[Chronique] Rick Ross – Mastermind

Publié le 06 mars 2014 par Wtfru @romain_wtfru


(Maybach/Def Jam)

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En dix ans, Rick Ross s’est imposé comme un poids lourd du rap. Et on ne parle aucunement ici de son évidente surcharge pondérale, mais bien de sa place sur l’échiquier aux côtés des autres gros vendeurs du genre. Avec ce sixième album, Rozay devrait, selon les premières estimations, prendre la tête des charts américains pour la cinquième fois d’affilée. Et ce au nez et à la barbe de Pharrell Williams et son G  I  R  L, pas un mince exploit. 
Alors comment le rappeur de Floride parvient-il à créer l’engouement à chacun de ses nouvelles sorties ? En étant un entertainer de qualité et en misant sur la même recette depuis ces débuts.

Un album de Rick Ross c’est avant tout une histoire de casting: qui sera à la production/qui sera invité. Il faut bien avouer que l’on est rarement déçu et ce Mastermind ne déroge pas à la règle. Jay-Z, Lil Wayne, Diddy, Kanye West, Jeezy pour les premiers rôles, Meek Mill, The Weeknd ou Big Sean pour le titre de meilleur espoir.
Pour les nominés dans le domaine technique, on a aussi des réalisateurs de premier plan avec Bink!, Diddy, Kanye, Scott Storch, Reefa, la Justice L.E.A.G.U.E et les jeunes loups Mike Will Made-It et DJ Mustard.
William sait s’entourer et sent parfaitement les bons filons, tel un bon film grand public.
Et comme tout bon blockbuster qui se respecte, il faut en mettre plein la vue. Ça s’écoute fort, voire très fort pour les moments épiques. Et de l’action efficace il y en a avec des The Devil is a Lie où l’alchimie RR/Jigga fait mouche une fois de plus, Sanctified, Drug Dealers Dream, Walkin’ On Air, le violent War Ready avec une méchante production de Mike Will ou Supreme, le moment trompette comme on les aime. Du rap champagne – ou rap Rozay grand cru pour l’occasion – qui pétille et sent bon le luxe. Rien d’extraordinaire mais suffisant pour faire passer un bon moment et contenter la fanbase.

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Rick Ross – The Devil is a Lie (feat. Jay-Z)

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Rick Ross – War Ready (feat. Yeezy)

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On est face à du grand classique, rien qui ne bouscule le genre ou qui va venir le révolutionner. Ceci n’a jamais été la mission de R.R. de toute façon donc pas de quoi être surpris. Il est là, pose sa grosse voix sur des productions en grande pompe en essayant de créer des hits. Ssouvent, ça fonctionne, parfois c’est raté ou trop, vraiment trop facile. Il y a le reggae mal vu de Mafia Music III, véritable purge auditive, Blk & Wht sans aucune saveur ou la guimauve r&b In Vein (très surprenant dans le mauvais sens du terme venant de The Weeknd) et deux, trois autres déjà vus et revus.
Pareil pour les thèmes, il n’y a rien qui mérite de se taper le cul par terre. Les thunes (Rich is Gangsta), Rick Ross, les femmes, les voitures, la routine habituelle quoi. Ah si, plusieurs allusions à la fusillade à laquelle lui et sa compagne ont échappé l’an passé. Via un interlude et quelques phases placées. D’ailleurs, hasard ou pas, on retrouve certains gimmicks de Notorious Big, celui qui n’a pas échappé à la sienne de fusillade, aussi bien à l’écrit (paranoïa, cible facile, etc) que dans le flow facile sur des instrus « à royalties ».

Pour trouver la lumière d’une quelconque originalité, il faut aller du côté du street What a Shame où le gros se bouge un peu les arpions mais surtout passer voir le sus-nommé Sanctified, véritable chef d’œuvre de l’opus. Une minute d’un sample ultra-grillé de Betty Wright puis des synthés volant dans tout les sens. Ouais, quoiqu’on en dise, Kanye West est un putain de putain de producteur. Il parvient à faire entrer Rick Ross dans son délire actuel entre électronique, crasse et pop sans dénaturer l’ADN du barbu. C’est quand même fort.
On peut aussi nommer le morceau final avec Lil Wayne, Thug Cry, qui s’appuie lui aussi sur un sample facile mais parvient tout de même à faire son petit effet, parfait pour clore le spectacle à grand budget auquel on vient d’assister.
Ce qui est également assez balèze, c’est que Rozay maitrise très bien l’art du temps faible/temps fort. C’est lorsqu’on commence à trouver le temps long qu’il te sort le morceau renversant derrière. Nobody est fadasse ? Va pour un The Devil is a Lie. Mafia Music III te plait pas ? Viens donc voir War Ready. In Vein sent trop la vanille ? Tiens, je te sors mon meilleur titre depuis une plombe.

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Rick Ross – Sanctified (feat. Kanye West & Big Sean)

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Comme au cinéma quand on va voir un film de superhéros, on sait très bien qu’on n’y verra pas la réalisation d’un Kubrick sur Barry Lyndon, ni même de prestation à la Al Pacino dans Le Parrain II. On est là pour se détendre et manger du pop-corn. Et bien c’est pareil ici. Personne n’est là pour faire de l’ombre à Rick Ross, sur son éternel rythme de sénateur au volant de sa Ferrari. Pour juger la valeur de Mastermind, on ne peut que le jauger par rapport à la discographie de l’ancien maton. Disons qu’on est sur un standard, un peu moins bons que les deux albums précédents mais au-dessus des trois premiers. En gros, on reviendra pour le prochain volet en sachant très bien qu’il ressemblera à tout les autres. C’est aussi ça la force de Ross, ne jamais saouler sans jamais se renouveler.

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Tracklist:
1. Intro
2. Rich is Gangsta
3. Drug Dealers Dream
4. Shots Fired
5. Nobody (feat. French Montana & Diddy)
6. The Devil is a Lie (feat. Jay-Z)
7. Mafia Music III (feat. Sizzla & Mavado)
8. War Ready (feat. Jeezy)
9. What a Shame (feat. French Montana)
10. Supreme
11. Blk & Wht
12. Dope Bitch Skit
13. In Vein (feat. The Weeknd)
14. Sanctified (feat. Kanye West & Big Sean)
15. Walkin' on Air (feat. Meek Mill)
16. Thug Cry (feat. Lil Wayne)

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