Alexandre Tharaud et la « catastrophe apprivoisée »

Publié le 21 mars 2014 par Bmgeneve

Les années folles, ce sont ces 11 années coincées entre 2 désastres : 1918, la fin de la Première guerre mondiale et de son effroyable boucherie, 1929, le krach boursier, l’effondrement économique et la misère qui s’ensuivirent. Les années folles, ce sont 11 ans de joie de vivre fiévreuse, trempée à l’impérieuse urgence de survie.

L’album d’Alexandre Tharaud est l’évocation de ces folles années et du mythique cabaret du Bœuf sur le toit qui a vu se croiser, et mieux encore se rencontrer,  tous les artistes parisiens des années 20. Jean Wiéner et Clément Doucet, dont le duo de pianos allait rapidement atteindre une renommée mondiale, en étaient l’âme et les piliers. Faire le bœuf est une expression qui vient de là, de cet endroit où par exemple un pianiste tout-terrain, un banjoïste noir américain fraîchement débarqué et un Jean Cocteau à la batterie inventaient ensemble et en direct, de ce côté-ci de l’Atlantique, cette « catastrophe apprivoisée » qu’on allait appeler le jazz.

Dans cet hommage, Alexandre Tharaud invite une bande d’amis à faire le bœuf avec lui : Frank Braley, Juliette, Bénabar, Madeleine Peyroud, Nathalie Dessay et d’autres. Et à ceux qui lui reprochent de jouer au 21ème siècle Couperin, Scarlatti et Rameau au piano, il offre une interprétation du Saint Louis blues au clavecin. Et toc !

Paul Kristof

THARAUD, Alexandre. Le bœuf sur le toit : swinging Paris (EMI Virgin, 2011)   Disponibilité


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