4 murs et un toit

Publié le 03 mars 2014 par Steph2
Entre ces murs, j'ai habillé des poupées et un chat, grimpé dans les arbres, organisé mes premières boom, appris par cœur les poèmes de Maurice Carême, écouté Unplugged, raté des gâteaux au chocolat, mangé des merveilles, claqué des portes, gagné au Monopoly (souvent), perdu au croquet (tout le temps)...
 
Mes parents déménagent et si j'ai quitté le nid depuis plusieurs années, il y avait encore une bonne partie de moi dans cette maison. Mes jouets de petite fille, des souvenirs de voyage, tous les livres lus pendant 20 ans, des filles de Marlory School au chemin de la liberté. Il a fallu trier, on a fait ça en famille comme souvent, créant alors de nouveaux souvenirs en se remémorant les plus vieux. On a beaucoup ri devant les horreurs retrouvées, nos goûts douteux d'autrefois, les vieilles copies d'école, des petites madeleines de Proust comme ce cahier de chansons inventées.
On a partagé nos trésors.
J'ai eu envie de conserver quelques vieux jouets, les garçons les adopteront peut-être, impossible de me résoudre à me séparer de notre littérature enfantine ou de ce théâtre de marionnette qui aura besoin d'un bon coup de peinture mais on n'en fait plus des comme ça maintenant, c'est bien connu... Parmi ces souvenirs, je ramène aussi mon vieux Gaffiot, hérité de ma mère, le cœur ses raisons, enfin vous savez...Est-ce enseigné encore le latin aujourd'hui ? La nouvelle édition a peut-être dépassé les 15 tonnes...
 
Il y aura donc un peu de cette grande maison dans ma maison à moi. Quelques objets témoins de l'ancien temps comme disent mes enfants, ce ne sont pas les plus beaux ou les plus chers mais c'est ceux dont il me plaît d'être entouré. Comme dans la chanson de Benabar, dont j'ai repris le titre pour ce billet, les nouveaux propriétaires ont de jeunes enfants, je me demande quelle chambre ils choisiront, si eux aussi dévaleront la pente du garage en trottinette, s'ils claqueront la porte alors qu'il faut actionner la poignée pour la fermer... Leur ballon ira surement importuner le magnifique potager du voisin.
Il y a certes un peu de mélancolie et on aimerait que les murs puissent nous raconter les moments oubliés. Mais la future maison familiale est pleine de promesses. Elle attend autant d'éclats de rire et quelques éclats de voix parce-qu'en famille ça se passe comme ça. C'est le sourire un peu triste que j'ai fermé hier le portail de la grande maison. En repensant à toutes nos aventures, j'ai commencé à imaginer celles que nous vivrons dans la nouvelle, elles seront fabuleuses, c'est certain ! Il ne pourra en être autrement parce que de ses fenêtres, on voit la mer.