Divergente

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Divergent

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Neil Burger
Distribution : Shailene Woodley, Theo James, Kate Winslet, Zoë Kravitz, Ansel Elgort, Miler Teller, Jai Courtney Maggie Q, Ray Stevenson, Ashley Judd, Tony Goldwyn…
Genre : Action/Thriller/Adaptation
Date de sortie : 9 avril 2014

Le Pitch :
La guerre a ravagé le monde. Dans ce qui fut autrefois Chicago, les survivants se sont organisés en factions depuis une centaine d’années. Les Sincères disent la vérité, les Altruistes aident les autres, les Fraternels cultivent la terre, les Érudits étudient et les Audacieux font respecter l’ordre et maintiennent la paix. À 16 ans, Beatrice, issue d’une famille d’Altruistes, doit passer le test qui déterminera quelle caste lui conviendrait le mieux, afin de l’aider à choisir dans quelle voie elle souhaite se diriger. Le problème, c’est que Beatrice est une Divergente, ce qui signifie qu’elle est tout à la fois. Dans ce monde régit par la loi des factions, les Divergents sont condamnés à mort. Afin de sauver sa peau, Beatrice choisit alors de rejoindre les Audacieux. Son apprentissage, long et douloureux, ne sera rien en comparaison de la difficulté de cacher à ses pairs sa véritable condition…

La Critique :
Et c’est reparti pour un tour ! Il suffit qu’un truc marche pour que tout un tas d’opportunistes se faufile dans une brèche qui ressemble aujourd’hui à un boulevard. Harry Potter a plus ou moins ouvert la voie, puis sont venus Twilight et Hunger Games. Maintenant, c’est la moindre saga littéraire adolescente qui est adaptée en film, histoire de tenter de décrocher le jackpot.
Pourtant, Divergente n’arrive pas dans une configuration facile. Avant lui, d’autres ont essayé. Les Sublimes Créatures, Âmes Vagabondes et The Mortal Instruments notamment, qui n’ont pas fait d’étincelles au box-office (surtout le premier). Mais ce n’est pas grave. Ceux qui ont lancé Hunger Games et Twilight croient dur comme fer en leur nouvelle bête de foire. Après tout, les bouquins de Veronica Roth se sont vendus comme des petits pains et il n’y a aucune raison que les spectateurs, qu’ils soient fans du livre ou néophytes, ne convergent pas vers les salles obscures pour hisser Divergente au sommet de la chaine alimentaire des blockbusters. Et cela même si le film en lui-même est loin de péter le feu…

Divergente est comme Hunger Games, à savoir une dystopie. Dans le futur, tout va mal et les classes sociales sont plus que jamais séparées par un fossé à la taille croissante. Dans le lot, une jeune fille intrépide se détache de la masse et menace un équilibre contrôlé par les plus favorisés. C’est ainsi que les choses se passent dans les deux films. Exactement de la même façon. Et peu importe si ensuite, les histoires varient car au fond, la salade a le même goût.
À l’instar d’Hunger Games, Divergente propose une dystopie qui est au cinéma (ou à la fiction en général), ce que le Big Mac est à la gastronomie. Il ne va pas chercher midi à quatorze heures, annonce clairement ses intentions, se donne de grands airs, et n’a pas spécialement bon goût. Il se laisse manger mais ne comble pas la faim. Précédé d’une certaine réputation, illustré à grand renfort d’une promo bling-bling, le produit est en réalité, beaucoup moins fringuant. Observation valable pour le Big Mac et pour Divergente. Et comme le Big Mac (celui que vous trouvez chez McDo, pas celui super épais de la pub), Divergente ne brille pas par son apparence clinquante.
Ce qui nous ramène à Hunger Games. La comparaison est là encore facile. Bien que plus sobre, l’univers de Divergente ne propose rien de stimulant. Tout y est fade et caractérisé par un mauvais goût plombant. Un mauvais goût qui contamine même les personnages, lookés à l’arrache, quand ils ne portent carrément pas des noms à coucher dehors. Le premier rôle masculin s’appelle Quatre ! L’héroïne, quant à elle, se prénom Tris… Quatre et Tris… Pas la peine de continuer à tirer sur l’ambulance.
Plombé par sa volonté de coller de près à Hunger Games pour essayer d’en reproduire le succès commercial, Divergente ne tente même pas d’aborder d’autres thèmes. Ainsi, on a droit, une nouvelle fois à une métaphore du passage à l’âge adulte, de l’importance de s’affirmer et de s’accepter tel que l’on est. Tris est rebelle comme il faut, séduisante comme il faut, et un peu garçon manqué. Comme Katniss. De plus, au niveau de la réalisation, c’est un peu du pareil au même. Neil Burger s’emballe ou s’endort, n’arrivant jamais à vraiment exploiter les pauses pour épaissir la psychologie de ses personnages ou à dynamiter les séquences d’action, pourtant parfois étonnamment badass pour un produit calibré pour les adolescents. En multipliant les plans serrés sur les visages de ses acteurs, Burger (rappelez-vous l’analogie avec le Big Mac) prive son long-métrage d’une ampleur qui n’aurait fait que rendre les choses plus stimulantes.

