Le Grand Cahier, de Janos Szasz

Par 3moopydelfy @3Moopydelfy

Dans les lectures d’adolescents, plusieurs tons marquent. Une de celles qui est restée graver dans ma mémoire est la trilogie d’Agota Kristof. La Grand Cahier est l’adaptation du premier tome. Le titre possède sa signification, c’est un cadeau laissé aux jumeaux, aux héros de l’histoire par leur père. Un confident dans le quotidien macabre, un carnet qui écoute et soutient.

Synopsis:

Pendant la Seconde Guerre mondiale, des jumeaux sont envoyés à la campagne, chez leur grand-mère sadique. Dans un pays dévasté, confrontés au froid, à la faim et à la cruauté humaine, ils ont pour seul refuge un grand cahier, dans lequel ils décrivent leur quotidien.

Mon avis:

Janos Szasz utilise un timbre soigné. L’affection pour l’oeuvre originale se ressent dans le traitement. Les jumeaux prennent vie avec une force déroutante. A travers les images, j’ai revu les chapitres, les mots défilés, les sentiments et l’effroyable version de la guerre par deux enfants qui sont bouleversés. Les jeunes héros offrent une vision de la guerre, de la vie quotidienne sans enrobages, sans douceurs, c’est brute, difficile à supporter et sans concessions. Le choix de la réalisation perd de son charme dans un assemblage d’effets. J’ai perdu la douleur de la simplicité pour une complexité dont je n’avais pas souvenirs dans les écrits de Kristof.

Les deux comédiens László Gyémánt et András Gyémánt sont magnifiques. Surprenants, ils s’avèrent brutaux, étonnants, se pervertissant et s’endurcissant pour survivre dans un monde en conflit. L’émotion pose problème, ils semblent si beaux mêmes dans la pire des crasses, si hors du temps, que cela perturbe le ressenti du fond. Leur monstruosité attire le regard. Elle retient et capture tout en dérangeant. Comment deux êtres aux allures angéliques peuvent tourner si mal?

La perte de l’innocence prend un visage sombre, délicat, imparfait. Détruire pour survire, détruire pour ne pas se briser. Les images sont éprouvantes, un reflet amer, cruel par moment de l’envers de la guerre. L’esthétisme choisit pour illustrer les mots opte pour une froide luminosité qui a à mes yeux n’arrive pas à capter toute l’essence dure des mots de Kristof. Le ton enfantin qui se tend à grandir, à durcir, à retourner, n’est point si présent, il vire même au malsain par moments. Tous les personnages sont dépeints sans permettre de s’attacher. Une impression de Mal subsiste, plaçant une barrière. Le livre m’avait donné envie de connaître les jumeaux, de les aimer malgré tout. Là, j’ai eu un pincement, une vision de petits génies maléfiques effrayants.

Ma note:

6/10

Avis sur le livre: 

Agota Kristof posait dans son Grand Cahier le regard d’une enfance perdue, les mots simples, directs, sans fioritures marquent l’esprit. Le coeur se retourne. Les douleurs des jumeaux enfoncent des clous et peinent avec une saveur vénéneuse. La lecture est éprouvante, elle ne laisse pas intacte. La vie se brise sans avoir de chance d’intervenir. Le destin des jumeaux est sublime, triste, froid, implacable. Un reflet de la guerre, des conflits qui changent un être à tout jamais pas forcément de la meilleure des manières. Le Grand Cahier est violent. Il n’est pas à mettre entre toutes les mains. Les enfants ne sont pas des anges. L’idée de donner la parole aux jeunes héros n’enlève pas que la dureté des actes, la perversion, la cruauté et les impressions de se perdre. J’ai été retournée, presque à en avoir des larmes de rage. J’ai été happée, attachée à ses deux sauvages perdus, transformés par les événements, obligés de se durcir. Ils m’ont secoué. Un vrai choc!

Informations:

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs 

Sortie: 19 mars 2014 / Distributeur: Pretty Pictures/ Genre: Drame, Guerre

Casting: András Gyémánt, László Gyémánt, Gyöngyvér Bognár