[Critique] LA LÉGENDE D’HERCULE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique] LA LÉGENDE D’HERCULE

Titre original : The Legend of Hercules

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Renny Harlin
Distribution : Kellan Lutz, Scott Adkins, Miam McIntyre, Liam Garrigan, Johnathon Schaech, Roxanne McKee, Gaia Weiss, Rade Serbedzija…
Genre : Peplum/Aventure/Action
Date de sortie : 19 mars 2014

Le Pitch :
Fils de Zeus et de la Reine Alcmène, Hercule est amené à renverser le Roi Amphitryon, qui pille son peuple sans pitié. Mais avant, le demi-dieu devra embrasser son destin et reconnaître Zeus comme étant son père véritable. Là seulement, il pourra jouir des pouvoirs qui lui permettront de sauver son royaume et, au passage, d’épouser la belle Hébé, jusque-là promise au demi-frère d’Hercule, le machiavélique Iphiclès…

La Critique :
Renny Harlin fut jadis un mec incontournable à Hollywood. Remarqué dès 1988, alors qu’il n’a même pas 30 ans, avec son sympathique film d’horreur Prison, il réalise l’un des meilleurs Freddy de la saga, à savoir Le Cauchemar de Freddy, puis entre dans la cour des grands en prenant la suite de John McTiernan, aux commandes de 58 Minutes pour vivre, la suite de Piège de Cristal. En 1993, il orchestre le retour au sommet de Sylvester Stallone dans Cliffhanger, et se sent pousser des ailes. Mais tel Icare, il vole trop près du soleil et se crame salement avec L’île au pirate et son budget pharaonique qui ne sera jamais remboursé. Idem pour le génial Au revoir à jamais, qui bien que moins cher, ne fonctionne pas non plus auprès d’un public qui lui tourne le dos. Peur Bleue et Driven finiront de le rendre tricard à Hollywood. Aujourd’hui, après des années de séries B, dont certaines plutôt bien emballées, à l’image d’État de Guerre, Harlin revient dans les salles. Pour le coup, il a eu du pif et s’est adjoint les services d’Hercule, le fils de Zeus. Un des plus grands héros de la mythologie qui, au passage, a salement la côte en ce moment, vu qu’il sera aussi au centre du nouveau film de Brett Ratner cet été (avec Dwayne Johnson dans le rôle titre).
Harlin et Hercule ! Voilà qui avait de quoi mettre en joie les cinéphiles amoureux des « bourrineries » estampillées 90′s du cinéaste. Mais ça, c’était avant. Avant la bande-annonce qui portait un méchant coup à notre enthousiasme en annonçant un ersatz de 300, mixé à la série Spartacus, le tout assaisonné à la sauce Gladiator… Une impression qui se confirme à la vue du film. Arg…

1970 : Hercule déboule à New York dans le navet éponyme et permet à un certain Arnold Schwarzenegger de se faire les pecs au cinéma. Le résultat est catastrophique, mais très drôle. 44 ans plus tard, en 2014, Hercule revient. Pas à New York mais chez lui en Grèce, où il doit botter un paquet de culs pour embrasser sa destiné et emballer sa belle. Le décors a changé, l’interprète a changé, les effets-spéciaux ont évolué, mais au fond, ce n’est pas loin d’être la même chose. Déjà, Kellan Lutz n’est pas Schwarzenegger. Aussi inexpérimenté soit-il dans Hercule à New York, Schwarzie avait pour lui son physique et surtout son charisme. Kellan Lutz a les muscles, mais c’est bien tout. Ses épaules, aussi larges soient-elles, ne le sont toujours pas assez pour supporter le poids du film, et son charisme, au raz des pâquerettes rend la majorité de ses scènes risibles. Héros bas du front typique, son Hercule a plutôt l’air d’une mauvaise photocopie de Musclor, le héros des Maitres de l’Univers. Une ressemblance qui devient frappante quand Hercule, comme Musclor, élève son épée vers le ciel pour attirer à lui la foudre. Et puis c’est quoi ce bronzage ? À le voir, la gueule cramoisie, souriant comme un benêt à sa princesse à moitié à poil au bord de l’eau, on imagine que la moitié du budget (qui s’élève à 70 millions) est passé dans l’achat d’auto-bronzant et de séances d’UV. Car il faut être pragmatique : ce ne sont pas les effets-spéciaux qui ont bénéficié de ce budget plutôt confortable. Sinon, on aurait eu droit à autre chose qu’à ce lion atroce aux faux airs de grosse peluche de fête foraine et à ces séquences de combats riches en ralentis tout droit sorties d’une cinématique Playstation 2. De quoi salement plomber le tableau.
Un acteur transparent, qui joue en plus comme un pied la plupart du temps, et des effets numériques bancals tirent La Légende d’Hercule vers les profondeurs. Les dialogues, ridicules eux aussi, mais bien drôles, portent le coup de grâce, en adéquation avec un montage parfaitement aux fraises. Heureusement, les décors ont quand même de la gueule et certains comédiens relèvent un peu le niveau, en dépit du désintérêt que semble leur porter Renny Harlin.
Résultat, Scott Adkins en fait joyeusement des caisses, et les autres s’agitent dans tous les sens sans pour autant parvenir à donner corps à une histoire qui prend de grandes libertés par rapport à la légende connue de tous.

Mais il y a matière à s’amuser devant cette nouvelle version des aventures d’Hercule. Renny Harlin est quoi qu’il en soit un type généreux. Clairement foireux, son long-métrage n’est pas ennuyeux pour autant, notamment grâce à ses bastons débiles et à ses répliques à la ramasse. Dommage que la violence soit mise en sourdine (le film vise un public large), et que cette vilaine 3D vienne souligner encore plus les effets numériques approximatifs, car ce navet est sympathique. Comme ces péplums italiens d’un autre âge qui assumaientt leur statut de série Z, sans grande prétention. Dans une certaine mesure, La Légende d’Hercule renoue avec ce cinéma-là. Un cinéma à part, destiné à un public bien particulier. Par contre, pour le grand film sur Hercule, il faudra encore patienter.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Metropolitan FilmExport

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