INCONTINENCE d'EFFORT: Quand la fuite survient sans besoin urinaire – L'Incontinence c'est quoi?

Publié le 24 mars 2014 par Santelog @santelog

Elle représente 50% des cas d’incontinence urinaire féminine. Elle peut survenir à l’effort modéré, quotidien comme la marche, le changement de position ou l’activité physique modérée. Sa caractéristique principale ? Elle survient sans besoin urinaire. Plus ou moins abondante, quelques gouttes suffisent pour aller consulter.

L’incontinence urinaire d’effort est ainsi caractérisée par une fuite involontaire d’urine, à la fois non précédée d’une sensation de besoin d’uriner et qui survient à l’occasion d’un effort.

C’est l’augmentation de la pression abdominale qui entraîne la pression vésicale sans transmission suffisante à l’urètre. La différence entre les pressions vésicale et urétrale se fait aux dépends de l’urètre qui ne parvient plus à retenir l’urine.

Fuite d’urine survenant lors de l’élévation de la pression abdominale à l’occasion d’un effort, si l’incontinence aux efforts violents et ponctuels est peu invalidante et reste accidentelle, sa survenue régulière à l’effort modéré doit amener le patient à consulter. Ainsi, ces fuites à l’effort modéré peuvent même être nocturnes, toujours sans notion de besoin, lors du changement de position dans le sommeil. On peut donc observer paradoxalement des fuites à l’effort pendant le sommeil.

Le type d’effort devra être apprécié, ainsi que son retentissement sur la pression abdominale, par le professionnel de santé.

En cause, les troubles de la statique pelvienne : L’incontinence urinaire d’effort est souvent le fait d’une faiblesse du plancher pelvien, avec une mobilité de l’urètre qui sort de sa cavité en raison d’une augmentation de la pression abdominale.

 -L’urètre perd alors sa capacité de rétention une fois hors de l’enceinte manométrique abdominale, d’où la fuite urinaire lors des efforts. Le relâchement du plancher pelvien favorisée par l’âge et la multiparité, favorise la mobilité de l’urètre, qui n’est plus maintenu.

 - Souvent sont associés des troubles de la statique pelvienne tels que,

 - les prolapsus qui sont des chutes d’organes au travers la fente urogénitale de la femme.

 - La vessie quand elle n’est plus maintenue dans sa position anatomique au dessus du plancher pelvien, bombe dans le vagin créant, c’est ce qu’on appelle une cystocèle.

 - Lorsque le rectum bombe au travers de la paroi postérieure du vagin et forme une hernie dans le vagin, on parle de rectocèle.

 -L’hystérocèle ou hystéroptose signifie la descente de l’utérus. On parle enfin d’urétroptose, lorsqu’il s’agit de l’urètre qui descend.

Chez la femme, le traumatisme obstétrical est souvent à l’origine de ce defect périnéal :

·   Ainsi les déchirures du périnée, les accouchements difficiles, les traumatismes du sphincter de l’anus sont autant de causes de troubles de la statique pelvienne et/ou d’incontinence.

·   Parfois cette incontinence peut être iatrogène à la suite d’une hystérectomie, voire d’une cure de prolapsus qui peut démasquer une incontinence.

·   Les modifications hormonales de la ménopause favorisent également une diminution des résistances de l’urètre et une incontinence.

Le mécanisme des fuites urinaires d’effort est expliqué par la théorie dite de «  l’enceinte de pression  ».

Lorsque l’urètre descend hors de son enceinte de pression, il n’est plus soumis à la pression abdominale. Ainsi lorsque la transmission de la pression venant de l’abdomen ne se répercute plus aussi bien sur l’urètre que sur la vessie, il y a une différence de pressions en faveur de la vessie.

C’est ce qu’on appelle le «  défaut de transmission  », il caractérise l’incontinence urinaire d’effort.

Quels types d’efforts ? Il s’agit le plus souvent de toux, de rires, d’éternuements, du port d’une charge, du passage à la position debout ou de toute autre activité physique plus ou moins importante. Cette incontinence est dite «  passive  » car elle résulte uniquement d’une baisse des résistances urétrales sans contraction vésicale. La fuite d’urine survient lorsque la pression abdominale s’élève au delà de la pression de clôture de l’urètre.

Le diagnostic est avant tout clinique et repose sur l’interrogatoire en premier lieu. Il faut préciser quels sont les efforts pouvant entraîner des fuites urinaires.

·   La manœuvre de Bonney consiste à maintenir l’urètre dans sa position anatomique à l’aide des doigts lors d’un toucher vaginal. Dans un premier temps on fait tousser la patiente en observant le méat urétral. S’il y a des fuites lors des efforts de toux, on fait la manœuvre de Bonney. Pour cela on soutient l’urètre sans le comprimer avec 2 doigts placés de part et d’autre de l’urètre au niveau du col vésical à 2 ou 3 cm du méat urétral. On renouvelle dans cette position les efforts de toux. Si les fuites disparaissent une fois l’urètre soutenu, on considère la manœuvre de Bonney comme positive.

·   Le bilan urodynamique (BUD) peut mettre en évidence un défaut de transmission entre la pression vésicale et urétrale lors des efforts (sphinctérométrie).

Ainsi, consulter, est indispensable en cas d’incontinence urinaire d’effort. C’est l’examen physique de référence qui va venir conforter l’enquête diagnostique initiée par l’interrogatoire. Il a pour but de mettre en évidence les fuites lors des efforts, d’évaluer la mobilité urétrale et les troubles de la statique pelvienne.

Incontinence urinaire : plus d’infos chez Sphère-Santé

Source/auteur: Dr Richard Matis, Gynécologue-obstétricien, Groupe Hospitalier de l’Institut Catholique de Lille (GHICL) et équipe de rédaction Santé log

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