Pourquoi ils ont tous perdu aux élections municipales

Publié le 31 mars 2014 par Juan

C'était une soirée comme les autres, plus triste que les autres. Un à un mais sans comprendre, nos responsables politiques défilaient sur les plateaux pour commenter la défaite ou l'insuccès de leurs voisins. Car, finalement, ce dimanche de second tour des élections municipales, on ne pouvait compter que des échecs.

Ayrault démissionné

Il ne s'agirait qu'une question d'heure. François Hollande a choisi la chaîne TF1, lundi 31 mars, veille de 1er avril, pour annoncer son successeur. Le scoop tombe dimanche soir sur Twitter, via Nathalie Schuck du Parisien. A la télévision, l'actuel premier ministre convient de l'échec: "ce soir est un moment de vérité. Je le dis sans détour : ce vote est une défaite pour le gouvernement et pour la majorité." La majorité ? Ayrault conclue son intervention, dimanche vers 22 heures, par une quinzaine de secondes de silence, face caméra.
Etrange.
Hollande est pressé, non pas par lui-même, mais par l'éditocratie et quelques politiques. Il faudrait renouvelé les hommes à défaut de changer de politique.
C'est un jeu institutionnel. Lundi soir, il est attendu sur TF1 pour délivrer son nouveau gouvernement, ou un message.
Suspense.

Le réflexe anti-FN a joué 

Le Front national n'a pas remporté le second tour des élections municipales. Passée la (mauvaise) surprise du premier tour, le parti mariniste a échoué à convaincre. Pire, il a mobilisé contre lui des abstentionnistes du second tour. Tous les proches de Marine Le Pen ont été battus un à un. Louis Aliot (Perpignan) Gilbert Collard (Saint-Gilles),  Florian Philippot (Forbach).
Marine Le Pen, quelque part vers 21h10 sur TF1, masque sa déception. Elle s'emballe: "nous allons démontré que nos candidats sont de bons maires."
Pourtant, le FN a progressé d'un tour à l'autre. A Perpignan, Louis Aliot améliore de 10 points son score. La vraie nouvelle est la victoire de l'inconnu Stéphane Ravier, un quadra qui présente bien qui remporte la mairie du 7ème arrondissement de Marseille - 40.000 habitants. A Béziers, Robert Ménard, soutenu par le FN, Debout la République et quelques autres souverainistes de droite, a gagné aisément le second tour. A Fréjus dans le Var (60 000 habirants), c'est David Rachline qui l'emporte. On ajoutera Villers-Cotterêts, Beaucaire, Hayange, le Pontet, Cogolin et le Luc.
C'est un succès pour le Front  national, mais pas une vague frontiste.

La gauche est-elle capable de comprendre ?

Le PS a connu pire. Il a compris qu'il avait perdu. A part ce constat d'évidence, quelle conséquences allait-il en tirer ? Plus à gauche ou plus à droite ?
Trois ministres socialistes ont été battus, la victoire de 2008 a été effacée. Le parti présidentiel sauve quelques meubles : Strasbourg, Lyon, Avignon et bien sûr Paris. Dans la capitale, quelques membres de
Dimanche soir, Ségolène Royal demandait une réponse politique. "Les classes moyennes ont été mises à rude contribution. Les impôts, c'est le degré zéro de la politique."
La raclée pour le PS reste réelle. A Marseille, la raclée est totale. Mme Carlotti, est défaite dans son arrondissement. Sur TF1, l'inamovible Gilles Bouleau devine sa future démission du gouvernement.
A Grenoble, l'écologiste Eric Piolle emporte la mairie avec le Parti de Gauche, contre un socialiste local désavoué par les instances nationales mais obstiné. Jean-Luc Mélenchon, qui un temps pensait boycotter les plateaux ce dimanche soir, est calme et posé sur TF1.

La vague bleue ?

Où ça ? Statistiquement, l'alliance UMP/UDI/Modem a gagné: "Aujourd'hui, il est clair que l'UMP va remporter plus de la moitié des villes de plus de 9.000 habitants" commente Copé. La droite échoue à Paris, gravement. Elle l'emporte à Marseille, 
Sur tous les plateaux, Jean-François Copé répète son crédo: "avec le ni-ni, nous avons bien fait." L'homme assume son hostilité au Front républicain. Ce serait la martingale contre le FN. Les autres ténors répètent les éléments de langage bien connus: ce serait la défaite "personnelle" de François Hollande. Pour eux, il s'agit de ne pas disqualifier la politique mais simplement l'homme. Ils n'ont rien compris.
A Pau, François Bayrou est enfin président... enfin, maire. Elu sur son nom propre, avec une large victoire, 55 bureaux de vote sur 55. A la télévision, il exulte.
L'abstention, pire vainqueur
Plus de 40% des électeurs ne se sont pas déplacés. Chaque scrutin dépasse les records précédents. Ni vague bleue, ni vague bleu marine, ni sursaut à gauche. Si l'on ajoute les adultes non inscrits, c'est près d'un Français sur six qui s'est désintéressés de ce scrutin.
En cherchant, on trouvait quelques belles surprises. Cette mobilisation réussie des habitants de Saillans, dans la Drôme, pour virer démocratiquement le maire sortant, en est une, très éloignée des appareils politiques nationaux, ou de la racaille frontiste.