Le Croque-monsieur – Nos 5 meilleurs à Paris

Par Gourmets&co

Le Croque-monsieur

Nos 5 meilleurs à Paris par Patrick Faus

Ce classique des brasseries du début du siècle dernier apparaît en 1910 dans un café du boulevard des Capucines, à Paris. Le nom, surprenant, est composé de la forme verbale croque, venant de croquer, (« broyer sous la dent avec un bruit sec ») et de monsieur.
Le plat est cité pour la première fois chez Marcel Proust dans son roman « À l’ombre des jeunes filles en fleurs » (1921) : « …. nous nous étions arrêtés un instant sur la digue, ma grand-mère et moi, pour échanger quelques mots avec Mme de Villeparisis qui nous annonçait qu’elle avait commandé pour nous à l’hôtel, des « Croque-Monsieur » et des œufs à la crème. »

À la base, il s’agit d’incorporer entre deux tranches de pain de mie beurrées, des lamelles de fromage, en général de l’emmenthal, et de jambon. On serre le tout dans un moule pour le dorer au beurre, à la poêle ou au grill. Il se devait d’être croustillant (d’où croque) et moelleux à la fois. Un plat rapide à préparer et à manger.

Longtemps, le croque-monsieur fut donc l’équivalent de la street-food actuelle. Cette sorte de sandwich chaud, pris sur le coin d’une table ou sur le coin du comptoir de nos rades parisiens et d’ailleurs a été petit à petit détrôné par l’arrivée massive d’une invasion prévisible des USA d’une part, le hamburger, et des rives orientales de la Méditerranée avec le kébab, sans parler de la pizza que nos amis italiens consomment beaucoup moins que nous et ils ont raison…

Le croque-monsieur, se croyant sans concurrence directe, s’était laissé aller à la médiocrité semi-industrielle devenant une sorte de produit bizarre, sec, sans aucun élément de qualité, ni le jambon ni le fromage, et finir réchauffé au micro-ondes en quelques instants. Résultat : le plongeon dans les oubliettes, et de surcroît victime d’une mode tournée vers l’exotisme où tout ce qui vient d’ailleurs est forcément respectable sinon meilleur.

Changement de cap depuis quelque temps où certains chefs se sont emparés de ce vieux classique en revenant aux fondamentaux et en travaillant des produits bien sélectionnés. Le croque-monsieur se sophistique mais surtout redevient riche, chaleureux, copieux, appétissant, et retrouve sa fonction de se suffire à lui-même pour nourrir son homme. Soudain, on se rend compte qu’un bon croque-monsieur est cent fois meilleur qu’un hamburger bourratif, un kebab par trop odorant et basique, ou qu’une pizza dont tous les aspects même les pires ne nous surprennent plus.

Il est temps de changer pour le meilleur. Gourmets&Co en a gardé cinq à consommer simplement accompagné de quelques feuilles de salade et d’un verre de vin blanc. Le bonheur retrouvé.


1 – Le Café des Concerts
Croque-monsieur et salade de mesclun

Un double croque-monsieur splendide, joufflu, épais, parfaitement doré, avec cette crème qui commence à couler sur les bords… irrésistible. Une composition personnelle et une interprétation bien pensée du chef Sébastien Prenot : pain de mie, jambon, crème fraiche, jaune d’œuf, emmenthal, deux moutardes (Meaux et Dijon) pour donner un peu d’acidité à la crème, et une pincée de piment d’Espelette pour un petit coup de peps. Riche, copieux, goûteux, moelleux et croustillant. Un petit chef d’œuvre.

213, avenue Jean Jaurès
75019 Paris
Tél : 01 42 49 74 74
www.cafédesconcerts.com
Ouvert tous les jours
M° : Porte de Pantin
Prix : 12 €


2 – Le Marloe
Croque-monsieur du grand-père Leroy

Très proche du précédent et presque à égalité dans la qualité. Un travail de chef, en l’occurrence Thomas Boullaut du restaurant étoilé l’Arôme, qui a voulu faire revivre la recette de son grand-père que sa mère lui a transmise. L’époque était au copieux, au riche, à la crème et à la générosité. C’est le cas. Le plus dégoulinant de plaisir, de crème légèrement parfumée à la noix de muscade, avec de l’emmenthal arrive bien gros, bien grilloté, avec du jambon coupé généreusement et du pain de mie de qualité comme tous les ingrédients de ce chef d’œuvre qui vous réconcilie à vie avec le croque-monsieur. Servi avec une belle et copieuse salade à la sauce légère, il devient un vrai plat. Sinon, il est servi sans salade, en « tapas » à partager en le séchant pour mieux le couper. Bien aussi. Et une pensée émue pour le grand-père !

12, rue du Commandant Rivière
75008 Paris
Tél : 01 53 76 44 44
www.marloe.fr
M° : Saint-Philippe-du-Roule
Voiturier
Fermé samedi et dimanche
Prix : 19 € avec salade
14 € en « tapas »


3 – Chardenoux des Prés
Croque-monsieur du Chardenoux, cœur de laitue en vinaigrette

Cette création de Cyril Lignac est sans doute la plus originale. Excellent pain de mie fait par la boulangerie du patron, doux et moelleux, poêlé au beurre puis grilloté au four, du jambon cuit au torchon, de la béchamel et une fine couche de comté subtilement grillé dessus. Un croque-monsieur presque « gastro », très bien réalisé, goûteux, et très léger. Servi avec un très bon cœur de laitue, on le déguste au bar avec un verre de Pouilly-Fuissé, et un petit pot de rillettes offert pour mise en bouche. Le bonheur…

27, rue du Dragon
75006 Paris
Tél : 01 45 48 29 68
M° : Saint-Germain des Prés
Ouvert tous les jours
Prix : 15 €


4 – Le Terroir Parisien Palais Brongniart
Croque-monsieur

Dans les spécialités du restaurant à prendre au comptoir comme le dit la carte, le croque-monsieur de Yannick Alléno est assez surprenant. Deux tranches de pain de mie très fine en font un croque « feuilles de cigarette ». À l ‘intérieur une tranche de jambon de Paris de chez Doumbéa, et une bonne béchamel mélangée avec du comté et de l’emmenthal. Fin, bon goût de fromage, mais un peu sec à l’arrivée. Servi avec quelques feuilles de sucrine bien assaisonnées. Bon pour la ligne pour un croque-monsieur presque « féminin ». Sûrement le plus proche de la version originale, bien pressée, du début du siècle dernier.

Palais Brongniart
28, place de la Bourse
75002 Paris
Tél : 01 83 92 20 30
M° : Bourse
reservations-bourse@terroirparisien.fr
Fermé dimanche
Prix : 10 €


5 – L’Eclectic
Croque-monsieur

Un double croque impressionnant par la taille. Une belle bête ! Moelleux et copieux avec de belles lamelles de jambon généreuses, un mélange de lait et de fromage emmenthal en bloc et en lamelles, du pain de mie non grillé et le tout passé au four. Résultat, un bon goût de fromage, bien fourni, et servi avec un excellent mesclun bien assaisonné. Nourrissant, mais un peu mou dans l’ensemble et à la longue un peu écœurant. Un repas à lui seul et un bon rapport qualité/prix.

7, rue Linois
75015 Paris
Tél : 01 77 36 70 00
www.restauranteclectic.fr
M° : Charles Michel
Voiturier
Service continu de 11h à minuit
Ouvert tous les jours
Prix : 12 €