Abus de faiblesse,Weeks end : quand le drame français décoit un peu...

Par Filou49 @blog_bazart
10 mars 2014

 Il est fort possible que le mois de mars va rimer avec binome (bon ca rime pas du tout, mais pas grave vous comprnez l'idée, non?) dans mes chroniques ciné....Car, après avoir mis en parrallèle deux dessins animés sortis en février,  et quelques jours avant de vous parler de deux films d'action, je vais vous parler de deux drames intimistes sortis également en février, et que j'ai eu l'occasion de voir en salles, deux films que j'avais mis dans mes sélections de la semaine de leurs sorties respectives, et deux films comme le cinéma français nous en livre quotidiennement, avec ses qualités et aussi hélas.. ses défauts :

1.Abus de Faiblesse, Catherine Breillat : abus de mollesse?

Comme je l'avais prétendu à la fin de ma sélection de la semaine du 12 février dernier, jour de sortie d"Abus de Faiblesse", ce jour là, j'avais un peu triché puisque j'avais déjà vu le film au moment de concevoir ma sélection. En effet, une semaine avant sa sorties salles, j'avais pu assister au cinéma Le Comoedia à la seule avant première nationale qui proposait le film en présence de la réalisatrice Catherine Breillat, car cette dernière reste affaiblie par l'AVC dont elle a été victime en 2007 et ce genre de tounée promotionnelle est un peu trop éprouvante pour elle.

D'ailleurs, à la vision dAbus de Faiblesse, et contrairement à ce qui était prévu dans le dossier de presse et dans les intentions de la réalisatrice,  on en saura plus sur cet AVC- avec des scènes d'hospitalisation et de réaprentissage de la parole assez terrifiantes de réalisme pour l'hypocondriaque que je suis- que sur l'histoire d'escroquerie dont elle a été victime par Christophe Rocancourt, l'escroc des stars, dont je vous avais déjà longuement parlé dans un long billet paru en 2011.

 Cette histoire m'avait interpellé, lorsque j'en ai pris connaissance dans les faits divers, notamment parce qu'elle disait sur les relations dominants dominés, et des relations de classe sociale entre une réalisatrice bourgoeise et un escroc venant de milieu défavorisés. Cela étant, je me doutais qu'avec Breillat aux commandes, on allait pas avoir une analyse détaillée et passionnée des faits et des relations d'argent et de pouvoir entre la réalisatrice et son bourreau, en la matière on est vraiment peu éclairé sur le fond de cette histoire .

On la voit signer des quantités de chèques parce qu'il les lui demande tout simplement de le faire, mais à part cela, on n'a rien à se raccrocher pour tenter d'appréhender de manière rationnelle cette histoire de manipulation. On pensait que Breillat avait eu le recul ( et elle a également écrit un livre sur cette affaire) pour tenter de comprendre les origines profondes qui l'ont poussé à faire confiance à ce type, mais à l'écran, rien de cela ne transparait et on a énormément de mal à comprendre les tenants et aboutissants de cette relation ni vraiment amoureuse ni vraiment maternelle.

Alors, certes, Breillat était diminuée par sa maladie, et ne voulait pas dépendre des membres de sa famille, et Rocancourt ( renommé Viko dans le film) avait le mérite d'être l'épaule sur lequel Maud/ Breillat - jouée par une Huppert bluffante de mimétisme avec la cinéaste- pouvait se reposer, mais mis à part cette indication, le film est bien trop cérébral et abstrait pour nous toucher et compatir au sort de la cinéaste.

Alors en même temps, Breillat l'a dit à la fin du film , elle ne tenait absolument pas à passer pour la gentille victime qu'on puisse plaindre, mais le problème est qu'on n'éprouve sans doute pas de compassion, mais aucun autre sentiment à son égard, ni à l'égard des autres protagonistes de l'histoire.

Seul l'escroc, parfaitement incarné par un Kool Chen quand même assez charismatique (peut - être un peu plus banlieusard et brut de décoffrage que le modèle original) peut nous faire comprendre sur une ou deux scènes l'emprise qu'il avait sur la cinéaste, mais la plupart du temps, le film souffre trop de cette accumulation de scènes peu passionnantes (dans cette maison avec des cartons autours) et d'une interprétation des personnages secondaires assez calamiteuse pour nous captiver..

Bref, cet Abus de faiblesse est trop décousu, trop lacunaire et trop froid alors qu'il aurait du être le contraire, précs, riche et brulant....

Assurément une vraie déception pour moi, même si la critique institutionnelle, certainement par sympathie pour l'oeuvre antérieure de Breillat a été à mon sens bien indulgente avec ce film...

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 2. Week ends, Anne Villacèque:  vive la semaine??

 

 Ce film là, c'est dans ma sélection du 26 février que j'en avais parlé, mais promis, je l'ai vu quelques jours après et non pas avant.

Le sujet principal, autour de couples qui se quittent et se posent plein de questions sur la vie promettait une belle réflexion sur la routine dans le couple et sur le temps qui passe, d'autant plus que j'avais bien aimé le premier film de la cinéaste Anne Villacèque, sa petite chèrie réalisé en 2000, conte un peu dérangeant sur une fille laide, qui avait révélé l'excellent Jonathan Zacai pour un de ses premiers rôles au cinéma.

Or, après 20 premières minutes de bonne tenue qui laisse à penser que le sujet va être traité frontalement et intelligement, le film s'enlise dans des scènes terriblement creuses et il faut bien le dire bien ennuyeuses. On veut bien croire à la gêne ressentie par ces voisins suite à la séparation de leurs couples d'amis et de cette amitié compliquée à gérer lorsque le mari du couple revient avec une nouvelle compagne, mais cela donne lieu à des scènes pratiquement sans dialogue, dans lesquelles  tout le monde se regarde très embarrassé en se tordant les mains, bref, niveau intensité dramatique, ca ne passe pas terrible, notamment par la faute d'une accumulation de scènes trop inconsistantes qui amoindrissent l'interet et le rythme du film.

On pense beaucoup à "Another Year" qui partait de la même trame (un couple d'âge mur face aux effets dévastateur de la vie en lambeaux de leur amie), mais le scénario du film de Leigh était bien plus complexe et mouvementé, et les personnages surtout bien plus passionnants à suivre.

   En effet, si on prend le personnage de Christine devenant hystérique et dépressive a du mal à susciter l'empathie, d'autant plus que si Karin Viard était excellente dans L'amour est un crime parfait ou encore plus dans Lulu femme nue, elle en fait ici un peu trop et paie un peu sa boulimie de présence sur grand écran en 2014.

Et Jacques Gamblin, d'habitude d'un magnétisme rare, a un rôle vraiment trop discret pour ici épater. D'ailleurs, son rôle qui pourrait être le pivot de cette histoire manque de rigueur dans l'écriture pour que le récit trouve sa singularité et sa force.  Malgré quelques bonnes idées parsemées de ci de là (la voix off, très largement inspirée des films de Truffaut ou l'émouvante scène chantée finale) ces "Weeks end" ne resteront pas gravées dans les mémoires.. 

WEEK-ENDS - Bande-annonce VF