Agilité et expertise ...optimiste !

Publié le 05 avril 2014 par Stephanebigeard

Et si nous faisions des rétrospectives optimistes ?
Voilà un article qui me fait particulièrement plaisir car il est posté par Alexandre Boutin sur son site Agilex , un "Pape" de l'agilité que j'ai rencontré il y a quelques semaines.
Il explique comment il a testé la culture des points forts...
Merci Alexandre !!!


J’ai l’habitude de dire que la rétrospective est l’une des réunions les plus difficiles à bien mener dans un déroulement de projet Agile.
En effet, c’est un moment délicat où l’équipe peut mettre sur la table des sujets difficiles dont le traitement peut révéler certaines insuffisances collectives ou personnelles, donc généralement, des choses que nous n’aimons pas faire.
Depuis 9 ans que je pratique l’agilité, j’ai constaté que durant les rétrospectives, et bien que l’équipe identifie des points forts et des points faibles, les discussions portaient à 95% sur les points faibles.
Cette situation me semblait normale et pleine de bon sens car je pensais qu’il était naturel de corriger ce qui ne fonctionne pas pour s’améliorer et il semblerait que cette façon de penser soit liée à notre culture Française issue de la religion catholique (je reviendrais plus loin sur ce point).
Dernièrement j’ai été confronté à 3 situations qui m’ont fait évoluer dans ma réflexion :
- Une bonne initiative d’un Scrum Master que j’apprécie
- Une rencontre impactante
- Deux essais personnels concluants
Voici ce qui s’est passé

La Bonne Initiative
Lors d’une visite chez un client, un Scrum Master m’a demandé de venir donner mon avis sur ce qu’il avait mis en place lors de la dernière rétrospective et dont il était content du résultat.
Plutôt que de dérouler « classiquement » la 15ème rétrospective sur ce projet, et comme l’équipe avait vécu un moment difficile, il a sorti les LEGO puis demandé à chaque membre de l’équipe de construire un petit objet qu’il devait offrir à un autre membre de l’équipe comme un trophée pour le sprint qui venait de se finir.
Cette rétrospective a résolument été orientée vers les points forts des acteurs avec de la reconnaissance du travail de chacun et l’échange autour de ces points forts.
Le Scrum Master m’a dit que tout le monde avait apprécié de construire un objet (surement notre coté « kinesthésie » que nous utilisons peu) et que la remise du trophée avait généré beaucoup d’énergie positive au sein de l’équipe, ce qui avait contribué à l’amélioration de la situation.

Une Rencontre Impactante
La même semaine, j’avais ma journée mensuelle de formation GERME (Groupe d’Entrainement et de Réflexion au Management d’Entreprise) – c’est moi qui me forme et non l’inverse – et le sujet était la valorisation des points forts.
Durant toute cette journée j’ai écouté avec délectation Stéphane Bigeard, auteur du blog www.point-fort.com, nous parler de l’importance de se focaliser sur les points forts des individus pour qu’ils soient encore plus performants.
Stéphane a longtemps travaillé dans le sport, que ce soit auprès de la Fédération Française de Golf ou auprès du club de foot de Lens.
Pour le tennis, il regarde avec désolation les jeunes joueurs qui sont très bons jeunes et qui ne parviennent pas a éclore au plus haut niveau car lorsqu’ils passent dans les mains des entraineurs de la fédération, ceux-ci ne cherchent plus qu’à corriger leurs défauts au lieu de les inciter à s’appuyer sur leurs points forts.
Et lorsque les joueurs sont en état de stress (pression, enjeu …) et qu’ils déjouent un peu, ils ne sont plus capables de revenir à ce qu’ils savaient très bien faire naturellement … et patatras, tout s’écroule.
Une phrase que j’aime citée par Stéphane : « Ce que je regarde se développe … attention a ne pas regarder uniquement vos problèmes »
Si vous avez l’occasion de croiser Stéphane … courrez-y !!!

Deux Essais Personnels Concluants
Fort de ma rencontre avec Stéphane, j’ai mis en œuvre ses recommandations lors de la lecture du bulletin scolaire d’une de mes filles.
J’ai donc commencé par regarder les bonnes notes de son bulletin et, matière par matière, je l’ai d’abord félicité pour sa note (il ne faut jamais féliciter globalement, cela n’a pas de sens) et je lui ai demandé si elle savait comment elle avait obtenu une si bonne note pour qu’elle prenne conscience de la démarche qui lui avait fait avoir de bonne note.
Ensuite sur les notes moins bonnes, nous avons discuté pour savoir si elle arrivait à mettre en œuvre, ou pas, certaines de ses façons de travailler qui génèrent des bonnes notes.
Cette approche a généré une énorme dose d’énergie positive alors que généralement la lecture du bulletin génère un peu de tension.
Lors de la rétrospective d’un projet que j’accompagne, j’ai proposé que chaque équipier écrive sur un postIT un remerciement à un autre équipier.
Il y avait 8 personnes dans la salle et nous avons collecté une trentaine de messages positifs.
Il y en avait entre équipiers, des équipiers vers les PO, des PO vers les équipiers, des équipiers vers le Scrum Master … bref dans tous les sens … en même 2 remerciements pour le coach Agile, c’est à dire moi même.
J’ai alors décidé d’arrêter la rétrospective sur ce partage de remerciements en faisant bien noter à l’équipe tous ces points forts (pour aider à la prise de conscience) et en leur disant de s’en rappeler le jour ou le projet affrontera quelques difficultés … ce qui arrive parfois.
Culture Catholique
D’après Stéphane, la propension des Français à regarder et à vouloir corriger les points faibles vient notamment, du fait de notre culture catholique qui promeut la confession des péchés. Même si la religion catholique est moins présente qu’auparavant, nous restons encore dans cette culture qui nous apprend qu’il est important d’identifier nos péchés, donc ce qui s’est mal passé, pour les confesser, se repentir et être pardonner.
Il faut donc identifier nos points faibles pour les corriger afin d’être meilleur … cela peut également s’appeler de l’autoflagellation
Merci pour ce magnifique témoignage !
Allez au plaisir de vous lire ...