Difficile de se laisser transporter par Divergente. Sans critiquer le bouquin (là n’est pas propos), il convient de souligner l’antipathie de certains personnages. La plupart à vrai dire. Prenez par exemple les fameux Audacieux. Leur rôle étant de défendre la société, on nous les montre tout le temps en train de courir, de se battre, ou plus généralement, de se comporter comme de gros crétins (qui se sentent obligés de tout le temps prendre le métro en marche au lieu de faire comme tout le monde). Les autres factions ne sont pas épargnées par la vision unilatérale d’un scénario bas du front qui se la joue philosophique. Les Fraternels ressemblent à des hippies, les Érudits sont monolithiques, les Altruistes feraient passer les Mormonts de Witness pour des fêtards, etc…
Programmé pour cartonner, Divergente n’est pas un produit des plus séduisants. Et le mot « produit » n’est pas choisi par hasard tant le film n’arrive jamais à masquer cet aspect des choses.

Cela dit, tout n’est pas à jeter. À commercer par une poignée de comédiens méritants, choisis parmi l’élite du cinéma indépendant américain. Shailene Woodley en tête, tout à fait en place et totalement investie, qui retrouve Miler Teller, son partenaire de l’excellent The Spectacular Now. Zoë Kravitz fait le job également, tandis que les vétérans, comme Ashley Judd, Ray Stevenson et bien entendu Kate Winslet, assurent les arrières sans trop forcer et sans avoir l’air de trop y croire. On ne les blâmera pas, contrairement au bourrin tête à claques Jai Courtney (vu dans Jack Reacher et dans Die Hard 5) qui continue de prouver à quel point il peut être insupportable…
Si Divergente est bien trop long, il est par contre appréciable de constater qu’il va plus loin que la simple introduction. Son histoire a un début et une fin et le long-métrage se suffit à lui-même.

Même tiraillé entre les côtés les plus obscurs de son histoire et un désir tenace d’arrondir au maximum les angles, le film de Neil Burger ne marque pas les mémoires. Il se laisse regarder. Jamais spectaculaire, il n’est pas non plus très palpitant et manque cruellement de personnalité. À la lisière entre l’anecdotique et le passable, Divergente tente de garder la tête hors de l’eau, en gardant le cap vers un deuxième volet attendu pour les années à venir, ne laissant aucun doute quant à ses intentions purement mercantiles, quand d’autres essayent au moins d’enjoliver un minimum… Alors, diverger ou converger ? À chacun de voir.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : SND

été une explosion. Donc j’ai arrêté l’école, j’ai travaillé dans un centre téléphonique dans l’est de la France et j’ai acheté l’écran, la visionneuse et tout ce qui me permettait de filmer. Ce n’était pas plus compliqué que ça « Just do it ».

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« J’essaie de faire passer le message dans les écoles de cinéma. Quand on me demande ‘Monsieur comment on fait pour devenir metteur en scène?’. Tu veux faire ou tu veux être? Fais des films, prends une caméra et vas-y. »

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Union Street: Malgré une filmographie irréprochable on a le sentiment que tu es un réalisateur assez rare, pourquoi?

