Coup de Torchon

Publié le 29 mars 2014 par Olivier Walmacq

genre: drame, polar
année: 1981
durée: 2h10

l'histoire: Lucien Cordier, unique policier d'une petite bourgade africaine, est un etre faible. Sa femme le trompe, les proxenetes le provoquent ouvertement, le representant de l'ordre est la risee du village. Rabroue par son superieur, Lucien entre dans une folie meurtriere.                  

La critique d'Alice In Oliver:

A l'origine, Coup de Torchon, réalisé par Bertrand Tavernier en 1981, est l'adaptation du numéro 1000 de La Série Noire, 1275 Âmes de Jim Thompson. L'air de rien, Bertrand Tavernier a signé plusieurs classiques du cinéma français, entre autres, Le Juge et l'Assassin, Capitaine Conan, Que la fête commence... ou encore L'Horloger de Saint-Paul, pour ne citer que ces exemples. 
Vient également s'ajouter Coup de Torchon. D'ailleurs, les fans du cinéaste le considèrent souvent comme le ou l'un des meilleurs films de Bertrand Tavernier.

Pour l'anecdote, le film sera nommé aux Césars du cinéma en 1982 dans neuf catégories (je ne vais pas les citer), mais ne remportera aucune récompense. Au niveau de la distribution, Coup de Torchon réunit Philippe Noiret, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Marielle, Stéphane Audran, Guy Marchand, Eddy Mitchell, Irène Skobline, Michel Beaume et Gérard Hernandez.
Attention, SPOILERS ! 1938. En Afrique Occidentale française. Lucien Cordier (Philippe Noiret) est l'unique policier d'une petite ville coloniale. Méprisé de tous pour sa lâcheté et sa veulerie, il est l'objet de moqueries et de railleries.

Lorsque son officier supérieur (Guy Marchand) lui fait prendre conscience de sa médiocrité, il va peu à peu se transformer en impitoyable assassin et se débarrasser de tous ses tourmenteurs, femme et maîtresse comprises par un jeu diabolique qui consiste à faire accuser d'autres que lui avant de les éliminer jusqu'à ce qu'il reste seul. L’action du roman de Jim Thompson, qui se déroulait dans le Sud des États-Unis des années 40, a été transposée dans l’Afrique coloniale d’avant-guerre.
Pour Bertrand Tavernier, c'est aussi l'occasion de brosser le portrait peu reluisant d'une France coloniale et raciste.

C'est d'ailleurs ce qui choque à la première vision de Coup de Torchon, à savoir cette dichotomie entre le ton en apparence très léger du film, et son sujet très sérieux, sur fond de vengeance. Il suffit de prendre l'introduction du film pour s'en convaincre, avec cet anti-héros, donc Lucien Cordier qui, dans un moment de solitude, regarde des enfants affamés.
Quant à Philippe Noiret, l'acteur trouve ici un personnage en "or" (façon de parler). En effet, celui-ci incarne un personnage lâche, une sorte de "loser" en puissance, méprisé unanimement par les nombreux protagonistes qui l'entourent.

Pourtant, un jour, Lucien décide de prendre les armes et d'exécuter froidement deux maquereaux. Encore une fois, le ton est souvent ironique voire pittoresque. Pourtant, derrière cette façade souvent légère, se cache un climat parfois oppressant, à la limite de la noirceur d'un grand polar.
Mais avant tout, Coup de Torchon reste un drame terriblement humain avec sa galerie de beaufs racistes, de colonialistes français sur le retour et d'un peuple crevant la faim et oppressé par la dictature du moment. Ce qui contraste avec la photographie (par ailleurs superbe et lumineuse) du film.
Certes, Philippe Noiret crève l'écran, mais attention à ne pas oublier les seconds rôles, entre autres, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Marielle, Stéphane Audran et Guy Marchand, qui livrent eux aussi d'excellentes prestations. Bref, Coup de Torchon a bien mérité son statut de classique du cinéma français.

note: 17/20