Beaux-arts et arts décoratifs au temps d'Auguste.

Par Richard Le Menn

Photographie de gauche : « Réplique du Doryphore de Polyclète. Époque de Tibère (14-37 après J.-C.). découvert à Pompéi. Marbre de Carrare. »

L’exposition Moi, Auguste, empereur de Rome, qui se déroule jusqu'au 13 juillet 2014 au Grand Palais (entrée Clémenceau) à Paris, est beaucoup mieux que le titre ne le suggère.

Tout d'abord dès l'entrée, une surprise de taille à laquelle je ne m'attendais pas … le fameux Doryphore (ou « Porte-lance »), cette statue de Polyclète sculptée vers 440 av. J.-C. Je ne savais pas que c'était elle que j'avais sous les yeux ; mais dès que je l'ai vue j'ai été époustouflé. Il ne s'agit pas de l'original en bronze qui est introuvable, mais d'un marbre de Carrare, de l'époque de l'empereur Tibère, de 14-37 après J.-C., découvert à Pompéi et conservé au musée archéologique de Naples : la meilleure copie antique connue à ce jour.  Polyclète donne à sa statue le nom de Canon qui est aussi celui du traité qu'il réalise sur l'art du sculpteur (Κανών / Kanốn, littéralement la « règle »). À travers elle il met en pratique sa théorie sur les proportions idéales du corps humain. Rien que pour elle, il faut voir l'exposition, et y emmener les enfants afin qu'ils contemplent de visu un chef d'oeuvre qui marque depuis plus de deux millénaires l'art occidental et fait éclore sa passion pour l'harmonie et la représentation, son souci de réalité et de sublime.

Photographie de droite : « Plaque Campana à décor de Victoire dans des rinceaux. Époque d'Auguste. Terre cuite. »

Photographie de gauche : « Apollon citharède. Époque d'Auguste. Découvert à Rome, près de la maison d'Augustus sur le Palatin. Enduit peint. »

L'époque d'Auguste (63 av. J.-C. - 14 ap.), qui est le seul empereur à avoir encore aujourd'hui un mois de l'année qui porte son nom (août, august en anglais), est aussi celle de la pax romana (la paix romaine) et d'un épanouissement remarquable des arts et des lettres avec des figures comme Mécène (ami de l'empereur), Virgile, Horace, Ovide (cependant banni) etc.

Cette exposition donne une leçon sur les beaux arts et les arts décoratifs de l'époque. On y contemple de très belles et fines céramiques, du verre, du marbre, de la peinture, de l'orfèvrerie (avec par exemple une partie du trésor d'une ancienne villa de Boscoreale, près de Pompéi conservé au musée du Louvre), et bien sûr de magnifiques sculptures avec notamment certaines grecques ou d'inspiration.

Photographies du dessous : À gauche : « Oreste et Électre. Premier siècle après J.-C. Découvert à Pouzzoles (près de Naples), dans la zone du marché. Marbre. » Cette statue d'inspiration grecque représente l'homme nu et la femme dans une tunique, comme c'est très souvent le cas lorsqu'il s'agit de kouroi ou de corés (ou korê). Le drapé diaphane laisse parfois voir les formes de manière encore plus sensuelle comme l'exemple de droite : « Aphrodite, dite Charis du Palatin. Réplique romaine de la fin du premier siècle avant J.-C. Découverte sur le Palatin, devant le temple de Magna Mater. Marbre de Thasos. »

Photographies de dessous : « Autel de la paix d'Auguste. 1 apr. J.-C. Marbre, H. 114 cm, L. 60 cm, prof 55 cm. Narbonne, Musée archéologique. Photo © Angelique Paitrault. »