Desperate Living

Publié le 26 février 2014 par Olivier Walmacq

genre: inclassable (interdit aux - 16 ans)
Année: 1977
durée: 1h30

l'histoire: Une riche femme au foyer assassine son mari avec l'aide de sa servante. Les deux femmes prennent la fuite et se réfugient à Mortville, où elles font la connaissance d'une lesbienne et sa maîtresse. Elles s'unissent pour affronter Queen Carlotta, qui règne en maître sur la ville.

La critique d'Alice In Oliver:

On connaît surtout le réalisateur John Waters pour être le grand représentant de la vague Underground. C'est un mouvement qui trouvera son public (la plupart du temps, les hippies) dans les années 70 et qui rencontrera son succès avec les Midnight Movies, donc les films diffusés à minuit dans quelques salles obscures de New York. C'est ainsi que certains grands noms commenceront à se faire connaître, entre autres, David Lynch avec Eraserhead, et Alejandro Jodorowsky avec El Topo.
Au milieu des années 70, John Waters apparaît déjà comme un illuminé pour avoir signé plusieurs films trashes, notamment Pink Flamingos, Multiple Maniacs ou encore Female Trouble.

En 1977, John Waters réalise son cinquième long-métrage, Desperate Living, un film déjanté et marqué par l'absence de Divine, actrice fétiche du cinéaste. Pour l'anecdote, Divine ne fait pas partie de l'aventure car il avait des engagements à long terme pour une pièce de théâtre.
Attention, SPOILERS ! Peggy Gravel, une bourgeoise hystérique, est sortie de l'hôpital psychiatrique par son mari. Dans sa folie, elle tue M. Gravel avec sa bonne Grizelda. Les deux femmes décident alors de fuir à Mortville, une ville en dehors de la société où peuvent se réfugier les criminels à condition de se soumettre aux humiliantes conditions d'existence imposées par la Reine Carlotta.


C'est là qu'elles font la connaissance d'un couple de lesbiennes qui les accueillent dans leur taudis. Vous l'avez donc compris: le sujet est pour le moins polémique. Il est donc bien question ici de marginalité, de rejet, de pouvoir, de dictature et de sexualité.
Derrière toutes ces thématiques, John Waters brosse également un portrait virulent de la société américaine. Pour le réalisateur, il s'agit d'une société décadente, méprisante et intolérante. Clairement, le cinéaste n'y va pas par quatre chemins pour dénoncer toute l'hypocrisie de cette société bourrée de préjugés.

Même les hipppies et les marginaux en prennent pour leur grade. Finalement, personne n'est épargnée dans ce film. En ce sens, le propos de Desperate Living est beaucoup plus virulent que celui de Pink Flamingos, un autre film trash qui doit sa réputation grâce (ou plutôt à cause) d'une séquence scatologique. Desperate Living est bel et bien le film le plus torturé de John Waters.
En un sens, on se croirait presque devant une oeuvre de Pier Paolo Pasolini, mais avec plus d'humour et de couleurs.

Toujours est-il que Desperate Living délivre largement la marchandise: un homme blanc dont le visage est écrasé par l'énorme postérieur d'une femme noire, une lesbienne gagnant à la loterie et décidant de se faire greffer un pénis, avant de le couper et de le jeter au chien, un combat de catch dans lequel un des candidats perd un oeil, une femme grillée à point et dévorée, un repas à base de rats ou encore des scènes de sexe lesbiennes explicites font partie du menu fretin.
Bref, Bienvenue dans Desperate Living !

Pas étonnant que le film ait été classé "X" (donc interdit aux moins de 18 ans) au moment de sa sortie. Toutefois, avec les années, l'interdiction a été revue à la baisse, pour passer à "moins de 16 ans". Clairement, Desperate Living n'a pas usurpé sa réputation.
Malgré le poids des années (plus de 35 ans aujourd'hui), Desperate Living reste toujours une oeuvre aussi violente, choc et subversive. Mais encore une fois, la violence n'est pas forcément visuelle (ne vous attendez pas à voir un film gore), mais se situe davantage dans le propos et l'esthétisme trash du film. Un vrai "Ofni" dans son genre !

Note: ?