Un poisson nommé «laïc et apostolique»

09 avril 2014 | Par Jean-Paul Bourgès

J’en ai plus qu’assez de l’hypocrisie dans laquelle nous pataugeons.
Un grand nombre de Français n’en est-elle pas restée à Poitiers, en 732, lorsque Charles MARTEL stoppa l’avancée vers le nord des Arabes qui, en cent ans, avaient conquis le Maghreb, la péninsule ibérique et, ayant franchi les Pyrénées, remontaient progressivement vers le cœur du Royaume des Francs ?
Avec l’arrivée de membres du FN à la tête de villes d’importance significative comme Béziers, Fréjus ou Hénin-Beaumont, reviennent au premier plan des déclarations d’hostillité au fait de tenir compte de l’interdit qui touche la viande de porc pour la composante musulmane dans les enfants scolarisés dans les écoles publiques et mangeant à la cantine.
J’ai fait toute ma scolarité, primaire, secondaire et supérieure dans des établissements publics d’un pays ayant fait le choix de la laïcité … mais, sans que je sache pourquoi, c’est toujours le vendredi qu’il y avait du poisson. Y voir un lien avec le fait que le Christ fut crucifié un vendredi et que, chaque vendredi, il est enjoint aux Chrétiens de faire maigre en ne mangeant pas de viande, serait une entorse grave et évidente à la laïcité … et, pourtant, c’est bien ce qui s’est longtemps, et probablement encore maintenant, pratiqué.
Et si, par laïcité, on entendait respect de toutes les croyances sans prendre le parti d’aucune d’entre elles ?
Du poisson le mardi, ou tout autre jour, est-ce que ça n’a pas la même qualité diététiquediététique que le vendredi ? Alors si l’on continue de servir du poisson le vendredi, pourquoi dans les cantines qui fonctionnent en self, avec plusieurs plats principaux possibles, n’y aurait-il pas systématiquement un plat sans porc … et, tant qu’à faire, véritablement halal … à côté d’un plat végétarien et du bœuf bourguignon ou du rôti de porc et, le plus souvent possible, d’un bon plat de poisson ?
Que cela fasse partie des premiers sujets abordés par Robert MÉNARD, sitôt élu maire de Béziers, montre bien le côté « fous dangereux » de ces individus qui ont été élus maires. Rien n’était plus urgent !
Ils ne sont pas des militants de la laïcité, ils sont des croisés contre l’Islam … ce qui n’a strictement rien à voir. Il faut absolument sauver la vraie laïcité qui est le ciment du « vivre ensemble ».
Même si ça semble ne pas avoir de rapport, j’ai choisi d’illustrer ce billet par une photo, prise mardi après-midi, de fleurs sortant du bois sombre et d’apparence sèche de l’arbre de Judée que j’ai planté il y a vingt deux ans dans mon jardin. Il serait bien que nous osions refleurir, nous aussi, en repartant du tronc un peu trop sec de nos convictions.