Longtemps, j'ai voulu devenir Jacques Attali

Publié le 18 mars 2014 par Xylophon

Longtemps, j'ai voulu devenir journaliste. Comme une idéaliste révoltée, je voulais dire la vérité du Monde avec un grand M. Je voulais révéler les scandales d’États, interroger les réalisateurs de cinéma, questionner les patrons du CAC40.

Et puis en grandissant mais aussi en étudiant, je me suis rendue compte de la complexité de la réalité, du pluralisme des vérités, des subtilités d'un monde en mouvement constant.

Longtemps, j'ai voulu devenir éditorialiste. Comme une passionnée d'informations, je me rêvais en Jean Daniel, en Franz Olivier Gisbert ou en Françoise Giroud.

Ma grand-mère abonnée au Point, à l'Express, et au Nouvel Observateur, me permettait de lire chaque semaine ces hebdomadaires dont les unes se révèlent identiques d'une année sur l'autre (les francs maçons, le palmarès des grandes écoles, ou des hôpitaux,...) et dont les publicités font la part belle aux Rolex et aux habits de chez Chanel.

Et puis, je me suis lassée de ces éditos parfois donneurs de leçon, parfois moralisateurs, parfois en décalage complet avec la vie de tous les jours.

Longtemps, j'ai voulu devenir Jacques Attali. Comme attirée par le pouvoir, comme une envie de côtoyer la décision au cœur des palais de la République, je me serai bien vu comme un conseillère politique de premier plan, intrigante parmi les intrigants, sorte de Patrick Buisson non intégriste et loyaliste.

Je ne suis pas devenue journaliste, ni éditorialiste, ni Jacques Attali et je crois que finalement, j'ai bien fait.

Le rôle d'observatrice, ou de commentatrice a ses privilèges. Il a aussi ses limites. Jacques Attali est sans doute quelqu'un de brillant, mais la dernière fois que je l'ai vu chez Frédéric Taddei, je n'ai finalement pas compris l'utilité de son positionnement.

Commenter, dire il faudrait que, c'est facile : on ne se trompe jamais, on parle sans forcément connaître, toute chose égale par ailleurs, une sorte de théorie du vide.

http://lexilousarko.blog.fr/2010/02/10/la-theorie-du-vide-7985907/

Agir au quotidien, réformer, mettre en œuvre des chose concrètes, faire évoluer une institution, un service, un territoire, répondre aux besoins d'usagers, questionner des pratiques anciennes, mettre les mains dans le cambouis, c'est sans doute moins prestigieux, mais cela donne une autre satisfaction: celle à sa petite échelle, d'avoir, non pas fait changer le monde, mais peut-être de lui avoir donner du sens.