Hollande a enfin franchi le rubicond

Publié le 01 avril 2014 par Nicolas007bis


Les municipales ont été l’occasion pour le PS de se prendre une rouste historique.

Même si on la considère méritée, on peut regretter que l’élection municipale n’ait été qu’un vote défouloir pour contester la gestion du pays. Il n’est pas bon pour la démocratie d’en perturber le rythme est d’en dévoyer les échéances.

On comprend la rancœur des maires socialistes battus qui pour certains d’entre eux n’avaient pourtant pas démérité et qui se trouvent blackboulés parce que leurs ex électeurs ont voulu sanctionner le chef de l’Etat et son gouvernement.

On le savait depuis quelques temps déjà, mais ce qu’ont, avant tout, montré, sinon confirmé ces élections, c’est que François Hollande a définitivement perdu le soutien de l’électorat traditionnel de la Gauche. Les uns se sont tournés vers le Front National, d’autres se sont abstenus et d’autres encore ont même voté pour le candidat de la Droite.

C’était inévitable, l’arrivée de la Gauche au pouvoir, dans un tel contexte ne pouvait-être qu’un échec. La faute du PS a été d’avoir trop longtemps nié les réalités économiques. Lorsque la prise de conscience a eu lieu, largement grâce à François Hollande, il faut le reconnaitre, il était trop tard. Trop tard pour expliquer les contraintes auxquelles la France est confrontée à des gens, auxquels, pendant des décennies, ont a fait croire que tout était simple, qu’il suffisait de le vouloir pour concilier rigueur économique, justice sociale, hausse du pouvoir d’achat, SMIC à 2 000 euros, logements abondants et pas chers, solidarité débridée, services publics pléthoriques, plein emploi et tout cela sans effort, dans la joie et la bonne humeur.

Bon, la dure réalité à rattrapé tout le monde et la déception ne pouvait qu’être au bout du chemin, d’un court chemin.

François Hollande ne récolte que ce qu’il a contribué à semer en tant que premier Secrétaire Général du PS, puis ensuite comme candidat même s’il n’était pas le pire en la matière.

Le seul moyen qu’il aurait eu de limiter les dégâts, c’eut été de définir d’entrée une stratégie claire et forte qu’il aurait imposée sans perdre de temps et en faisant preuve d’une exceptionnelle pédagogie afin de faire comprendre à ses électeurs, d’une part que la situation justifiait quelques entorses à la doctrine socialistes et d’autre part que les résultats ne seraient pas visibles immédiatement.

Or il a fait tout le contraire. Après les premiers errements du Gouvernement dont on se rappelle qu’il était à deux doigts d’amener la direction de Peugeot devant un peloton d’exécution, François Hollande a clairement changé de cap pour, au moins sur le papier, prendre de bonnes orientations. Plus question de traiter des chefs d’entreprise de parasites doublés d’exploiteurs ni de continuer à engraisser un Etat boursouflé.

Le problème c’est que ce changement de cap n’a pas été correctement expliqué. Explication pas forcément indispensable pour tous ceux pour lesquels tout cela était évident, mais qui a manqué cruellement à ceux qui croyaient de telles mesures réservées aux valets du grand capital et de la finance débridée.

Par-dessus le marché, et dans la foulée de la campagne électorale, on a laissé croire que les effets des mesures prises allaient être visibles quasi immédiatement, ce qui ne pouvait qu’entrainer déceptions et incompréhension. Pas surprenant dans ce contexte que la première occasion pour les ex électeurs de gauche de montrer leur colère ait été empoignée avec vigueur.

Pour autant il ne faut surtout pas qu’Hollande en tire des conclusions hâtives.

De toute façon, il se retrouve dans un corner, il est coincé.

Sauf à se renier complètement et à mener le pays à la catastrophe, il ne pourra pas récupérer son bon peuple de gauche.

S’il écoute le discours que tiennent les ex maires socialistes, certains ténors socialistes comme Benoit Hamon, le Front de Gauche et même une partie des Verts, le message est clair, il faut qu’il change de politique. Exit la réduction des déficits, exit le Pacte de responsabilité, exit même la réduction des dépenses publiques.

Or, c’est tout le contraire de ce qu’il doit faire. Il doit aller plus vite et plus fort dans la voie sur laquelle il s’est engagé. Il doit s’engager ouvertement et résolument dans la voie du social-libéralisme et tant pis s’il fait fuir les quelques irréductibles qui n’ont pas encore désertés les rangs des sympathisants socialistes.

En choisissant Valls, social libéral de longue date, celui que Mélenchon qualifie de « plus grand commun diviseur de la gauche », François Hollande a définitivement franchi le rubicond. Il ne reviendra pas en arrière quitte à s’éloigner à toute allure de ceux qui l’ont élu.

Même s'il était de toute façon trop tard pour les garder, il faut lui reconnaitre un certain courage et une belle lucidité pour avoir compris que seuls des résultats significatifs pourront les ramener à lui.