Le grand saut - 6/10

Par Aelezig

Un film de Joel Coen (1994 - USA, UK, Allemagne) avec Tim Robbins, Jennifer Jason Leigh, Paul Newman

Une gentille fable, farfelue, un peu naïve.

L'histoire : Années 50. La société Hudsucker est riche est prospère. Mais le PDG se précipite un jour du haut de la tour qui abrite l'entreprise... N'ayant pas d'héritiers, ses actions vont être vendues et seront donc éparpillées sur des millions de petits porteurs... Plus de majorité ! Une seule solution : que les principaux dirigeants rachètent tout, mais cela représente une somme énorme ; il faut donc faire baisser le prix de l'action afin qu'ils puissent réaliser leur opération au moindre coût. Pour cela, embaucher comme nouveau PDG un parfait neuneu : panique assurée à Wall Street ! Ca tombe bien, la société vient d'embaucher un jeune gars, empoté et doux rêveur...

Mon avis : Décidément, pas trop de chance avec les Coen en ce moment... Après ma légère déception sur A serious man (davantage due, cela dit, à une méconnaissance de la culture juive et de son humour), voici un autre film qui me laisse un petit peu froide. Ce n'est pas le meilleur des frères Coen, c'est sûr. J'avoue m'être un peu barbée parfois, car le scénario est trop linéaire et le message trop démonstratif. L'unité de lieu (toujours dans l'entreprise, quasiment toujours dans le bureau directorial, à part quelques rarissimes exceptions) participe de l'ennui qui finit par se dégager. Et c'est bizarre, dans mon souvenir, qui est pourtant bien frais dans mon esprit (vu il y a moins de 24 heures), j'ai l'impression d'avoir vu un film en noir et blanc ! En réfléchissant, je me suis dit que non, Jennifer porte à un moment un chemisier d'un joli bleu canard... donc c'était bien en couleurs. Mais cela dénote une sobriété, sans doute voulue (situé dans années 50), mais qui - là encore - rend les choses un peu ternes. Idem pour les décors, résolument kitsch, comme s'ils étaient en carton pâte : cela situe bien le film dans le conte, la fable, mais ça accentue l'aspect trop simpliste.

Bien sûr, on rit pas mal, heureusement ; Tim Robbins est hilarant en grand benet et la petite Jennifer, véritable pile électrique, a un charme fou. Quant à Newman, il est impérial ! Mais entre quelques scènes-gag très réussies, c'est un peu le train-train.

Le message est désormais super cliché : le neuneu qui était en fait un petit génie incompris, la revanche de l'homme du peuple sur toutes les élites, the American dream, quoi... Et, sachez-le si vous l'ignoriez, comme moi, l'invention du Hula Hoop par notre petit gars est totalement fictionnelle.

A noter que le film est signé du seul Joel Coen (cas unique je crois). Ethan a par contre participé au scénario (et au reste, probablement). Quelques jolis noms dans le casting : Steve Buscemi, Tom Gallagher, John Goodman... mais les rôles sont minuscules.