n’est heureusement plus là pour faire plaisir au public Canal +, on n’est pas à l’abri d’un Jamel Debbouze qui ira faire des gags consensuels sur la diversité qui seront applaudis par Libération (si le journal existe encore à ce moment-là) en se moquant des vraies têtes pensantes de notre cinéma dans un élan d’abêtissement du public (remember Margaret Ménégoz) alors que Canal se frottera les mains des audiences… On va s’ennuyer à 100 sous de l’heure, clairement.

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Sans commentaires.

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Si, au point de vue artistes récompensés, les Césars n’ont rien à envier aux autres cérémonies nationales dans la mesure où on retrouve comme dans chaque pays les habitués qui pourraient jouer des chaises qu’ils seraient nominés (Sandrine Kiberlain est nominée pour la septième fois cette année, Fabrice Luchini pour la neuvième fois, Léa Seydoux pour la quatrième en huit ans de carrière… – Etrangement, Daniel Auteuil n’est pas présent) des règles complètement idiotes comme ce nombre d’acteurs nominés (pas le même nombre entre premiers rôles et seconds rôles) et des choix plus qu’étonnants (Omar Sy meilleur acteur pour Intouchables, JoeyStarr nominé seulement dans le meilleur second rôle pour Polisse alors qu’il est presque constamment présent à l’écran…), ils ont cependant un élément scandaleux qui revient chaque année et qui semble passer à travers des critiques qu’ils reçoivent:  le César du Meilleur Espoir.

Avec le César d’Honneur, il est ce qui se fait de plus ridicule dans le monde du cinéma de nos jours. Et en plus, c’est insultant. Prenons pour commencer la définition plus que lâche de meilleur espoir ? A partir de combien de films n’est-on plus un espoir ? Comment peut-il y avoir des acteurs nominés plusieurs fois au meilleur espoir ? Malik Zidi, par exemple, a été nominé 4 fois au meilleur espoir masculin. Pas sûr qu’être l’éternel espoir fasse plaisir. Mais ce n’est pas là que cette récompense est un pur scandale qui prouve que notre cinéma se complait dans la médiocrité et le nombrilisme le plus abject.

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4 fois nominé. Malik Zidi, l’éternel Freddie Adu (source allociné)

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Dans les nominés de cette année, on retrouve Goldshifteh Farahani pour Synghe Sabour. On parle d’une actrice qui a près de 15 ans de carrière, qui a tourné à Hollywood en 2007 dans un film de Ridley Scott, Mensonges d’Etat, et dont on a beaucoup parlé en il y a deux ans avec la sortie de Poulet aux Prunes. Chez les hommes, on trouve Vincent Macaigne (ce qui exclut donc une sélection basée sur l’âge), qui est un metteur en scène, comédien depuis 2000 et acteur d’une bonne dizaine de films depuis près de 10 ans. C’est à peu près tout le contraire de ce qu’un ”meilleur espoir” représente. Pire encore, les années précédentes, Mélanie Thierry fut récompensée en 2010, après une carrière de 11 ans l’ayant vue jouer par exemple le rôle d’Esmeralda dans le sympathique Quasimodo d’el Paris de Richard Berry et dans quelques grosses productions françaises comme 15 Août, Chrysalis ou encore Largo Winch.
Parlons aussi de la honte Edgar Ramirez pour Carlos. Non pas que sa prestation ne le méritait pas, loin de là, simplement, donner un César de Meilleur Espoir à un type qu’on a pu voir jouer des rôles importants chez Tony Scott (Domino), Paul Greengrass (La Vengeance dans la Peau) ou encore Steven Soderbergh (Che), c’est de l’ignorance du cinéma mondiale au mieux ou de la bêtise dans le pire des cas. Les exemples sont légions et atteignent des sommets d’années en années. Il n’y a pas de Best Newcomer Award aux Oscars, inutile de se demander pourquoi.

C’est du même acabit que les Césars d’Honneur qu’on offre à n’importe qui n’importe quand. Cette année, c’est Scarlett Johansson qui va en recevoir un pour l’ensemble de sa carrière. La carrière de Scarlett Johansson a moins de 20 ans, l’actrice américaine en a 29 et elle est en pleine possession de ses moyens. Lui donner une telle récompense est insultant dans la mesure où elle célèbre le fait que le meilleur est derrière elle. Ou alors on profite d’un tournage en France de Johansson pour faire le buzz… L’année dernière, c’était Kevin Costner, 59 ans (donc encore dans la force de l’âge) qui l’avait reçu… alors qu’il était en tournage en France. Quelles belles coïncidences.

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Laid.

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On va vraiment finir par se demander si le seul qui avait compris ce que devait être un César du Meilleur Espoir, ce n’est pas Gérard Jugnot avec son film de 2000, Meilleur Espoir Féminin, révélant Bérénice Béjo qui avait été nominée… au César du Meilleur Espoir Féminin. A l’époque gagné par Sylvie Testud, pour son treizième film…

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