La Canopée : un déluge de fer, pour quoi faire ?

Publié le 05 avril 2014 par Delanopolis
Elisabeth Bourguinat, ex présidente de l'association Accomplir rappelle aux Parisiens un scandale qu'Hidalgo a réussi à occulter pendant toute la campagne pour les élections municipales : le dossier des Halles et en particulier la monstrueuse Canopée qui va défigurer le centre de Paris. Puisqu'elle s'est présentée sous la bannière EELV dans le premier arrondissement nous espérons qu'elle parviendra à convaincre ses camarades, désormais indispensables à la majorité municipale, de voter contre les futures délibérations que la dérive de ce projet va inéluctablement appeler. " Pendant la campagne des municipales, Anne Hidalgo a évité d’évoquer le projet des Halles et même de venir faire campagne sur le marché du quartier, tellement ce dossier est polémique. Maintenant que les élections sont passées, elle va s’efforcer de convaincre qu’il s’agit d’un magnifique projet. Mais si la réalisation de la Canopée représente une prouesse technique, celle-ci ne saurait faire oublier les grandes faiblesses du projet.


1) La partie centrale du toit bouche un puits de lumière naturelle

Dans sa version initiale, telle que présentée au concours de 2007, la partie centrale du toit devait être d’une seule pièce, légère et transparente. Les pompiers de la Préfecture de police ont exigé que 50 % du toit soit à l’air libre pour permettre le désenfumage du « cratère » central en cas de sinistre. Plutôt que d’évider la partie située au-dessus du cratère, l’architecte a choisi de découper le toit en ventelles, de les tuiler et de les vriller au-dessus du cratère, ce qui a considérablement accru le volume des structures métalliques nécessaires (7 000 tonnes au total, l’équivalent de la structure de la tour Eiffel) et fait craindre une invasion de pigeons. De plus, il a remplacé le verre transparent qui était prévu par du verre translucide jaune, ce qui réduit encore l’éclairage naturel. Que reste-t-il de la prouesse technique quand elle aboutit à un résultat aussi peu fonctionnel ?


2) L’auditorium, équipement phare dans le projet de 2007, a disparu


Le projet architectural présenté au concours de 2007 s’articulait autour d’un grand auditorium situé au rez-de-chaussée à l’angle Lescot et Berger, destiné à être mutualisé entre les différents équipements de la Canopée. Cet auditorium a été victime du rapport de force inégal entre la Ville et Unibail : le promoteur a exigé de récupérer l’ensemble du rez-de-chaussée pour y installer des commerces. Le Conservatoire, destiné à accueillir 1900 élèves, sera le seul à Paris à ne pas avoir d’auditorium. Les parents d’élèves réclament qu’en compensation, le grand auditorium du Forum des Images soit mis à la disposition du Conservatoire. Anne Hidalgo peut-elle prendre des engagements en ce sens ?


3) Que se passera-t-il sur l’espace public abrité par le toit ?


On peut craindre qu’un espace aussi vaste, abrité des intempéries et ouvert jour et nuit, soit propice à l’organisation de divers trafics. La police annonce qu’elle n’aura pas beaucoup d’effectifs à y consacrer et il est d’ores et déjà prévu que les niveaux inférieurs du cratère seront surveillés par les vigiles du centre commercial, alors qu’il s’agit d’espaces publics. Les ingrédients semblent réunis pour que la réputation d’insécurité des Halles reparte de plus belle. Quelles mesures Anne Hidalgo prévoit-elle pour assurer la sécurité sous le toit de la Canopée ?"

Elisabeth Bourguinat