[Critique] La Voleuse de Livres

Par Wolvy128 @Wolvy128

Un peu plus d’un mois après sa sortie française, voilà que sort aujourd’hui sur les écrans belges La Voleuse de Livres (The Book Thief en VO), un film de Brian Percival adapté du roman éponyme de Markus Zusak. L’histoire s’intéresse à Liesel (Sophie Nélisse), une jeune fille envoyée dans une famille d’adoption allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec le soutien de sa nouvelle famille, et de Max (Ben Schnetzer), un jeune réfugié Juif qu’ils cachent sous leurs escaliers, elle apprend à lire. Pour Liesel et Max, le pouvoir des mots ainsi que leur propre imagination vont devenir leur seule échappatoire face à la guerre.

N’ayant pas lu au préalable le roman duquel est inspiré le film, je n’avais aucun a priori particulier avant de le découvrir. Et de manière générale, je dois dire qu’il ne m’a pas déplu. Tout n’est pourtant pas parfait, loin de là, mais l’histoire dispose néanmoins de suffisamment de qualités que pour se montrer intéressante. A commencer par l’originalité de son narrateur qui n’est autre que la Mort, chose assez rare que pour être signalée. Mais aussi par l’originalité de l’histoire elle-même puisque si de nombreux ouvrages et films se sont attachés, au cours du temps, à décrire la Seconde Guerre Mondiale, peu ont pris la peine de se placer du côté allemand pour le faire. Et c’est ce que La Voleuse de Livres fait très bien en racontant le quotidien de cette jeune fille plongée dans une Allemagne en proie à un changement auquel tout le monde n’adhère pas forcément. A ce titre, il faut signaler que la reconstitution d’époque est de grande qualité et peut compter sur des décors et des costumes qui apportent au récit un réalisme non négligeable. De plus, la photographie est extrêmement soignée et délivre du coup quelques plans de toute beauté.

Cependant, comme je l’évoquais plus tôt, le long-métrage n’est pas irréprochable pour autant. Avec une durée de près de 2h10, il n’évite ainsi pas de nombreuses longueurs, qui nuisent incontestablement à son rythme et à son intérêt. Je n’ai personnellement rien contre les longs films, bien au contraire, mais en l’occurrence, je pense sincèrement qu’il y avait moyen de condenser davantage l’ensemble. En outre, je n’ai toujours pas compris pourquoi les personnages s’expriment tout du long en anglais, en ajoutant parfois des expressions allemandes ici et là. Vu l’époque et le contexte, ça me semble évident que l’allemand était forcément de rigueur partout dans le pays. Je ne comprends donc pas ce qui a motivé ce parti pris, si ce n’est la facilité de tourner en anglais plutôt qu’en allemand, et le côté plus "vendeur" qui va avec. C’est dommage car cela contraste nettement avec le réalisme formel du film. Heureusement, les acteurs sont tellement bons qu’on oublie rapidement ce compromis douteux. En particulier d’ailleurs la jeune Sophie Nélisse qui porte le film sur ses épaules sans sourciller. J’ai souvent du mal à être emporté par l’interprétation des très jeunes acteurs et, pour le coup, je dois reconnaître qu’elle est vraiment touchante. A ses côtés, on retiendra également les performances convaincantes des très bons Geoffrey Rush et Emily Watson.

En résumé, La Voleuse de Livres est donc un drame touchant qui doit beaucoup à la bonne prestation des acteurs et à l’originalité des thèmes abordés. Malgré sa durée beaucoup trop longue et un parti pris linguistique pour le moins discutable, les notions d’amitié, d’humanité et de pouvoir des mots finissent par résonner en nous à l’issue du visionnage.