Le canard, la mort et la tulipe

Par Sylvielectures

J'aime beaucoup cet album.
Le canard droit comme un I, le cou étiré vers le ciel,que l'on découvre sur la couverture est superbe et donne envie d'ouvrir le livre.
Ensuite, nous découvrons l'image de la mort en petite bonne femme maigre et sans âge, habillée comme une petite fille ou comme une vieille dame,et elle nous saisit.
Elle nous titille, nous mettrait presque mal à l'aise, car nous ne savons pas à qui nous avons à faire, un peu comme le canard qui se rend compte de sa présence tout soudainement.
Nous voilà coincés nous aussi entre peur, surprise et séduction...
Elle a une tête étrange et en même temps tellement attendue ...
Une tête de mort pour figurer la mort, on pouvait s'y attendre... Mais la magie de l'illustration nous donne à voir un visage...
C'est un véritable tour de force que d'être arrivé à ce point à donner vie à une tête de mort... L'artifice paraît simple... Ce crane n'a pas de dentition, un trait dessine la bouche fermée, et cette fine ligne noire devient sourire de tendresse, rictus de dépit, stigmate de peur ou grimace de tristesse... Que d'émotions pour ce petit personnage tout en os censé effrayer et faire fuir!
Le canard découvre la mort et se rend compte tout à coup qu'elle l'accompagne... En engageant la conversation, il apprend qu'elle le suit depuis le jour de sa naissance, au cas où...Sur ce, ils vont faire un bout de chemin ensemble...
Cette belle histoire nous raconte comment la mort peut être la compagne bienveillante d'une vie, et qu'il fait bon l'apprivoiser et tenter d'apprendre à la connaître avant d'arriver à la fin qui nous attend inexorablement.
On n'apprendra rien de l'après, la mort elle même n'en dit rien, sa seule affaire est le passage : le moment venu, elle nous portera dans ses bras pour nous déposer doucement dans les eaux du fleuve Styx.
"La mort pouvait parfois lire dans les pensées.
-Lorsque tu seras mort, l'étang aura disparu lui aussi - en tout cas pour toi.

-En es-tu certaine ? interrogea le canard étonné.
-Oui, certaine, pour autant que l'on puisse le savoir, répondit la mort.
-C'est rassurant, reprit le canard.
Ainsi il ne me manquera pas quand...
-...quand tu seras mort, ajouta la mort.
Elle parlait si facilement du sujet.
-Redescendons, dit le canard après un moment.
Sur les arbres, il nous vient de drôles de pensées."
Une jolie chronique de croqu'livres sur ricochet,
Une belle critique de marilyne Camhi, sur evene.fr, et aussi de Dominique Cossin sur Sitartmag,
Le matricule des anges en parle aussi,
Des interviews de l'auteur, ici et là,
Olga en parle aussi.