Municipales: ces 9 vérités qu'ils ne veulent pas entendre

Publié le 25 mars 2014 par Juan

Les commentaires reprendront bientôt, dans quelques jours, après le second tour. Pour l'heure, il s'agissait de raconter ce que l'on pouvait comprendre du premier tour. Quelques vérités, ou interprétations subjectives, qui pouvaient décevoir partout, sauf au Front national.

Dimanche dernier, la République a perdu une première manche.


1. L'abstention a permis à quelques-uns de gagner dès le premier tour: 93 maires de communes de plus de 30 000 habitants ont gagné dimanche dernier. Sur la France entière, ces vainqueurs du premier tour sont plus de 7.000. Sur les 93, 77 avaient 3 adversaires ou plus. 72 des 93 sont des UMP/UDI.
2. L'ampleur de la défaite de la gauche, toutes composantes comprises, laisse présager un changement de majorité au Sénat dès l'automne prochain. Un tel changement rendra impossible certaines modifications constitutionnelles comme le droit de vote des étrangers.

3. François Hollande a été sanctionné car il ne conduit pas une politique de gauche. Pour preuve, personne n'ose aujourd'hui expliquer le recul des équipes municipales socialistes ou affiliées par (1) un échec de l'action locale, (2) une désaffection de l'électorat centriste. Non, la défaite est celle du gouvernement. Elle ne signifie pas un basculement à gauche pour autant. On le verra plus tard, ci-dessous. Il paraît qu'à l'Elysée, Hollande a été "surpris". C'est confirmé, ce Palais est une bulle, une tour d'ivoire ou de plomb.
4. Le Front national a gagné. Médiatiquement, les commentaires l'ont porté au-delà de ses espérances. Electoralement, il a franchi des sommets dans quelques communes significatives (plus de 30% des suffrages). Cet "effet de crête", sous-estimé à gauche, a un effet psychologique évident. Le FN était présent dans 597 communes pour ce premier tour. Le Front de gauche dans plus de 600. Le premier a brillamment remporté le premier tour de scrutin en arrivant en tête dans 12 communes de plus de 1000 habitants avec des scores élevés, et en situation de maintien au second dans 229 communes pour le second tour. Le second a échoué à faire de même.
5.  Le Front de Gauche a raté son tour. Les mauvais perdants accuseront les médias, la gauche de gouvernement ou on-ne-sait-quel argument exogène. Il faudrait pourtant s'interroger sur la stratégie elle-même de ce mouvement. Le Front de gauche (ou dans sa version restreinte sans PCF autour du PG de Jean-Luc Mélenchon), quand il fait bande à part, n'existe que peu ou pas: 11% à Clermont-Ferrand, 5% à Paris, 7% à Marseille, 5%, à Toulouse, 7% à Montpellier, 4% à Saint-Étienne.
"Les listes indépendantes – qu’elles comprennent l’ensemble du Front de gauche ou simplement le Parti de Gauche et Ensemble – ne réussissent aucune démonstration électorale probante" (Regards)
Jean-Luc Mélenchon réfute pourtant tout échec. La méthode Coué réussit mal au leader du PG. "Le Front national gagne une ville au premier tour, Hénin Beaumont ? Nous en gagnons 67 au premier tour. A un cheveu près, nous passions le suivant, René Revol, dirigeant national du PG, qui a réuni 49,97% des suffrages à Grabels, face à tout les autres, PS inclus !"
6. EElv s'en est bien sorti. Quand ils ont fait liste séparée des socialistes, les écologistes ont réalisé de jolis scores alors qu'ils étaient marqués du "fer rouge" de leur participation au gouvernement.  L'alliance avec le PG à Grenoble, exceptionnelle, semble porteuse d'une majorité alternative pour certains. L'alliance EELV/PG à Grenoble est une expérience isolée (par son ampleur), mais réussie: "avec 29,41 % des voix, la liste d’Eric Piolle (EELV-PG-Ensemble) devance la liste PS/PCF de Jérôme Safar qui a recueilli 25,31% des suffrages." On
7. La République se vide de l'intérieur. L'abstention, près de 39% dimanche dernier, a ses raisons. On l'attribue, avec raison, à la désaffection d'une partie de l'électorat de gauche, voire à un "déni" (l'expression est du Monde dans son éditorial du 24 mars): l'élection la plus locale, la plus proche, n'intéresse même plus.
8. Le vote Front national n'a aucun sens: le parti mariniste déploie sa différence politique sur des sujets sans grand rapport avec les compétences municipales: sortie de l'euro, fermeture des frontières, et préférence nationale. A l'inverse, les électeurs vivront très vite ce que veut dire la xénophobie municipale.
9.  L'UMP a gagné par défaut. Le contexte local a sauvé Jean-Claude Gaudin (à Marseille). Le contexte national et une division locale a favorisé Nathalie Kosciusko-Morizet (à Paris). Dimanche soir, Jean-François Copé a joué avec le feu, refusant le Front républicain. Le lendemain sur Canal+, le jeune terrifiant Guillaume Peltier, ex-frontiste et partisan de la Droite Forte, a mis PS et FN sur un même niveau: "Je rejette, à égalité, le Parti socialiste qui abîme tant la France et le Front national qui ne propose aucune solution crédible". 
Quand la droite républicaine ne l'est plus, que reste-t-il en France ? 

Comprendre le score historique du FN en 3... par lemondefr