Wes Anderson, l’autodidacte

Publié le 26 février 2014 par Tempscritiques @tournezcoupez

L’art ne s’apprend pas. Que ce soit Jimi Hendrix, dont les doigts glissaient magiquement sur sa guitare, ou Wes Anderson, qui s’est moulé au long de sa filmographie une empreinte distinctive, l’autodidactisme a parfois propulsé de grands artistes. Bien loin d’un art réformé et contraint par des limites imposées, il pousse les artistes à inventer, innover, fabriquer ou renouver sans cesse les genres,comme si l’imagination humaine n’avait, elle, aucune barrière.

Depuis ses premiers pas en tant que réalisateur, en 94, avec Bottle Rocket (format court), Wes Anderson a eu le temps de peaufiner et d’améliorer qualitativement son cinéma. L’ensemble des œuvres d’Anderson sont liées par un lien spécifique du cinéaste. Il est donc né un style nouveau, fortement influencé par la culture propre d’Anderson (musicale [voir la vidéo ci-dessous], cinématographique et artistique dans son ensemble), bien loin des œuvres académiques ou plus classiques des "artistes" qui n’osent pas forcément sortir des convenances.

http://www.youtube.com/watch?v=UdRC9oDeVjk

Humour pince sans rire, frais ou froid, et fortement décalé. Mélange de comédie et de tragédie rythmé par une bande-son pop-rock’n roll. Travellings linéaires, rapides et précis. Couleurs joviales, vives et un brin kitsch. Voilà en quelques mots – non exhaustifs – la définition du "style Anderson", qui laisse chez le spectateur (dont la fibre artistique est immédiatement excitée) à la fois un goût sucré et acidulé. Car s’il émane une certaines douceur dans les films d’Anderson, il y a parallèlement une face – ou un fond – plus sérieux, plus préoccupant, ou comme évoqué préalablement, plus tragique : une tentative de suicide dans La Famille Tenenbaum, la mort d’un enfant dans Darjeeling Limited, ou bien encore, pour ne citer que cela, l’amour impossible et l’univers familial difficile de Moonrise Kingdom.

Si donc l’art se définit par cette aptitude à défier et dépasser l’existant et pousser plus loin les limites de la création et de l’imagination, Wes Anderson répond alors avec certitude à la définition de l’artiste, et ses œuvres filmiques s’inscrivent comme exemples.

La volonté délibérée de franchir allègrement les frontières de l’imagination et de la créativité fait partie intégrante de la personnalité et du raisonnement de l’artiste. Le goût de Wes Anderson pour l’habillement témoigne parfaitement de cette profonde détermination. Associer cinq couleurs différentes et mêler carreaux et rayures ne le terrifie pas. Qu’importe les convenances ? Après tout, c’est quand même classe, non ?

BONUS :

Making of DARJEELING LIMITED

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