Jean-Pierre Jeunet: Caro et moi on a commencé à 35 ans. Si aujourd’hui on peut commencer à 20, à l’époque c’était plus compliqué. On a galéré 10 ans avant de réaliser un premier long métrage. Personne ne voulait faire « Delicatessen », pareil pour « La cité des enfants perdus »; nous étions des extra-terrestres. On a ouvert une porte avec « Delicatessen » qui est en train de se refermer à nouveau. Le film était projeté récemment dans un festival qui s’appelait « Les films qu’on ne pourrait plus faire aujourd’hui » et c’est vrai. Je pense que c’est aussi vrai pour « Amélie ». C’est la période des comédies sociales, de préférence tournées au Luxembourg pour gagner plus d’argent et qui ne dépassent pas 10 millions d’euros… On est mal partis. C’est bien la seule fois ou je m’entends dire que je suis bien content de ne pas avoir 30 ans. C’était déjà dur pour nous, alors aujourd’hui je n’imagine pas. Le seul avantage de nos jours, c’est que tu peux réaliser des films avec une caméra vidéo comme le 5d, si t’as la bonne idée tu peux faire un film qui ne coute rien tandis qu’à l’époque la pellicule, le labo pour faire développer… Tout ça coutait cher. L’accès à la distribution se referme aujourd’hui…
Ensuite comme je l’ai dit j’écris mes films moi-même , ce qui prend du temps, avec la promotion dans le monde entier, etc… Je vois certains réalisateurs comme Ridley Scott réaliser un film par an, des films très compliqués, je ne sais pas comment il fait. Seulement je m’implique dans tout, je vois certains réalisateurs qui ne vont même pas au montage, ils sont déjà en train de préparer autre chose. Je ne peux pas faire ça, j’ai besoin d’être là à chaque seconde, ça ne m’amuserait pas de survoler, c’est une question de goût. Quand je bricole je vais moi-même chercher la petite vis. Ce qui est important c’est le bonheur de faire. Je m’en fous si ça me prend 5 ans pour réaliser un film, tant que je m’amuse. Je n’ai jamais ressenti le besoin de laisser une trace, ce qui est important c’est le bonheur de faire et qu’on ne m’emmerde pas.

Je suis comme lui (il montre une grande affiche de Gabin dans « Quai des brumes ») quand il dit « forte tête, forte tête » et bien c’est moi « forte tête ». J’ai envie de faire ce que je veux comme je veux. Et j’ai toujours réussi jusqu’à maintenant. à part « Alien Resurrection » peut-être comme c’est un film de commande, et encore je me suis bien débrouillé.

Union Street: Tu es un fan inconditionnel de Marcel Carné et du cinéma de papa, est-tu quand même émerveillé par le cinéma d’aujourd’hui ou penses-tu qu’il a perdu de sa superbe?

Jean-Pierre Jeunet: C’est une grande question que je me pose, les claques je pense que c’est quand on est jeune, parce qu’on découvre. Quand j’ai vu « Il était une fois dans l’ouest » je n’ai pas pu parler pendant 3 jours, c’était une claque immense. Pareil pour « Orange mécanique », je l’ai vu 14 fois en salle, j’y allais en boucle. À mon âge on n’a plus de claques comme ça! De temps en temps tu te dis « ça c’est un bon film » mais tu as toutes les références en tête, tu sais d’où ça vient et ce qui a inspiré le mec. Donc avoir des claques quand tu es plus âgé c’est très dur. Alors est-ce que c’est parce que les films sont moins intéressants ou parce que tu es un peu plus « blasé »? je ne sais pas. Peut-être un mélange des deux. Aujourd’hui je prends plus mon pied en revoyant les classiques, cet été j’ai revu la trilogie du « Parrain », aussi « Jean de Florette » et « Manon des Sources » qui sont des films français que j’adore… Et Carné et Prévert, toujours. Ce n’est pas forcément de la nostalgie c’est que je suis sûr d’avoir la qualité que je connais.

Union Street: Le dernier film qui t’a marqué c’est quoi?

Jean-Pierre Jeunet: Je ne vais pas être capable de t’en citer un. J’ai bien aimé « Drive » même si ce n’est pas à se mettre à genoux devant, « Dans la maison » de Ozon… Des coups de cœur mais ce ne sont pas des claques comme quand  tu as 17 ans. Alors qu’avec les séries si.  Quand tu es sûr d’avoir une série que tu aimes c’est un boulevard de plaisir. Comme « Breaking Bad », même si il y a toujours des épisodes un peu faibles, tu as des heures et des heures de bonheur… Il y a aujourd’hui plus de satisfaction avec les séries que les films eux-mêmes…

Union Street: D’ailleurs j’ai tes dvd de Breaking Bad à la maison… Tu as vu la fin?

Jean-Pierre Jeunet: Non ne m’en parle pas! Je ne veux pas savoir, je ne pirate pas moi monsieur.

Propos recueillis par: Dijor Smith

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