Le mécénat est-il néfaste pour le tissu social ?

Publié le 06 mars 2014 par Aude Mathey @Culturecomblog

Sans vraiment l’affirmer, c’est un peu ce que sous-entend un article paru la semaine dernière dans Télérama : Arles, les mécènes vont-ils sauver la ville ?

Il est vrai que la ville d’Arles, connue pour ses Rencontres photographiques, a de plus en plus de projets culturels grâce à l’implantation prochaine de deux fondations d’art. Mais voilà, le chômage y est plus élevé que dans le reste de la France (14,7% contre 10,7%), et les programmations, parfois trop pointues qui gentrifient (ou boboïsent) les festivals et autres spectacles, font le jeu d’un Front national très présent (25,09% aux présidentielles de 2012) et qui ne demande qu’à être de la partie au moment des municipales… Mais est-ce pour autant la faute des mécènes ? Leur venue n’est- elle pas un peu providentielle dans la commune la plus étendue de France et dont 60% des habitants ne paient pas d’impôts ?
 

L’erreur ne viendrait-elle pas justement des programmateurs ? Des institutions culturelles qui auraient mis de côté un certain public à l’image de ce que Bernard Faivre d’Arcier dénonçait justement dans le même magazine le 26 août dernier, en disant qu’afin de plaire à la critique et à un cercle d’initiés la création se coupe de tout un pan du public ?

Olivier Donnat, sociologue de la culture, a été parmi les premiers à dénoncer les mythes de la démocratisation culturelle. En effet, les publics sont trop variés, trop nombreux pour qu’une institution avec des moyens limités puisse les cibler tous. Il faut forcément faire une sélection. Mais dans ce cas, que s’est-il passé à Arles où le festival des cultures du monde, selon Marie-José Justamond (toujours via Télérama), a perdu la majorité de son public populaire en dix-huit ans ? N’y a-t-il pas une leçon à tirer de la perte de ce public ?

Et enfin, car c’est là que réside la principale difficulté dans ce discours, la culture doit-elle servir la politique au risque de disparaître ? En effet, dans le cas de la ville d’Arles, si les institutions culturelles travaillaient également en direction des publics de proximité, cela donnerait peut-être moins de grain à moudre à un Front national vindicatif qui n’attend que les élections pour revoir la politique culturelle municipales…