Un mariage de reve - 7,5/10

Par Aelezig

Un film de Stephen Elliott (2009 - Canada, UK) avec Jessica Biel, Ben Barnes, Kristin Scott-Thomas, Colin Firth, Kimberley Nixon, Katherine Parkinson, Chris Marshall, Charlotte Riley, Christian Brassington

Charme désuet et cruauté ordinaire.

L'histoire : Années 30. La famille Whittaker, des gentlemen farmers désargentés, mais vivant toujours dans le prestigieux château familial, s'apprêtent à accueillir le fils aîné, de retour de voyage... avec sa femme, Larita, fraîchement épousée, que personne ne connaît encore. Veronica Whittaker ne cache pas son amertume : on ne se marie pas comme ça, loin de sa famille, pire encore : avec une veuve, plus âgée, et Américaine de surcroît ! La rencontre est glaciale. Larita est trop belle, trop élégante, trop moderne... et elle va avoir les pires difficultés à se faire adopter par cette famille guindée, conservatrice, où des secrets douloureux encombrent le présent sans qu'on ne s'autorise à en parler.

Mon avis : Je m'attendais à une sorte de comédie romantique, version années 30. Ce n'est pas le cas. Les romances sont malmenées, les sourires amers et les haines tenaces. C'est une étonnante palette de sentiments, avec des personnages romanesques, des images sublimes, avec des petits cadrages courts et originaux régulièrement (reflet d'un visage dans une boule de billard par exemple) qui donnent au film une touche moins classique qu'il n'y paraît.

Ensorcelant et plein de charme :

Charme de l'Angleterre rurale, des paysages d'hiver magnifiques, nimbés de brouillards et de soleils couchants, le vieux château de famille absolument splendide, les intérieurs encore victoriens, sombres, fleuris, chaleureux...

Charme des costumes d'une époque brève, les Années Folles, où l'on oubliait une guerre horrible dans les bulles de Champagne, des danses exotiques, des artistes d'avant-garde, ignorant que dans peu de temps on replongerait dans l'enfer...

Charme de personnages entre deux époques, entre deux cultures, entre deux continents, la vieille Europe encore figée dans ses traditions et ses règles, coincée, aigrie, la jeune Amérique, joyeuse, des rêves plein la tête...

Charme de l'humour British, never complain never explain, noir, cynique, cruel, mais toujours accompagné d'une tasse de thé...

Charme des dialogues, piquants, cinglants... Ne riez pas, Jim ! - Oh pardon, Dieu m'en préserve... ou encore Vous êtes anglaise, vous savez faire semblant...

Charme des comédiens absolument parfaits... Kristin Scott Thomas, odieuse ; Colin Firth, exaspéré ; Jessica Biel, lumineuse ; Ben Barnes, puéril ; un mélange détonnant ! Mention spéciale à un second rôle (Chris Marshall), le maître d'hôtel, qui se doit d'être transparent, mais nous offre une galerie de mimiques drôlissimes, exprimant ses sentiments, bien éloignés de ceux que doit lui prêter sa patronne...

Charme de la musique, vive, alerte, guillerette, des refrains des années 30, qui souffle des paillettes sur l'atmosphère plombante du château... La plupart ont été écrites par Noel Coward, auteur de la pièce dont s'inspire le film. On notera cependant une surprenante version de Sex bomb, de Tom Jones, remixée sauce 30's !

C'est un drame qui se joue sous nos yeux, et pourtant on rit souvent... Magnifique ! La scène du tango, avec toute la symbolique qu'elle comporte, puis l'avant-dernière réplique (Je me fais une joie d'annoncer la nouvelle...) clôturent le film avec panache !

J'ai vraiment beaucoup beaucoup aimé !