Max | Armada

Publié le 03 avril 2014 par Aragon

Sur la côte Atlantique des soldats vêtus de feldgrau surveillèrent l'océan dans des casemates de béton armé (ça va de soi pour des soldats) à présent jetées au bas d'une falaise mangée par des vagues gloutonnes grossies par suroîts ou noroîts, inimaginables forces conjointes des marées et des vents disloquant sans compter constructions et terres des hommes trop proches de ces bouches insatiablement affamées. L'océan, les vagues et les vents sont seuls maîtres de la Terre et des hommes. Sont presque seuls maîtres à bord...

Bientôt, dans quelques jours : soixante-dix ans... Ces soldats affolés virent en Normandie arriver en juin - le six - de l'an de disgrâce mille neuf cent quarante-quatre, l'invincible Armada alliée apportant par les flots le tonnerre et l'acier, pluie de feu, éclairs, en si grand nombre et si grande fureur qu'ils furent anéantis avant même d'avoir tous été durablement épouvantés.

Neptune, Éole et tous leurs infinis servants de la mer et des cieux avaient permis ce jour-là ce que jadis ils n'accordèrent pas à une autre Armada toute aussi invincible, celle de Philippe - le deuxième - roi de toutes les Espagnes, d'Amériques, de Hollande et d'ailleurs, dispersant coeur des flots atlantiques des navires si fiers avec leurs équipages, tout le feu et l'acier qu'ils portaient en entrailles, destinés à réduire le royaume d'Albion.

L'histoire est bien étrange de permettre aux uns ce qu'elle refuse aux autres, accordant une mort en refusant une autre.